Publié par CEMO Centre - Paris
ad a b
ad ad ad

Gilets jaunes : pourquoi Les Républicains sont inaudibles

mardi 04/décembre/2018 - 08:14
La Reference
طباعة

A vec les Gilets jaunes, ce n'est pas un rendez-vous raté. C'est un râteau. Pourtant, sur le papier, Laurent Wauquiez était de ceux qui pouvaient espérer l'éviter. Avec un discours invariablement porté sur la défense des classes moyennes et des territoires ruraux, couplé à la critique du matraquage fiscal porté par la droite, «  il avait pressenti tous les thèmes qui abîment aujourd'hui l'image d'Emmanuel Macron », reconnaît le député lotois Aurélien Pradié, «  loin d'être Wauquiez béat » . Mais rien à faire, ça ne prend pas. Ni dans les enquêtes d'opinion, ni dans le débat public, enflammé par cette crise si complexe à décrypter pour des LR relégués et craignant plus que tout un procès destructeur en récupération. Tout a paradoxalement commencé par d'amicales tapes sur l'épaule : le 17 novembre, le patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes apporte son soutien à un rassemblement organisé sur la place centrale du Puy-en-Velay. L'ancien maire en sort indemne, les images sont bonnes quand, à 542 kilomètres de là, une vague jaune tente de percer les barrages policiers pour accéder au portail de l'Élysée. Bref, le « légitimomètre » est au plus haut.

Lire aussi Gilets jaunes : ce qui a manqué à Macron

Seulement, quatre jours plus tard, Le Canard enchaîné affirme que des militants LR locaux ont été convoqués, à sa demande, pour lui assurer une visite paisible… «  Ce théâtre-là renforce encore un peu plus les critiques sur son insincérité et sa duplicité. Il faut vraiment éviter ce genre de “fakes”, parce que, pour nous, c'est mortel  » , regrette un membre de la direction du parti. Ni plus ni moins que les autres responsables politiques – à l'exception peut-être de François Ruffin et de Jean Lassalle –, le président des Républicains souffre avant tout de son CV. «  C'est très dur pour Laurent de percer, car ceux qui ont une longue vie politique derrière eux sont disqualifiés d'office, analyse un autre de ses lieutenants . Il en est conscient : la seule parade possible, c'est sa région, où il n'a pas augmenté les impôts et a fait baisser les dépenses. Il a compris que ce thème devait être une boussole pour la droite dans les années qui viennent. » Mais est-ce suffisant de la part d'un parti d'opposition comptant 104 députés, la majorité au Sénat et un maillage territorial important, et qui se doit de porter une alternative nationale crédible  ? Rue de Vaugirard, beaucoup en doutent.

Deux l'ont exprimé par écrit : les députés Julien Dive et Arnaud Viala ont rédigé une tribune, parue dans l JDD le 25 novembre, dans laquelle ils exhortent leur camp à «  refaire de la politique » et à « cesser de ne s'exprimer qu'en réaction à l'actualité ou aux choix gouvernementaux » . Comprendre : élaborer des propositions concrètes et revitaliser le corpus des Républicains en vue des européennes Une plaidoirie moquée par certains cadres dirigeants, qui y voient un caprice empreint de frustration d'un couple de non-sélectionnés dans le «  shadow cabinet » de Laurent Wauquiez, le contre-gouvernement LR nommé trois jours plus tôt. « Je n'avais absolument pas l'aspiration d'y être, rétorque Viala. C'est grave si notre parti vilipende des membres qui donnent leur point de vue sans agression, alors que, de l'autre côté, on achète des gens avec biscuits pour qu'ils se taisent… »

Marqueurs

Au-delà d'un énième conflit interne, la problématique est surtout liée à l'agenda établi par le président du parti et à sa stratégie de retour au pouvoir. L'heure est aux marqueurs, pas aux détails  ! «  Le raisonnement de Laurent  ? Pour lui, c'est le temps du socle, car le prochain rendez-vous électoral [les européennes, NDLR] n'est pas un rendez-vous de masse » , glisse Brice Hortefeux, quand le second vice-président, Damien Abad, soutient que Wauquiez se montre «  très pointilleux sur le fait de bien séquencer la reconquête : d'abord, les thèmes, ensuite, les réponses précises, car les gens n'attendent pas déjà de nous 40 propositions » . Ce qui explique peut-être que, face à la colère des Gilets jaunes, après avoir tâtonné sur l'idée d'un chèque carburant, Les Républicains se contentent de réclamer l'annulation des hausses des taxes prévues en janvier et un référendum sur la fiscalité écologique. Un outil constitutionnel – très apprécié d'un certain Patrick Buisson – que la droite gouvernementale a rarement dégainé, contrairement au FN. «  Elle est sortie toute seule du chapeau de Wauquiez lors d'une réunion dirigeante, glisse un participant. Elle n'est pas au niveau de la crise actuelle, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle ne fait pas l'unanimité ici. » Notamment pour le président du Sénat, Gérard Larcher, qui s'y est publiquement opposé dimanche sur au micro de RTL...


"