Publié par CEMO Centre - Paris
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La note de la DGSI qui souligne la radicalisation des Gilets jaunes

samedi 08/décembre/2018 - 01:56
La Reference
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C'est une « note blanche » comme il en circule beaucoup en ce moment au sommet de l'État. Une note des services de renseignements intérieurs qui récapitule sur six pages l'état d'esprit des Gilets jaunes en synthétisant ce qu'ils publient sur les réseaux sociaux. Autant dire la part visible de l'iceberg, car « ils cryptent de plus en plus souvent leurs échanges », relève une source, place Beauvau. Intitulé « Radicalisation du mouvement des Gilets jaunes », ce document met en lumière une lente dérive du discours des leaders du mouvement social. Analyse.

 

 

Normalisation du recours à la violence

Depuis les violents affrontements du 1er décembre à Paris, un verrou semble avoir sauté chez les plus irréductibles des Gilets jaunes. Alors que les commentaires pré-1er décembre se focalisaient sur les causes politiques de la colère et le partage de conseils pour se protéger dans les manifestations, les services relèvent « une normalisation du recours à la violence comme étant le moyen de parvenir à leurs fins (ces fins prenant plusieurs formes, entre les revendications fiscales, constitutionnelles et révolutionnaires). Alors qu'on ne trouve quasiment aucun post dans les principaux groupes et pages Facebook des Gilets jaunes condamnant les casseurs, les seuls qui essaient de poser le problème des casseurs font face à des milliers de commentaires expliquant que les casseurs sont des policiers en civil et, surtout, qu'un mouvement pacifiste ne sera jamais entendu par le gouvernement ».

Le fait que cette rumeur ait été relayée par Nicolas Dupont-Aignan (qui est d'ailleurs poursuivi en justice, pour cette raison, par le ministre de l'Intérieur) et que les vidéos de violence à l'encontre des forces de l'ordre suscitent des commentaires haineux d'une rare violence préoccupe les responsables policiers. L'une d'entre elles a été « visionnée près de 2 millions de fois » (celle où l'on voit des CRS courir en caméra subjective sous l'Arc de Triomphe et être visés par de nombreux projectiles). La banalisation de la violence, dans les paroles, mais aussi dans les actes, laisse penser que les manifestations du 8 décembre seront l'occasion de nouveaux déchaînements contre les forces de l'ordre, redoutent les auteurs de cette note. Éric Drouet n'a-t-il pas exprimé publiquement vouloir « entrer à l'Élysée » ? Et l'un des ex-porte-parole officiels des Gilets jaunes, Julien Terrier, n'a-t-il pas publiquement invité ses followers à « une prise de la préfecture de l'Isère » dans son groupe Mouvement national contre la hausse des taxes (Grenoble) ?

Sur les réseaux sociaux prolifèrent également les discours putschistes. « Les mouvements d'ultradroite, dont certains sont farouchement hostiles aux institutions républicaines, utilisent la contestation des Gilets jaunes pour faire entendre leurs voix et tenter de distiller un discours à tendance révolutionnaire », relève la note.

Si la mouvance d'ultradroite était plutôt attentiste au début du mouvement, elle a rapidement décidé de s'y associer. Certaines figures emblématiques appellent clairement à « la révolution nationale » et à « donner le coup de grâce à la Ve République ». Toujours prompts à critiquer la politique gouvernementale et le « système », ces factions ont profité de l'élan de contestation, initié par celle à l'encontre des taxes sur le carburant pour infiltrer le mouvement.

Ancien chef de la ligue dissoute Œuvre française, Yvan Benedetti multiplie les provocations sur le Net.

Le même publiait également, le 28 novembre sur le même réseau social, un message : « au-delà de la droite et de la gauche, une seule France avec le peuple ; un seul mot d'ordre : À bas, les voleurs ; et un seul but le triomphe de la révolution nationale ! En avant les Gilets jaunes ! »

Autre figure bien connue de l'extrême droite, Alexandre Gabriac, ancien leader des Jeunesses nationalistes (JN), qui a rejoint, depuis 2016, le mouvement catholique traditionaliste Civitas au sein duquel il exerce les fonctions de secrétaire national aux fédérations a publié, le 4 décembre, sur sa page Facebook un communiqué insurrectionnel.

Faire tomber le régime

Gabriac relaye également un texte de David L'Épée intitulé « Gilets jaunes : le gouvernement doit tomber avant Noël », dont certains passages sont de limpides appels à l'insurrection : « Les jours que nous vivons sont des jours fatidiques. Les choix qui seront faits par les uns et par les autres dans le courant de cette semaine seront déterminants pour la survie ou la chute du gouvernement, et peut-être même du régime. Dès lors, soyons tout de suite très clairs : ce n'est pas sur la survie du gouvernement, ce n'est pas sur la survie du régime que nous devons parier, mais sur sa chute (...). Nous sommes entrés en révolution. Car il y a un moment où il faut mettre un nom sur ce qui arrive : la contestation est devenue rébellion, la rébellion est devenue révolte, et la révolte est en train de prendre le visage d'une révolution. C'est une excellente chose, c'est même la meilleure chose qui pouvait arriver. »

Le fait que plusieurs membres influents de cette nébuleuse publient le même message « Il faut donner le coup de grâce à la Ve République » fait craindre aux autorités un véritable coup de force. D'autant que les forces de l'ordre sont prises à partie de manière claire : « (ceux) qui n'auraient pas trouvé utile de se mettre en arrêt maladie et qui choisiront en dépit du bon sens de protéger les gouvernants ne pourront être considérés que comme des ennemis de la France et de son peuple. À bon entendeur ».

Hervé Lalin, plus connu sous le pseudonyme d'Hervé Ryssen, qui faisait récemment la une de Paris Match est connu pour être une « figure nationaliste d'extrême droite radicale, militant contre le mondialisme, contre l'immigration de masse, contre l'uniformisation des cultures », ouvertement antisémite et raciste, multiplie, lui aussi, les messages en faveur de la révolution nationale et les menaces aux personnes. Listant les menaces de mort proférées à l'encontre de nombreux élus et ministres, les services de police anticipent une journée de samedi sous haute tension. D'où le déploiement d'un dispositif hors norme...

En direct des Champs-Elysées

https://drive.google.com/drive/folders/1SS4smGIxdKKyDlOrf-d3ryJjNQB5FJJS

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