Ils avaient annoncé un rassemblement à Versailles mais c'est bien à Montmartre que les gilets jaunes se sont retrouvés samedi lors de la dernière journée d'action parisienne du mouvement. Du Sacré Coeur, les manifestants ont arpenté les petites rues du XVIIIe arrondissement avant de se diriger vers le IXe à quelques pas du secteur sensible de l'Opéra et des Grands Boulevards. Un parcours qui les a fait passer par la rue Vignon, dans le quartier de la Madeleine. A 11h30, les CRS les arrêtent en barrant la voie de chaque côté. Une situation qui a duré plusieurs heures.
Pour les manifestants présents dans cette rue reliant le boulevard Haussmann à la Madeleine en plein coeur de Paris, il y a clairement eu des dérives policières. "Pendant 6 heures, des centaines de manifestants pacifistes ont été parqués tels des animaux, n’avaient pas la place pour s’asseoir au sol, n’avaient pas accès aux sanitaires, n’avaient pas accès à la boisson, n’avaient pas accès à la restauration", a déploré sur BFMTV Laetitia Dewalle, porte-parole des gilets jaunes dans le Val-d'Oise.
Et d'ajouter: "Pendant 6 heures, nous n’avons rien fait, nous ne nous sommes pas rebellés contre les forces de l’ordre. Nous avons pris notre mal en patience, nous avons chanté la Marseillaise. Ni plus ni moins, nous avons été mis en garde à vue à ciel ouvert de façon cachée et dissimulée."
La rue Vignon, situé dans un quartier bloqué
Selon nos informations, la rue Vignon a bien été bloquée pendant 6 heures par les policiers mobilisés samedi. Les autorités justifient ce dispositif par l'absence de déclaration de manifestation. La préfecture de police avait en effet interdit d'accès plusieurs secteurs, jugés sensibles, dont la rue Vignon qui faisait partie des rues barrées et inaccessibles, précise une source policière. Les cordons de CRS avaient notamment pour objectif de bloquer l'accès aux Grands Magasins, restés ouverts à deux jours de Noël. Elle a été rouverte vers 17h30.
La rue Vignon a une portée symbolique dans la journée de mobilisation de samedi. C'est là qu'Eric Drouet, l'un des leaders du mouvement Gilets jaunes, a été interpellé en début d'après-midi pour port d'arme prohibé et participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations. Dans ses affaires, un morceau de bois, "souvenir de son père, a-t-il expliqué en garde à vue, a été notamment retrouvé.
"Les policiers ont trouvé dans le sac de M. Drouet un bout de bois qu'il conserve toujours habituellement dans son camion pour se défendre, M. Drouet étant chauffeur routier", a dénoncé samedi son avocat.