Arrestations, enquêtes... les gilets jaunes en chiffres
152 mandats de dépôt ont été émis depuis le début du mouvement des gilets jaunes, et 1 234 procédures classées sans suite.
Les chiffres témoignent de la nature inédite du mouvement des gilets jaunes. 5 339 personnes ont été placées en garde à vue entre le premier acte, le 17 novembre dernier, et dimanche matin, lendemain du huitième acte, selon les chiffres du ministère de la Justice transmis à L'Express. Ces interpellations ont donné lieu à 815 jugements en comparution immédiate et à 152 mandats de dépôt, soit des incarcérations immédiates à l'issue d'une audience.
Invité lundi soir du JT de 20 heures de TF1 pour annoncer des mesures "d'ordre public" après les nouvelles violencescommises lors des mobilisations du week-end, le Premier ministre Édouard Philippe a évoqué "environ 6 500 personnes" placées en garde à vue "et plus de 1 000 condamnations" depuis le 17 novembre. À Paris, précise le ministère de la Justice, 1967 interpellations ont été réalisées, un chiffre qui comprend les dernières manifestations, et 245 passages en comparution immédiates ont eu lieu.
Plus de 1 200 classements sans suite
En région, 570 personnes sont passées en comparution immédiate et 123 mandats de dépôt ont été décidés. Le chiffre des procédures classées sans suite témoigne d'une différence entre la capitale et les régions : toujours selon le ministère de la Justice, 798 dossiers ont été classés sans suite à Paris, soit 49 % des procédures, contre 436 en région, c'est-à-dire 11,7 %.
Pour les autres, les situations divergent : en province, 519 personnes ont reçu une convocation par un officier de police judiciaire et 372 une convocation par procès-verbal. 216 comparutions sur reconnaissance préalable de culpabilité ont été recensées, ainsi que 171 procédures devant le juge des enfants. 639 mesures alternatives ont également été décidées, détaille le ministère de la Justice. Jeudi, RTL, citant le ministère de la Justice, faisait état de 216 personnes incarcérées entre le 17 novembre et le 17 décembre.
Près de 50 enquêtes confiées à l'IGPN
Le mouvement des gilets jaunes entraîne également un regain d'activité à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices. Des manifestants, mais aussi des lycéens et des journalistes, ont en effet signalé des situations où ils estiment que les forces de l'ordre ont dérogé à la déontologie. L'IGPN a été saisie par la justice de 48 affaires, faisait savoir le ministère de l'Intérieur le 28 décembre.
Plusieurs de ces affaires avaient trouvé un large écho sur les réseaux sociaux, notamment la vidéo d'un homme en train de se faire rouer de coups par des policiers à Paris le 1er décembre ou celle des lycéens de Mantes-La-Jolie, filmés le 6 décembre mains entravées ou sur la tête, à genoux ou assis au sol, après leur interpellation. D'autres enquêtes concernent des manifestants blessés après des tirs de lanceurs de balle de défense. Dernièrement, l'IGPN a été saisie par le préfet du Var et le procureur de la République de Toulon après la diffusion de vidéos montrant un commandant divisionnaire frapper des manifestants samedi.