Après la mort d'Evguéni Prigojine, l'avenir de Wagner, l'inconnue au centre des questionnements
Les deux dirigeants russes laissent derrière eux un véritable empire, aussi bien militaire qu'économique et diplomatique, dont le devenir pose question.
Des miliciens de Wagner partis en Biélorussie
Sur le front ukrainien, Wagner était déjà en recul depuis plusieurs mois. A la pointe de l'offensive russe sur Bakhmout, ville capturée en mai dernier au prix de pertes humaines colossales, les unités du groupe Wagner avaient annoncé s'être repliées pour céder leurs positions à l'armée régulière.
C'est aussi à l'occasion de cette bataille que les tensions se sont accentuées avec le chef d'état-major, Valéri Guérassimov, et le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou. Prigojine les accusait de priver Wagner de munitions et multipliait les vidéos d'insulte à leur encontre.
Les tensions ont culminé avec la rébellion avortée d'Evgueni Prigojine contre le pouvoir militaire central, un échec qui a semblé signer la disparition des soldats de Wagner du front.
Pour aller où? Consultant défense pour BFMTV, le général Jérôme Pellistrandi voit mal les hommes de Prigojine intégrer l'armée régulière comme le souhaitait Moscou.
"Les miliciens avaient une fidélité totale envers leur chef Prigoijine. Dans l'armée, ce n'est pas le même système de commandement, ni le même rapport à l'autorité", estime notre expert.
Relâchés dans la nature ou partis en Biélorussie pour jouer les "instructeurs" auprès du régime autoritaire d'Alexandre Loukachenko: l'avenir de ces anciens criminiels graciés par le pouvoir russe demeure incertain.
Les réseaux africains de Prigojine
La donne est toute autre en Afrique, où Prigojine a bâti un immense réseau d'influence. Au Mali et au Burkina-Faso, Wagner assure la sécurité des juntes au pouvoir en profitant du départ des troupes françaises. Les mercenaires assistent également le président pro-russe de la Centrafrique, Faustin-Archange Touadéra.
La présence du groupe est par ailleurs attestée en Libye, au Soudan ou encore à Madagascar. A la frontière entre contrats publics et affaires mafieuses, Wagner s'enrichit grâce aux minerais enfouis dans les sols des pays où il intervient.
Passé maître dans l'art de la "guerre hybride", Prigojine jouait aussi en Afrique un rôle de propagandiste, en soufflant sur les braises du ressentiment anti-colonial, notamment à l'égard de la France.