Manifestations des gilets jaunes .. et l’avènement de la droite
Les événements en France sont étroitement liés à l’accord de Paris sur les changements climatiques, qui vise à réduire les effets du carbone dans l’atmosphère. L’accord de Paris a été signée en 2015 pour lutter contre les changements climatiques, et contrôler l'augmentation des taux de carbone dans l'atmosphère, principale cause de la hausse des températures. L’accord vise également à renforcer les efforts internationaux visant à contrer les effets négatifs des changements climatiques, et à lutter contre la hausse des températures causée par l'augmentation des taux de carbone dans l'atmosphère. L’objectif est de réduire la fonte des glaces dans l'Arctique. Une fonte qui conduira à une élévation du niveau des eaux dans les océans, ce qui à l'avenir - si les températures continuent d'augmenter en raison de la consommation accrue de pétrole - entraînera le naufrage de certaines villes côtières dans le monde.
Le gouvernement Macron a eu recours à une taxe supplémentaire sur les prix des carburants pour obliger les citoyens à réduire leur consommation, ce qui a provoqué la colère des routiers et aux fameuses manifestations des gilets jaunes.
La portée des manifestations
Les manifestants considèrent que la taxe sur l'essence les concerne principalement, et se répercute négativement sur leur quotidien, en particulier les Français des zones rurales, qui doivent parcourir de longues distances pour satisfaire leurs besoins. Ceci explique l'afflux à Paris d'un grand nombre de manifestants de l’extérieur de la capitale pour participer aux manifestations. Le fait que les routiers, issues de la classe moyenne, aient dirigé les manifestations confirme que la société française est divisée sur la politique du président Macon. Une politique qui fait porter à la classe moyenne le fardeau de la réforme économique.
Le recours à la violence et la destruction de certains magasins appartenant à la classe aisée montre que la lutte des classes s’est intensifiée en France, et doit absolument être contenue, sachant que cette lutte des classes ne fait que favoriser le populisme politique, qui pourrait porter gravement préjudice à la démocratie française, surtout si l’idée de protester pour s’opposer aux lois nationales ayant une dimension économique s’enracine en France. La France serait alors en proie à des manifestations périodiques, entravant le travail des institutions gouvernementales et augmentant la popularité des hommes politiques populistes qui adoptent un discours biaisé contre l'élite riche.
Une telle situation modifierait la carte électorale française et renforcerait les chances de la droite d’accéder au pouvoir surtout si elle adopte une rhétorique plus ferme à l’égard de la classe aisée, et un discours plus favorable aux droits des travailleurs, ce qui pousserait les syndicats à s’aligner derrière la droite. Celle-ci devrait alors adopter une position différente sur l’Europe et sur un certain nombre de questions internationales, car les travailleurs français n’accepteront pas que leurs mouvements vers d’autres pays européens soient restreints.
L’autre alternative est une lutte gauche-droite pour le leadership dans la période post-Macron. Il faut dire que la popularité du président français est tombée à son plus bas niveau (25%) selon un sondage réalisé en novembre. Si les populistes arrivent au pouvoir, ils essaieront de mobiliser les classes inférieures et moyennes contre les institutions, qu’ils perçoivent comme servant les intérêts de la classe aisée, ce qui signifie que la France sera témoin d'une nouvelle lutte.
D'autre part, les mesures économiques prises par le président Macron renforceront l'influence des mouvements ouvriers plutôt que de les marginaliser. Il est vrai que les nouvelles lois ne favorisent pas les syndicats, elles facilitent les négociations entre les employeurs et les employés, et cela accroîtra la capacité de mobilisation des syndicats et augmentera leur capacité à représenter une menace réelle pour le gouvernement Macron.
Nous devons souligner ici que la classe ouvrière qui a soutenu Macron à l'élection présidentielle de 2017 se sent toujours trahie, d'autant plus que les tentatives de réforme de l'économie française sont principalement dans l'intérêt des riches, alors que la classe ouvrière assume le fardeau économique de ces réformes. Ce fut le cas notamment lorsque la France a voulu respecter ses engagements de l’accord de Paris sur le climat. Bien que les manifestations aient commencé par des appels réclamant l’abolition de la taxe, les revendications ont évolué jusqu’à demander la démission de Mr Macron. En effet, la grogne suscitée par l’échec de la politique économique du président français n’a cessé d’augmenter. Celui-ci était censé mener une politique qui vise à accroître l’Etat-providence au sein de la société française et à alourdir le fardeau financier imposé aux riches au profit de la classe moyenne.
La grogne populaire n’est pas due seulement au retard du gouvernement Macron à suspendre la taxe sur les carburants, mais également au mécontentement populaire grandissant à l'égard des politiques macroéconomiques en général et du faible niveau de vie de certaines catégories de la population. Par conséquent, les manifestations des gilets jaunes n'étaient pas les premières du genre contre le président Macron. En mai 2017, après l’accession à la présidence de Macron, des affrontements ont opposé des manifestants du Front populaire aux forces de sécurité, la classe ouvrière craignant que la politique économique de Macron ne porte atteinte à ses intérêts. Macron a tenté d'absorber la colère populaire en ouvrant un dialogue avec les mouvements syndicaux sur la réforme du droit du travail, dans le but de réduire le taux de chômage en France à 8,5% en avril 2017, contre 4,5% en Grande-Bretagne et 3,9% en Allemagne.
Pourquoi Macron a-t-il amendé le Code du travail ?
Le président Macron a estimé que le code du travail français a provoqué une sorte de stagnation de l'économie française, car les mesures liées aux licenciements étaient très strictes, ce qui a entraîné un handicap pour l'embauche et limité les entreprises dans leur désir d’expansion. Le nouveau code du travail est donc plus souple en ce qui a trait à l’embauche et aux licenciements des employés, contournant les anciennes procédures légales et essayant d'accélérer la dynamique du secteur privé et de l'encourager à entreprendre de nouvelles expansions économiques.
Dans le même contexte, Macron a réajusté la répartition des heures de travail en fonction des besoins sans renoncer aux 35 heures hebdomadaires, ce qui a irrité la classe moyenne qui trouvait que le nouveau code l’empêchait de déterminer les heures de travail et permettait aux employeurs de contrôler leurs employés.
La nouvelle loi sur l'immigration et la colère des français naturalisés
En avril 2018, la France a adopté une loi sur l'immigration clandestine imposant une peine d'un an d’emprisonnement à toute personne qui entre illégalement en France et réduisant le délai de présentation des demandes d'asile, ce qui a provoqué la colère des groupes de défense des droits de l'homme. Cette loi a soulevé la colère des français naturalisés contre le président Macron, ce qui a constitué un catalyseur des manifestations à son encontre. En réalité, les politiques du président Macron ont provoqué la colère de différents groupes.
Les mesures législatives de Macron ont généré la colère de différentes catégories de la population française, mettant en avant les différences entre les classes sociales au point que l'ancien président français, François Hollande, a qualifié Macron de « président des riches seulement » affirmant que ses politiques portent préjudice au niveau de vie du citoyen français ».
En définitive, les gilets jaunes ont prouvé que les réformes de l’environnement, soutenues par le gouvernement Macron, intéressent moins la classe moyenne française que l’amélioration du niveau de vie, ce qui nous amène à un autre point, soulevé par les populistes à savoir pourquoi le citoyen européen doit-il assumer seul le coût des réformes environnementales dans le monde ? Le modèle d’action américain face à ces fardeaux est plus un motif de grogne pour le populisme en France que le fait d’inciter le gouvernement Macron à faire des concessions allant au-delà de la suspension de la taxe carbone.