Chérif Chikhat: un fiché “S” abattu
La traque de Chérif Chekatt est terminée, deux jours après avoir commencé. Le tireur présumé de Strasbourg, qui a fait plusieurs victimes dans le centre-ville mardi soir, a été abattu par les forces de l'ordre ce jeudi en début de soirée, après avoir tiré sur trois policiers, a affirmé le ministre de l'Intérieur. En fin de soirée, le média de propagande de Daech l'a qualifié de "soldat" de l'organisation État islamique.
Retrouvé au Neudorf
L'homme a été abattu au 74 rue du Lazaret, dans le quartier du Neudorf, où un très important dispositif de police a été déployé. C'était dans ce quartier qu'il avait été aperçu la dernière fois mardi et où il a lui-même grandi.
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a pris la parole dans la foulée : "À 21 heures, un équipage de la brigade spécialisée de terrain [composée de trois fonctionnaires de police, NDLR] a aperçu un individu qui déambulait sur la voie publique. Cet individu correspondait au signalement de la personne recherchée depuis mardi soir." Au moment de son interpellation, le suspect s'est retourné "faisant face aux fonctionnaires de police en tirant. Ils ont alors riposté, et ont neutralisé l'assaillant."
Les forces spéciales déployées à Strasbourg, près de l'endroit où Chérif Chekatt a été retrouvé, le 13 décembre 2018.
Le maire de la ville Roland Ries a estimé ensuite que "cela va faciliter le retour à une vie que je qualifierais de normale". Le marché de Noël emblématique de Strasbourg, notamment, devrait rouvrir ses portes "à 11 heures", a annoncé l'édile. "C'est vraiment un immense soulagement, la neutralisation du terroriste nous libère" d'une cavale "très anxiogène qui pesait sur les épaules des Strasbourgeois", a abondé Alain Fontanel, son premier adjoint.
Quartier populaire
Selon une source policière, Chérif Chekatt était seul au moment où il a été abattu. Il se trouvait au pied d'un immeuble de Neudorf, quartier populaire proche du centre-ville. Après ce dénouement, les forces de l'ordre ont été applaudies par les badauds rassemblés au niveau du périmètre de sécurité. "Bravo !" ont lancé certains d'entre eux.
Alors que les recherches piétinaient ces derniers jours, cinq proches du mis en cause, dont ses parents et ses frères, avaient été placés en garde à vue. Le chef du parquet antiterroriste, Rémy Heitz, s'est rendu dans la nuit à Neudorf et doit s'exprimer ce vendredi.
Plus de 700 policiers et gendarmes le cherchaient
Plus de 700 policiers et gendarmes étaient mobilisés ces derniers jours pour retrouver ce Strasbourgeois de 29 ans, fiché "S" (pour sûreté de l'État) par les services antiterroristes, après un passage en prison de 2013 à 2015. Il avait attiré l'attention des services de renseignement pour des violences, pour la radicalisation de sa pratique religieuse et son prosélytisme. Il était suivi pour cela depuis sa sortie de prison.
L'attaque a fait trois morts et trois blessés sont actuellement "entre la vie et la mort", selon les mots du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
Selon une source proche de l'enquête, une femme avait vu jeudi après-midi un homme qui ressemblait au fugitif, blessé au bras. Des traces de sang ont été trouvées, et des images vidéo ont permis aux policiers d'acquérir la certitude qu'il s'agissait bien de lui.
Qualifié de "soldat" par Daech
En fin de soirée, un communiqué diffusé sur le média de propagande Amaq qualifiait Chérif Chekatt de "soldat" du groupe terroriste État islamique.
Selon ce texte, cité par le groupe de surveillance des réseaux extrémistes SITE, Chérif Chekatt "faisait partie des soldats de l'Etat islamique et il a mené cette opération en réponse à l'appel à viser les citoyens (des pays) de la coalition internationale" qui combat Daech en Syrie et en Irak.
Chikhat est né à Strasbourg en 1989 et est d’origine marocaine. Il a quitté l’école jeune et a commencé à exercer des métiers mal rémunérés, avant d’exercer son activité criminelle et à adhérer à des gangs. Puis il a ensuite manifesté des tendances extrémistes, sans doute lors de son séjour en prison de 2013 à 2015.
Le journal Le Figaro a indiqué que Chikhat avait fait de la prison en France, en Allemagne et en Suisse, ajoutant que des tendances à la violence et des activités de prédication avaient été remarquées chez lui lors de l’accomplissement de sa peine.