Gilets jaunes : les commerces craignent des pénuries pour le 3ème week-end de blocage
Plusieurs
commerces dans le sud de la France ou encore à La Réunion déclarent avoir du
mal à s’approvisionner.
La Fédération du
commerce et de la distribution (FCD) affirme ce jeudi qu’un troisième week-end
de « blocage des magasins et des entrepôts » dans le cadre du mouvement des Gilets jaunes serait « catastrophique
» pour le commerce.
Ces craintes sont
partagées par les représentants du patronat reçus jeudi par le Premier ministre
Edouard Philippe, qui a demandé aux manifestants d’épargner les commerces, a
fortiori à l’approche de Noël.
« Les PME
aujourd'hui sont un peu prises en tenaille, d'un côté les petites boîtes sont
impactées directement par la hausse des carburants. De l'autre côté, il y a une
très forte crainte sur l'impact économique que peut représenter le mouvement
des gilets jaunes. On se rapproche des fêtes de Noël et pour certains
commerçants, c'est un moment absolument crucial », a expliqué Jean-Eudes du
Mesnil, le secrétaire général de la Confédération des petites et moyennes
entreprises (CPME).
Les « Gilets
jaunes » ont appelé à une nouvelle journée de mobilisation samedi
partout en France et sur les Champs-Elysées. « Les blocages que notre pays
connaît depuis désormais 12 jours ont eu des conséquences extrêmement négatives
pour le commerce : magasins bloqués ou fermés, baisse de la fréquentation par
les clients qui ne peuvent plus circuler, livraisons impossibles du fait du
blocage des entrepôts, rupture sur de nombreux produits, sabotage des pompes à
essence… », déplore la FCD.
Dans plusieurs
villes de France, certains commerces ont en effet du mal à s’approvisionner
depuis les blocages mis en place le 17 novembre. C’est le cas à Sète et à
Balaruc, dans l’Hérault, comme l’expliquait France 3 Occitanie mercredi.
La chaîne locale
de télévision explique que les grandes surfaces de la région ont vu leur
chiffre d’affaires divisé par deux, et qu’elles avaient du mal à remplir leurs
étals de denrées non périssables, celles-ci provenant de Nîmes, où la
circulation est bloquée par des Gilets jaunes.
Toujours dans le
Sud, près d’Avignon (Vaucluse) cette fois, les rayons de produits frais étaient
clairsemés en début de semaine, raconte Europe 1. Un maraîcher explique même avoir été obligé
de jeter ses tomates et d’arracher les plants, faute de pouvoir les acheminer
pour leur vente.
En Gironde, la
Chambre de Commerce et d’Industrie évoque également des difficultés d’approvisionnement en
produits frais dans certains commerces. Les entreprises du BTP souffrent aussi
d’une pénurie de matières premières.
A La Réunion, où la situation s’était révélée particulièrement tendue et a
entraîné la mise en place temporaire d’un couvre-feu, ce sont les œufs et
parfois la viande qui manquent, d’après le journal local L’info.
La FCD, qui
regroupe la plupart des enseignes de la grande distribution, affirme que les
ventes dans le secteur ont enregistré un « recul massif de 35 % » le premier
samedi de mobilisation, et de 20 % au cours du week-end dernier, « sans espoir
de report notamment pour les produits frais ».
« Les conséquences
sont particulièrement lourdes pour nos clients qui ne peuvent plus faire leurs
achats à la veille des fêtes, pour nos fournisseurs qui ne peuvent plus nous
livrer, pour nos salariés empêchés de travailler et qui risquent d’en subir les
conséquences financières ou sur leur emploi, et pour nos magasins, qui
enregistrent de lourdes pertes », souligne la FCD.
Elle juge qu'« un
nouveau week-end de blocage serait dramatique pour le commerce » et demande aux
pouvoirs publics « de tout faire pour que la liberté de circulation et l’accès
à nos magasins et entrepôts soient totalement respectés. C’est un droit
fondamental qui ne peut souffrir d’exception », souligne la fédération.
Lundi, le ministre de l’Economie Bruno
Le Maire avait annoncé des mesures de soutien aux entreprises affectées par le
mouvement, notamment un étalement des échéances sociales et fiscales et des
mesures de chômage partiel. Il avait promis que le gouvernement « ferait en sorte » d’assurer la liberté de commercer
et de circuler.