Les congés du Parlement vont-ils entraver la pétition visant à classer Al Nahda comme terroriste?
Sarah Rachad
Le Conseil des députés tunisien a pris des congés parlementaires début août, alors que certains députés cherchent à recueillir des signatures pour une pétition demandant la dissolution du mouvement d’Al Nahda, le représentant des Frères musulmans en Tunisie, et sa classification en “entité terroriste”.
La pétition vise à conclure le dossier de la responsabilité d’Al Nahda dans les années ayant suivi la Révolution tunisienne, dossier suspendu depuis le 25 juillet 2021.
L’Etat tunisien a ouvert de nombreux dossiers relatifs à Al Nahda, mais qui sont restés sans enquête ni preuves, dont l’assassinat des opposants, l’exil des jeunes Tunisiens, le blanchiment d’argent ou la trahison au profit d’Etats étrangers.
Ce sont ces accusations que les députés ont reprises dans leur pétition.
Des députés ont affirmé que du fait du refus catégorique des interventions étrangères qui continuent à violer la souveraineté tunisienne, et en affirmant le principe du droit des peuples à l’autodétermination, conformément aux traités internationaux, toutes les institutions nationales doivent s’impliquer dans cet effort national, à tous les niveaux, et surtout législatif, qui est de la compétence du Conseil des députés du peuple.
Cependant, avec les congés du Parlement, la pétition risque d’avoir le même destin que les tentatives précédentes.
Quant à l’analyste politique tunisien Nazar Al Jalidi, il affirme que cette lenteur pour conclure le dossier d’Al Nahda est due aux éléments que le mouvement a réussi à implanter dans tous les rouages de l’Etat, affirmant que ces éléments entravent la marche des enquêtes.
Il affirme que la Tunisie vit des moments difficiles, à cause de la situation économique, et qu’elle paye le prix des erreurs commises par le mouvement durant les dix années après 2011.
La Tunisie connaît en effet une crise économique sans précédent, se traduisant par la disparition de denrées de base de l’étalage des commerçants, outre une pénurie de carburant, et des observateurs estiment que le remaniement ministériel opéré par le président Qays Saïd la semaine dernière avait pour raison cette pénurie.