Les élections européennes seront "l'occasion de prendre Macron sur deux fronts, en France et en Europe", a déclaré ce dimanche Marine Le Pen en lançant son parti dans la campagne avec une liste ralliée par deux anciens élus LR.
"Si Emmanuel Macron n'a pas la sagesse de changer la politique, s'il n'a pas la sagesse de se tourner à nouveau vers le peuple par une dissolution, pour en appeler au jugement démocratique, alors l'arbitrage démocratique devra venir des élections européennes", a estimé la présidente du Rassemblement national devant quelque 2.000 militants réunis à Paris.
"Il s'agira de battre Macron", confronté depuis plusieurs semaines à la crise des "gilets jaunes", que le RN soutient, a ajouté la finaliste de la présidentielle en 2017, en soulignant que le scrutin du 26 mai serait "comme la réplique de la présidentielle".
"Une rupture totale"
"Dans le contexte de la saine révolte des gilets jaunes, ces élections seront "l'occasion de dénouer la crise politique née de l'aveuglement, de l'intransigeance, du mépris de classe, de la spoliation fiscale et de la déconnexion humaine d'un président, dérangeant dans ses attitudes, inquiétant dans ses comportements, incompétent dans ses fonctions", a lancé la chef du RN pendant que ses militants reprenaient le slogan de campagne, "on arrive".
Elle a présenté les 12 premiers candidats de sa liste, "sur laquelle ont vocation à se retrouver tous les Français qui aspirent à un véritable changement, à une rupture totale avec cette politique anti-sociale et anti-nationale". "C'est à nous de décider qui rentre chez nous, qui y reste, et (...) qui est invité à repartir", a ajouté la responsable politique qui n'a pas dévié de sa ligne anti-immigration, pendant que des militants scandaient "on est chez nous".
La liste RN menée par Jordan Bardella
La jeune tête liste Jordan Bardella, 23 ans, sans prompteur et sur un ton offensif, s'en est pris aux "migrants qu'Emmanuel Macron et la commission européenne veulent imposer dans nos villes et nos villages", considérant que "c'est chez eux que ces migrants doivent être relocalisés mais pas chez nous". "Les Français doivent être prioritaires chez eux", a-t-il ajouté, pendant que des militants clamaient "Macron démission".
Il a souhaité la victoire le 26 mai pour que le ministre de l'Intérieur Christophe "Castaner ait les larmes aux yeux en voyant arriver les résultats" et que le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux "cherche ses mots sur les plateaux télés pour minimiser la raclée". "Nous avons quatre mois pour faire campagne, pour transformer cette révolte populaire en une révolution du bon sens", a-t-il poursuivi en référence aux "gilets jaunes", cette "éruption du peuple dans le débat public".
Une forte ligne anti-immigration
L'ancien ministre LR Thierry Mariani, qui a rallié la liste du RN à la 3e place, a estimé que la commission européenne était présidée par "un ivrogne notoire, Jean-Paul Juncker, (qui) incarne à la perfection le bâteau ivre" et qu'il "faudra arracher la barre du navire pour l'obliger à se mettre au service des peuples". Pour ce fervent défenseur de la Russie, "la principale menace ne vient plus de l'est" mais de "l'islamisation" et de "l'immigration" avec lesquelles "le continent risque de devenir la nouvelle Atlantide".
En deuxième position de la liste figure une nouvelle venue, Hélène Laporte, analyste bancaire et membre du bureau national (direction élargie). Christiane Delannay-Clara, originaire de la Guadeloupe, qui a travaillé avec le maire socialiste de Créteil (Val-de-Marne) Laurent Cathala, occupe la 12e position.