L’Iran fournit aux Houthis des armes sophistiquées internationalement prohibées, entre autres des missiles destinés à frapper l’Arabie saoudite et des drones de type « tempête »
Depuis le coup d'Etat des houthis, de
nombreux rapports internationaux prouvent sans équivoque que l'Iran a fourni
des armes aux milices putschistes. Certaines de ces armes sont prohibées sur le
plan international. Le dernier rapport en date a été annoncé par le secrétaire
général de l'ONU, Antonio Gueterrs le 12 décembre. De nouvelles armes que l'on
croit fabriquées en Iran, ont été trouvées au Yémen.
Selon le rapport, le Secrétariat des Nations
Unies a « examiné deux lance-missiles anti-char saisis par la coalition
arabe dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen, et a constaté qu’ils avaient des
caractéristiques iraniennes. Ces lance-missiles ont été fabriqués en 2016 et
2017 ».
Le rapport indique que l'enquête en cours
déterminera l’origine de ces armes. L'Iran a toujours nié livrer des armes aux
rebelles Houthis, affirmant qu'il les soutient politiquement uniquement. Le
rapport onusien porte sur le respect par l'Iran de l’accord nucléaire signé en
2015 avec six grandes puissances. Les Etats-Unis s'en sont retirés en mai
dernier rétablissant les sanctions à l'encontre de Téhéran.
Accusations américaines
Washington avait par le passé accusé l’Iran
de violer ses obligations en ce qui a trait à l’accord nucléaire, en fabriquant
notamment des missiles balistiques. L’administration américaine affirme que les
missiles testés par Téhéran sont capables de transporter des ogives nucléaires.
Un fait nié par l’Iran, qui affirme que son programme d’armement est « défensif»
et « traditionnel ».
Les Nations Unies ont constaté le lancement,
par les rebelles Houthis, de roquettes iraniennes sur l’Arabie saoudite.
Fin novembre, les Etats-unis ont révélé la présence de nouvelles armes qui
constituent une preuve que des missiles iraniens sont diffusés au Moyen-Orient.
Parmi ces armes se trouve un missile sol-air Hunter-2C. Il y a un an, le
gouvernement américain avait montré les restes d'un missile iranien tiré par
les rebelles Houthis sur l'Arabie saoudite.
Ce n’est pas tout. De nombreuses armes
iraniennes ont été saisies ces dernières années, notamment aux mains des
Houthis dont des missiles balistiques à longue portée et des missiles
anti-char. L'Iran fournit également aux Houthis des drones de fabrication iranienne
de type « Qasif » utilisés pour attaquer les systèmes de défense
aérienne, et d’autres de type « Ababil » utilisés pour attaquer les
radars.
Le Liban, zone de transit
Téhéran a également collaboré avec ses agents
régionaux comme le Hezbollah pour approvisionner les Houthis en armes par le
biais de la contrebande. Le navire iranien Ceyhan 1, saisi en janvier 2013,
contenait de grandes quantités d'armes, d'explosifs cet de missiles sol-air.
En février 2013, le navire Jihan 2, a été
saisi près de Bab Al-Mandab, alors qu'en février 2016, la marine australienne a
intercepté un voilier transportant des milliers de Kalachnikov, de grenades et
de lance-roquettes. Il venait d'Iran et se dirigeant vers les rebelles Houthis.
En juillet 2016, la résistance populaire a saisi un bateau de pêche qui avait
réussi à transporter, en l’espace d’une semaine, six cargaisons d'armes
vers les Houthis. « L'Iran a l'intention de fabriquer et de moderniser
jusqu'à 800 chars », a déclaré le vice-ministre iranien de la Défense, cité
par l'agence Tasnim. Il n'a pas indiqué le type de chars ni leur nombre dans
chaque catégorie. « Notre programme prévoit la production de 50 à 60
chars par an. Le budget nécessaire à cette production a été alloué en raison
des besoins urgents de l’armée et des gardiens de la révolution », a
indiqué le ministre iranien.
Rapport britannique
Un rapport britannique sur l’armement
confirme l'implication du régime iranien dans la livraison de mines aux milices
houthies au Yémen, ainsi que la formation de plusieurs de leurs éléments pour
construire un grand nombre de mines localement.
L’expert international Jonah Leif, directeur
des opérations à l’Arms Research Foundation britannique, affirme que
Téhéran est directement impliqué dans la livraison de mines aux milices
houthies. Ces mines n’étaient pas en possession de l’armée yéménite avant le
coup d’Etat contre la légitimité. Dans un rapport intitulé « Les mines
et les explosifs utilisées par les militants houthis sur la côte ouest »,
le chercheur souligne l’importance d’élaborer des cartes pour le déminage. Le
rapport donne un aperçu des mines et des engins explosifs improvisés utilisés
par les milices houthies sur la côte ouest du Yémen.
Le rapport souligne les dispositifs
électroniques utilisés par les Houthis sur la côte ouest et permettant
d’actionner les engins explosifs à distance comme les capteurs et les
transmetteurs. Le document affirme que la conception de ces dispositifs est
« identique à ceux fabriqués en Iran en 2008 ». Le rapport souligne
également que les mines utilisées par les houthis sur la côte ouest du Yémen,
sont identiques à ceux saisis aux avec Da'ech à la ville yéménite d’Aden, ce
qui révèle que l’Iran soutient cette organisation terroriste et pas seulement
les Houthis.
Rapports de renseignement
D'autre part, selon un rapport des
renseignements américains publié mi 2018, les flottes occidentales ont
intercepté trois voiliers en mer d'Oman, certaines armes trouvées sur ces
voiliers étaient identiques à celles confisquées au Yémen et qui étaient en
possession des combattants Houthis. Le rapport, citant des sources officielles
iraniennes, affirme que deux de ces bateaux non immatriculés étaient fabriqués
par la société de construction navale iranienne, Mansur, dont le bassin est
situé à proximité d'une base des Gardiens de la révolution.
« Depuis 2012, les bateaux de la
compagnie Mansour sont impliqués dans de nombreuses opérations de contrebande
d'héroïne, de cannabis et, plus récemment, d'armes », déclare l’Arms
Research Institute basée en Grande-Bretagne. Et d’ajouter : « L'analyse
des armes indique qu'au moins deux des trois cargaisons ont été envoyées avec
la complicité des forces de sécurité iraniennes »
Selon le rapport, certaines armes confisquées
lors de l’interception des bateaux portaient des numéros de série nouveaux, ce
qui indique qu'elles proviennent du stock de l'un des pays. Les numéros
d'identification des armes antichars découverts dans l'un des bateaux
correspondaient aux numéros de production d'armes similaires qui, selon les
Emirats Arabes Unis, avaient été confisquées aux Houthis.
Le rapport souligne enfin le rôle des ports
somaliens en tant que zones de transit : « Les navires de guerre HMA S
Darwin, FS Provence et USS Sirocco ont saisi plus de 4 500 fusils, obus de
mortiers et de lance-roquettes en l’espace de 4 semaines entre février et mars
2016 », affirme le rapport.