Arrestations préventives, un étouffoir à manifs?
"Nous sommes face à une dérive autoritaire du pouvoir, martèle l'avocat Avi Bitton. Mes trois clients, un couple et leur fils de 21 ans, arrêtés dès 8 heures du matin, ne détenaient aucune arme. Après la procédure de vérification d'identité, ils ont été emmenés au commissariat dont ils ne sont ressortis qu'à 22 heures. La mère, sans rien, le père et le fils avec un rappel à la loi que le premier a refusé de signer."
Les préfets avaient reçu des instructions strictes du ministère de l'Intérieur: face aux gilets jaunes, ils étaient instamment priés de veiller à la "mise en oeuvre de contrôles d'identité, ainsi que de visites de véhicules et de fouilles de bagages", comme le précise une note de la Direction des affaires criminelles et des grâces (DACG) du ministère de la Justice, que L'Express a pu consulter. Parce qu'il était jugé "illusoire d'effectuer ces contrôles à l'arrivée des personnes dans les gares parisiennes", priorité était donnée aux interventions dans les gares ferroviaires et routières de départ, à bord des trains et aux péages autoroutiers sur les axes desservant la capitale.
Ces dispositions s'appuient sur la loi de 2016 relative à la prévention et à la lutte contre les incivilités, les atteintes à la sécurité publique et les actes terroristes dans les transports collectifs.