Les Emirats arabes unis rouvrent leur ambassade à Damas
Les Emirats arabes unis (EAU) ont rouvert jeudi leur ambassade à Damas, une victoire diplomatique pour le régime de Bachar al Assad, car ce pays du Golfe allié aux Etats-Unis a naguère soutenu certains groupes armés rebelles en guerre contre Damas.
Selon les EAU, cette mesure vise à normaliser les relations bilatérales et à éviter les ingérences régionales dans les "affaires syriennes arabes" - ce qui semble être une allusion à l'Iran, pays extérieur au monde arabe dont le soutien à Assad a été déterminant.
Le drapeau émirien a été hissé à l'ambassade, qui avait été fermée dès les premiers mois de l'insurrection en 2011. Le chargé d'affaires des Emirats a aussitôt pris ses fonctions.
Robert Ford, qui était ambassadeur des Etats-Unis en Syrie lorsque le soulèvement anti-Assad avait éclaté, a estimé que la réouverture de l'ambassade émirienne était le signe que cette monarchie sunnite du Golfe entendait exercer de nouveau une influence en Syrie pour atténuer celle de l'Iran chiite.
"Je crois qu'ils espèrent qu'au fil du temps, en s'engageant de nouveau financièrement et diplomatiquement auprès de Damas, ils pourront réduire l'influence iranienne", a dit Robert Ford, qui enseigne à l'université de Yale et coopère avec le Middle East Institute.
Les EAU ont été l'un des pays de la région qui ont appuyé certains groupes rebelles, mais ils ont joué un rôle moins important que l'Arabie saoudite, le Qatar ou la Turquie.
Près de huit ans après le début du conflit, le président syrien a récupéré la majeure partie du territoire syrien avec le soutien décisif de la Russie, de l'Iran et du Hezbollah libanais.
Ce mois-ci, le président soudanais Omar al Bachir a été le premier chef d'État arabe à se rendre à Damas depuis le début du conflit syrien.
La Syrie a été exclue de la Ligue arabe en 2011, au début de la guerre civile. Interrogé en avril par le journal Al Baïan, Ahmed Aboul Gheit, secrétaire général de l'organisation, a jugé que cette suspension avait été "très hâtive". Le Parlement mis sur pied par la Ligue s'est prononcé récemment pour sa réintégration.
Un diplomate arabe a déclaré à Reuters la semaine dernière, sous le sceau de l'anonymat, qu'à son avis la plupart des pays arabes souhaitaient la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe. A l'en croire, trois ou quatre Etats seulement y sont opposés.