Gilets jaunes : samedi à Paris, la police avait une arme secrète
C'est dire si le pouvoir a eu peur. Samedi 8 décembre, certains des blindés de la gendarmerie disposés pour la première fois dans Paris étaient secrètement équipés d'un dispositif radical, qui n'aurait été utilisé « qu'en dernier recours » : une réserve de liquide incapacitant. Selon nos sources, la pulvérisation de ce liquide sur une foule de gilets jaunes aurait été capable de « les arrêter net, mettant les gens à terre, même avec des masques ». Chaque engin aurait pu « neutraliser » une surface de plusieurs terrains de football.
« Heureusement, que l'on n'en est pas arrivé là », ajoute cette source haut placée dans le dispositif policier. « L'autorité politique », comme le disent les fonctionnaires, aurait approuvé l'éventuel emploi d'un tel produit, qui n'aurait été utilisé qu'en cas de « débordement ultime ». Une sorte de « dernier rempart », utilisable sur décision politique. Interrogée, la préfecture de police de Paris renvoie au ministère de l'Intérieur.
C'est le premier enseignement de la journée du 8 décembre : le préfet de police de Paris a perdu son leadership sur le maintien de l'ordre dans la capitale. La semaine dernière, le ministère de l'Intérieur, sous la double commande de Christophe Castaner et Laurent Nuñez, a pris les choses en main, largement épaulé en ce sens par les syndicats policiers. Cette mainmise du ministère de l'Intérieur ne s'est pas faite sans friction avec la préfecture de police de Paris, où le préfet Michel Delpuech a grincé à plusieurs reprises devant la mise en place d'un dispositif mobile et décentralisé, contraire aux pratiques antérieures. Selon nos informations, le préfet a d'ailleurs réclamé en fin de semaine dernière « des instructions écrites », ce qui, en moeurs préfectoraux, consiste à « se couvrir » à l'approche d'une situation controversée. « D'un point de vue policier, le maintien de l'ordre de samedi à Paris a finalement été un succès, ces frictions ne sont plus d'actualité ».