Publié par CEMO Centre - Paris
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Paris : réveil douloureux autour de l’Etoile

dimanche 02/décembre/2018 - 05:38
La Reference
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Au lendemain de ce samedi de « guérilla » et de « chaos », les habitants et les commerçants estiment n’avoir jamais connu une telle violence.

Des regards effarés, l’épuisement des uns, la colère des autres, l’incompréhension de tous. Ce dimanche dans le quartier de l’Etoile, entre l’avenue Kléber (XVIe), la Grande-Armée (XVIIe) ou même la très résidentielle avenue Foch, panser les plaies de la soirée de samedi s’avérait impossible.

Trop d’épaves brûlées à enlever, de vitres de cafés et de commerces à calfeutrer sous du contreplaqué, d’expertises à mener dans les décombres de magasins saccagés. Habitants ou commerçants, tous partagent un désarroi qu’ils n’ont « jamais connu à ce niveau-là », ainsi qu’estime l’un d’eux, spectateur dépité du ballet des dépanneuses venues enlever les carcasses de voitures calcinées. « Anarchie », « guérilla urbaine », « apocalypse », les mots touchent à l’extrême mais « ce qu’on vient de vivre aussi », estime ce Parisien.

Le spectacle de désolation qui se joue encore sur le trottoir de l’avenue de la Grande-Armée en est une illustration. La brasserie de La Belle Armée, ravagée de l’intérieur, a partiellement brûlé, la façade éventrée d’un magasin d’optique attend d’être protégée, un magma de deux-roues et de châssis de voitures enveloppe le quartier dans un relent carbonisé…

Et devant la pharmacie de l’Etoile, c’est l’abattement. « Quand j’ai vu les images et que j’ai compris que les casseurs étaient à la Grande-Armée, vers la pharmacie de ma sœur, je suis tout de suite venu, raconte Marc. Je me suis garé vers l’avenue Foch et je vous jure qu’en remontant à pied vers la pharmacie, pendant 10 secondes je suis retourné 30 ans en arrière : c’était la guerre. Une violence inouïe »…

Marc Hallak et sa sœur Imane, dont l’officine a été saccagée, et a échappé de peu à l’incendie, sont d’origine libanaise. Ils ont vécu la guerre dans leur pays et ces souvenirs leur sont revenus comme un boomerang. Du jamais-vu, jamais ressenti. « Franchement c’est l’incompréhension, s’en prendre à une pharmacie, un lieu au service des gens, ce n’est pas justifiable ! C’est impardonnable… »

Samedi après-midi, Imane n’a eu que le temps de fermer les portes en pressentant « l’assaut ». C’était trop tard, « Ils ont fait exploser l’entrée, tout saccagé et ont mis le feu à des cartons à l’intérieur. C’est une grande chance que le feu n’ait pas pris », raconte son frère. Elle est « découragée » et tient à peine debout, de fatigue et de désespoir. En 13 ans, son officine a déjà essuyé plusieurs saccages, lors de 3e mi-temps de foot et même par une voiture folle, encastrée dans la vitrine il y a quelques années… « Je travaille 60 heures par semaine, là c’est trop », murmure-t-elle.

« Jusqu’où cela ira-t-il ? » s’interroge une passante, en avouant elle aussi « une grande tristesse et de la désolation ». « C’était l’anarchie, je n’ai même pas pu rentrer chez moi, raconte pour sa part Lili, une habitante de la rue Lauriston toute proche. J’étais porte Maillot vers 16 heures et la police m’a dit de ne pas remonter, j’ai dû aller dormir chez des amis. Quel chaos ». Sur le trottoir, des Gilets jaunes sont aussi là pour « donner un coup de main » et ils sont écœurés. « Il faut aussi le dire, que des Gilets jaunes sont là pour aider, pas pour casser », martèle l’un d’eux.

Un peu plus loin dans une contre-allée de l’avenue Foch, le chaos est aussi violent mais plus silencieux. A la place de la file de voitures garées le long de pavillons à visiophones et alarmes, une file d’épaves en cendres, roues en l’air. Les riverains promènent leurs chiens en évitant les obstacles. « Je n’ai pas de mots », lâche l’un d’eux, « il y avait même des pavés, mais que faisaient des pavés ! », lance une autre. « Moi j’ai de la chance, ma voiture est garée juste après l’endroit où ils ont arrêté de cramer… » commente un habitant de l’avenue Kléber.

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