Pour contrer l’Iran… Efforts saoudiens pour reconfigurer la région de la Mer Rouge et celle du Golfe d’Aden
Mohammad ad-Dabuli
Le ministère saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a annoncé
le mercredi 12 décembre 2018 la création d’un bloc d’intérêts communs
comprenant les pays de la Mer Rouge et du Golfe d’Aden pour renforcer la
sécurité et la stabilité dans la région.
Selon Jubeir, la raison essentielle à cette initiative est d’empêcher
toute puissance étrangère de jouer un rôle négatif dans cette région
stratégique.
Le Caire avait accueilli les 11 et 12 décembre 2017 la première réunion
des pays arabes et africains riverains de la Mer Rouge et du Golfe d’Aden, à
laquelle avaient participé l’Arabie saoudite, la Jordanie, Djibouti, le Yémen,
le Soudan et l’Erythrée, tandis que c’est Riyad qui a accueilli le 12 décembre
2018 la seconde réunion des pays riverains de la Mer Rouge, avec, pour la
première fois, la participation de la Somalie, ce qui montre que l’Arabie a
compris son importance pour la sécurité de cette région.
Rappelons que l’Arabie saoudite et les pays arabes ont adopté en 2014
une stratégie dont le but est de contrer l’influence iranienne dans la région
de la Corne de l’Afrique, qui en est arrivée à menacer la stabilité des pays
arabes. Dans ce cadre, diverses mesures ont été prises :
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Le Soudan a décidé de rompre ses relations avec l’Iran
en janvier 2016, suite à l’attaque contre l’ambassade saoudienne à Téhéran.
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Une coalition arabe (Tempête décisive) a été formée en
2014 pour faire face au milices putschistes houthies soutenues par l’Iran dans
le but de restaurer le gouvernement légitime du Yémen.
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L’Erythrée a pris ses distances par rapport à l’Iran
et s’est rapprochée des pays arabes, ce qui s’est manifesté par l’inauguration
d’une base militaire émiratie sur son sol.
Cependant, ce nouveau bloc devra affronter nombre de défis sécuritaires
et politiques, comme le rôle du Qatar et de la Turquie dans la région. Cette
dernière possède en effet une base militaire au sud de Mogadiscio et cherche à
en créer une autre dans la ville de Kismayo au sud de la Somalie.
Quant au Qatar, il est présent à Djibouti et en Somalie, et ses
ingérences ont nui aux relations des Emirats avec ces pays : c’est ainsi
que le contrat de la société émiratie Dubai Port World pour le développement du
port de Doraleh à Djibouti a été annulé. Et le Qatar pourrait chercher à faire
échouer la nouvelle entité régionale.