Les policiers déjà à bout à la veille d'un samedi à hauts risques
Samedi,
ils seront 89.000 mobilisés sur l'ensemble de la France. A la veille d'une
nouvelle journée de mobilisation à haut risque, policiers et gendarmes sont
excédés.
Le
ministère de l'Intérieur et la préfecture de police de Paris continuent d'affiner leur dispositif de sécurité en
vue du rassemblement des gilets jaunes samedi. Pour assurer le maintien de
l'ordre, 89.000 policiers et gendarmes seront mobilisés dans toute la France.
Mais à la veille de cette nouvelle journée à haut risque, les forces de l'ordre
sont épuisées et excédées.
C'est
le cas de Marie et Nicolas, membres du mouvement des Policiers en colère, qui
ont accepté de témoigner pour BFMTV. Ils étaient tous deux en première ligne le
1er décembre lors des violences dans la capitale.
Nicolas,
mobilisé sur toutes les grandes manifestations depuis trois ans, avoue ne
jamais avoir connu de pareille situation:
"On
n'a jamais vécu ça. Ce n'est même plus du maintien de l'ordre c'est des
violences urbaines auxquelles on a affaire. On a l'extrême gauche, l'extrême
droite, des jeunes de banlieue qui remontent pour profiter de piller des
magasins, mais aussi se faire du flic", constate le jeune homme.
Le
policier qui évite de parler de son quotidien avec sa famille pour "ne pas
l'inquiéter", reconnaît ressentir de l'appréhension face à cette situation
sensible:
"On
appréhende d'avoir à faire usage de notre arme. On se dit "là s'ils me
foncent dessus je fais quoi?"", dit craindre Nicolas.
Marie
quant à elle, évoque de son côté la fatigue extrême de ses collègues. La jeune
fonctionnaire de police qui exerce depuis quatre ans, se dit inquiète:
"On
arrive à un moment où les policiers sont à bout et malgré tout on est quand
même envoyés en première ligne, sous-équipés. Ce qui m'inquiète le plus c'est
que l'on ait un mort. Que ce soit de notre côté, ou de l'autre côté, peu
importe", poursuit-elle.
La
jeune femme qui a dû s'équiper elle même pour la manifestation de demain,
déplore le manque de moyens. Elle espère que les policiers seront
réapprovisionnés à temps en munitions et en protections. Comme elle, de
nombreux agents ont pris le parti de se débrouiller. "Tout ce qu'on nous a
donné, ce sont des vieux casques de CRS réformés", déplore un membre de la
Bac du Nord de la capitale dans les colonnes du Parisien. "On a
l'impression d'y aller à poil", glisse un autre.
En
première ligne lui aussi, Jessy, CRS, témoignait jeudi sur RMC. Présent samedi
1er décembre place de l'Etoile, il le sera de nouveau demain pour la
mobilisation:
"La
crainte, la peur, est là. La peur de ne pas rentrer chez moi le soir de la
manifestation. Que ce soit quelqu'un qui aille prévenir ma famille qu'il m'est
arrivé quelque chose."
Ce
déchaînement de haine envers les forces de l'ordre, il n'est pas le seul à
l'avoir ressenti. Beaucoup disent avoir perçu cette violence "dans les
regards" et cette "envie de tuer".
Pour
demain, la direction générale de la police nationale a donné
l’autorisation de suspendre les jours de repos des
policiers et gendarmes qui devaient être en week-end, à l'exception de ceux en
congés ou en repos hebdomadaire.
Un syndicat de police a d'ailleurs déposé un préavis de grève illimitée à
partir de samedi.