La “houthisation”: un plan des milices houthies pour réduire le poids de la justice au Yémen
Ali Ragab
Les milices houthies poursuivent leur plan
d’« houthisation » des institutions yéménites dans les régions sous
leur contrôle, dans le but de réaliser le projet confessionnel houthi soutenu
par l’Iran. L’ « houthisation » a en particulier visé le pouvoir
judiciaire, dès leur prise de contrôle de Sanaa le 21 septembre 2014.
C’est ainsi que samedi 22 décembre, l’Agence de presse
houthie Saba a annoncé que nombre de juges loyaux aux milices avaient prêté le
« serment légal » devant le président du « Haut Conseil
politique » putschiste, Magdi al-Machat, à l’occasion de leur nomination
comme membres du Conseil Supérieur de la magistrature et de la Cour Suprême, ainsi
qu’à d’autres fonctions judiciaires.
Notons qu’en avril 2017, le Conseil supérieur de la magistrature
de Sanaa, présidé par le juge Abdel Malik Thabit al-Aghbari, avait entériné des
remplacements de fonctionnaires dans les tribunaux de première instance et des
cours d’appel de certaines régions se trouvant sous sa tutelle, au profit de
juges favorables aux Houthis.
Le président de la Commission de la magistrature et de la
justice au Front du « Sauvetage de la révolution pacifique », le juge
Abdel Wahhab Qatran, affirme que les milices ont reproduit l’expérience des
Frères pour « houthiser » les institutions gouvernementales, et avec
la chute de Sanaa entre leurs mains en septembre 2014, elles ont permis à leurs
adeptes de s’emparer des rênes du pouvoir dans le pays.
Il a ajouté dans une déclaration exclusive à al-Marga’
que depuis l’assassinat de l’ex-président Ali Abdallah Saleh le 4 décembre
2017, la « houthisation » de la justice s’est accélérée dans les
régions sous le contrôle des milices et surtout dans la capitale Sanaa.
Et il a affirmé que la houthisation du pouvoir judiciaire
ne s’est pas limitée à la nomination de juges dépendant des milices, mais a
visé également à utiliser la judicature comme un moyen pour régler des comptes
avec les adversaires politiques et les opposants aux milices, ajoutant que le
contrôle par les Houthis du pouvoir judiciaire représentait une menace pour la
justice au Yémen.