« An-Nahda » et ach-Chahid : tensions sur la scène tunisienne entre des alliés politiques
Sarah Rachad
La scène
politique tunisienne connaît à nouveau des tensions après une période de calme,
après l’apparition télévisée du premier ministre Youssouf Chahid vendredi
dernier sur la neuvième chaîne.
En effet, Chahid
a renouvelé ses attaques contre son ancien parti Nida Tunis, en appelant à ce
qu’il a appelé « l’enrôlement dans un mouvement démocratique progressiste
pour créer une dynamique politique ».
Cela a provoqué
un désarroi dans la classe politique, des voix affirmant que le chef du
gouvernement visait par ces déclarations la création d’un parti nouveau, bien
que certains, comme le député du bloc de l’Alliance nationale à laquelle
appartient Chahid, Subhi ben Faraj, aient nié le projet de création d’un
nouveau parti.
Quant au
mouvement an-Nahda, le plus proche allié de Chahid, il a réagi en mettant en
garde contre l’instrumentalisation par l’Etat et ses institutions des conflits
politiques.
Des journaux
tunisiens ont de leur côté considéré ce communiqué d’an-Nahda comme les
prémisses d’un différend entre le mouvement et le chef du gouvernement,
prévoyant la fin de l’entente qui avait commencé au milieu de l’année en cours.
C’est ainsi que
la revue « ach-Chari’ al-Magharibi » a rapporté la déclaration d’un
membre d’an-Nahda selon laquelle le mouvement refusait le principe de la
création par Chahid d’un parti politique, et qu’il pourrait le pousser à la
démission, s’il insistait sur la création d’un tel parti par le biais duquel il
participerait aux élections de 2019.
Quant à
l’analyste politique tunisien Bassam Hamdi, il a affirmé qu’an-Nahda était
inquiet de la possibilité de la création de ce parti par Chahid, en expliquant
que le mouvement avait imposé comme condition au soutien qu’il lui avait fourni
comme chef du gouvernement le fait qu’il ne se présente pas aux élections.
Notons que les
prémisses de la crise entre an-Nahda et Chahid sont apparues avec la visite du
chef de gouvernement à Riyad il y a une semaine, malgré la tendance de l’Arabie
saoudite hostile aux groupes de l’islam politique, et à leur tête celui des
Frères musulmans auquel appartient an-Nahda. Visite à l’issue de laquelle
Chahid avait annoncé des investissements saoudiens pour une valeur de 824 millions de dollars.