Au Niger, un putsch militaire déstabilise le pays et questionne l’avenir de la France en Afrique de l’Ouest
Après le Mali et le Burkina Faso, c’est au tour du Niger d’être déstabilisé par un putsch militaire. Dans la nuit du 26 au 27 juillet, des membres de la garde présidentielle ont annoncé à la télévision nationale prendre le pouvoir en raison de la « dégradation de la situation sécuritaire ». Comme ses voisins d’Afrique de l’Ouest, le Niger est régulièrement touché par des attaques de Boko Haram au nord du pays.
Mais la situation nigérienne reste confuse. Le président élu Mohamed Bazoum est séquestré par la garde présidentielle dans sa résidence et le ministre des Affaires étrangères Hassoumi Massoudou dénonce un « coup d’Etat » et a affirmé prendre la tête du gouvernement par intérim chez nos collègues de France 24. Il assure aussi que le président Bazoum et lui-même sont les « autorités légitimes ». Sur le réseau social Twitter, Mohamed Bazoum s’est également exprimé alors que le commandement des Forces armées nigériennes a soutenu le putsch dans un communiqué, rapporte Public Sénat.
Contrairement au Mali en 2021 et au Burkina Faso en 2022, ce coup d’Etat au Niger « apparaît au départ comme un putsch corporatiste », décrypte Antoine Glaser, journaliste et spécialiste du continent africain. Concrètement, cela signifie que les militaires qui ont pris le pouvoir étaient en place avant l’arrivée de Mohamed Bazoum en 2021. « Le président nigérien n’avait pas changé l’appareil militaire. Il avait commencé à changer le chef d’État-major depuis quelques mois. Là, il a voulu remplacer le chef d’État-major de la garde présidentielle et ça a dérapé », explique le fondateur de La lettre du continent.
Dans l’après-midi de ce jeudi 27 juillet, des manifestations en soutien aux putschistes ont eu lieu à Niamey, la capitale. L’Agence France Presse rapporte que le siège du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) au pouvoir a été incendié. « Si le siège du PNDS a été brûlé, ça peut prendre une autre tournure et se politiser. On a vu un certain nombre de drapeaux russes dans les rues, mais ça ne veut rien dire. Au Mali et au Burkina, il y avait tout un mouvement anti-français et une instrumentalisation par la Russie avec des trolls », rappelle Antoine Glaser.
1500 militaires français au Niger
Au Niger, le sénateur François Bonneau, président délégué au Niger au sein du groupe d’amitié entre la France et l’Afrique de l’Ouest, n’a jamais ressenti une hostilité envers la France : « Il ne faut pas non plus exagérer ces manifestations. Ce serait une mauvaise perception des choses que de penser que la population du Niger se retourne contre la France ». Le centriste est d’autant plus inquiet et surpris de ce coup d’Etat qu’il n’avait pas senti d’inquiétude sur une potentielle crise politique au sein de la délégation nigérienne qu’il a reçue il y a trois semaines à Paris.