Le maréchal Hafter va-t-il agir pour sauver la capitale de la violence?
Mahmoud Mohammadi
Les troubles ont repris en Libye ces derniers jours. La capitale libyenne, Tripoli, s’est réveillée mardi matin sur l’attentat-suicide contre le siège du ministère libyen des Affaires étrangères à Tripoli, un attentat qui a fait au moins trois morts et 10 blessés. Ceci au moment où le porte-parole des forces spéciales relevant du ministère de l'Intérieur, tareq Al-Dawass, accusait le mouvement daech d’avoir commandité l’attentat. Les attaques croissantes de daech en Libye constituent un message de l'organisation terroriste qui cherche à retourner en Libye. Ces événements ont coïncidé avec les déclarations du maréchal Khalifa Haftar, chef de l’armée nationale libyenne, évoquant la possibilité pour l’armée d'entrer dans Tripoli. « Lorsque nous jugerons que le bon moment est arrivé, nous nous dirigerons vers Tripoli, et les choses se dérouleront bien. Si l'armée entre dans Tripoli, cela apaisera tout le monde », avait en effet déclaré le maréchal Haftar lors d’une réunion à la fin du mois de septembre dernier.
La promesse de Haftar d'entrer dans Tripoli s'inscrit dans le cadre du plan de l'armée libyenne visant à mettre fin au chaos sécuritaire et politique que connait la Libye depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Les milices et les groupes armés ont pullulé en Libye et ont perpétré plusieurs attaques terroristes ces dernières années, faisant des centaines de morts.
Le chaos sécuritaire en Libye a également des répercussions sur l'avenir politique du pays. Le 2 mai, la commission électorale suprême de Tripoli a été attaquée par un kamikaze qui a tué 14 personnes, dont neuf employés.
Les obstacles au processus politique en Libye ne sont pas représentés seulement par Daech et les autres groupes terroristes, mais aussi et surtout par la Confrérie des Frères musulmans, qui cherche à renforcer sa présence au sein de la société libyenne.
La force de la Confrérie en Libye n’est pas due à sa bonne gestion des milices armées avec qui elle a noué des relations étroites, mais au soutien du Qatar et de la Turquie qui souhaitent renforcer l'influence de l'islam politique en Libye, surtout après le refus d’Hafter de rencontrer les représentants de la Turquie et du courant de l’islam politique lors d'un sommet sur la sécurité tenue en marge de la conférence de Palerme ce mois-ci.
Alors que l'armée libyenne accuse Ankara et Doha de soutenir le terrorisme, les autorités libyennes ont intercepté un navire chargés d’armes en provenance de Turquie. Il transportait plus de 2 millions d’armes et 518 000 cartouches de revolver turc de calibre 9 mm.