Publié par CEMO Centre - Paris
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Un niveau de violence « jamais atteint dans les dernières décennies »

lundi 03/décembre/2018 - 05:44
La Reference
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Le préfet de police, Michel Delpuech, a fait le point dimanche des émeutes de samedi, dont l'intensité a choqué les Parisiens, les élus et les commerçants.

Après le chaos, la désolation. Mais aussi l'indignation et les questions. Marqué par une escalade de la violence et des destructions spectaculaires, l'acte III de la mobilisation des gilets jaunes a rassemblé quelque 136.000 manifestants samedi dans toute la France, selon le ministère de l'Intérieur. Ce week-end, une troisième personne est morte en marge de la mobilisation, à Arles, dans les Bouches-du-Rhône, après un accident de voiture dans un bouchon provoqué par un barrage de «gilets jaunes».

Dimanche matin, la fumée noire qui planait sur Paris s'était dissipée. Mais la capitale s'est réveillée balafrée par les scènes de violence et de destruction qui se sont propagées jusqu'à la nuit tombée, en marge de la manifestation des «gilets jaunes» sur les Champs-Élysées. «Nous n'avons pas connu une telle violence depuis mai 1968 à Paris», s'est indignée la maire de Paris, Anne Hidalgo, dimanche, à la sortie d'une réunion de crise avec les maires d'arrondissement. «Atterrée», «choquée», elle a évoqué «une crise majeure» et dénoncé le manque de dialogue avec la place Beauvau. «À aucun moment et malgré nos demandes réitérées, les élus parisiens n'ont été conviés à travailler directement avec le ministre de l'Intérieur», a-t-elle déploré.

«Des maires d'arrondissement ont été alertés par des habitants que des entrées d'immeuble et des parkings avaient été utilisés les jours précédents la manifestation pour y cacher des barres de fer, des armes improvisées. Ces informations n'ont pas été utilisées par le ministère de l'intérieur», précise Colombe Brossel, adjointe (PS) chargée de la sécurité à la mairie de Paris, taclant au passage «les failles du dispositif». «Ils ont planqué des pioches. Ils avaient du matériel prêt pour taper sur les policiers et déceler les pavés», abonde Jeanne d'Hauteserre, la maire LR du VIIIe arrondissement, qui estime que «tout le périmètre à l'extérieur des Champs-Élysées n'a pas été suffisamment protégé».

Le bilan du 1er décembre est lourd. Le ministère de l'Intérieur a recensé 263 blessés, dont 81 membres des forces de l'ordre. Dans Paris embrasé, les affrontements qui se sont poursuivis jusqu'en début de soirée ont fait plus de 133 blessés, dont 23 dans la police. Un manifestant blessé en arrachant la grille d'entrée des Tuileries était toujours dans le coma dimanche. La police a arrété 682 personnes dont 630 ont été placée en garde-à-vue. Dans la capitale, 412 personnes ont été interpellées et 378 placées en garde à vue. «Un niveau jamais atteint dans les dernières décennies» a commenté dimanche le préfet de police, Michel Delpuech, lors d'une conférence de presse. Ce dernier a également déploré une «violence extrême et inédite» contre les forces de l'ordre avec «des jets de marteaux», ou de «billes en acier» ou de «gros boulons».

Samedi, alors que la plus belle avenue du monde était quasiment déserte, cadenassée par un système de filtrage strict, des heurts ont éclaté aux alentours puis se sont diffusés dans au moins sept arrondissements. Raids éclairs ou guerre de position avec les CRS, la violence avait plusieurs visages. Au milieu des fumigènes, des «gilets jaunes» «pacifistes» observaient, sidérés, ce déferlement. Certains regrettaient de ne pouvoir faire passer leur message dans ces conditions tandis que d'autres jugeaient que «le vrai responsable, c'est Macron». Les VIIIe, XVIe et XVIIe arrondissements ont été les plus touchés. Mais le Ier, IIe, IVe et IXe portent également les stigmates des affrontements et des actes de vandalisme.

C'est à l'Arc de triomphe, lieu de mémoire et de tourisme emblématique de la ville, sanctuaire de la tombe du Soldat inconnu, que les affrontements ont débuté dès le matin, avant de gagner les rues avoisinantes. L'image du monument pris d'assaut, tagué de slogans tel que «Macron démission» ou «les gilets jaunes triompheront» est devenu le symbole de l'expression de la colère des «gilets jaunes» dans le monde entier. «Ils ont même uriné sur le comité de la flamme!», a dénoncé la maire du VIIIe. L'intérieur de l'Arc de triomphe a lui aussi été dévasté. Le moulage de la tête de Marianne y a été brisé.

Mais la liste des saccages est évidemment bien plus longue après les multiples scènes d'émeutes de samedi. Destructions avenue de la Grande Armée, barricades improvisées avenue Foch, véhicules en feu avenue Kléber, saccage de l'avenue Paul Doumer en moins d'une demi-heure, pillage de magasins de luxe rue de Rivoli, voitures de police brûlées rue du Faubourg Saint-Honoré… En tout, une centaine de voitures ont été incendiées - 27 carcasses ont été dégagées dès dimanche matin selon le premier bilan de la mairie de Paris - et au moins une quarantaine de magasins dévastés ou pillés. Près de 190 départs de feu ont été éteints par les sapeurs-pompiers pendant la journée. Dans la capitale, le coût des réparations, déjà chiffré à un million après la précédente mobilisation des «gilets jaunes», s'élèvera à plusieurs millions. La mairie de Paris se désole de la dégradation de l'image de la ville à l'étranger, désastreuse pour le tourisme. «Je suis scandalisé que l'on vienne s'en prendre aux personnes et aux biens, déplore Remy Makinadjian, président du comité Georges-V, qui rassemble une partie des établissements du “triangle d'or”. «Nous sommes très inquiets pour les fêtes de fin d'année. Un acte IV est inenvisageable.»

 

 

 

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