Publié par CEMO Centre - Paris
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Au Yémen, une bousculade fait des dizaines de morts et des centaines de blessés durant une action caritative

mardi 04/juillet/2023 - 02:47
La Reference
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Le drame est survenu au cours d’une action caritative au Yémen. « Quatre-vingt-cinq personnes ont été tuées, et plus de 322 ont été blessées » dans une bousculade qui s’est déclenchée lors de cette opération organisée dans le quartier de Bab Al-Yemen de Sanaa, la capitale yéménite aux mains des rebelles houthistes, ont affirmé jeudi 20 avril, à l’Agence France-Presse (AFP), des responsables houthistes. Ce bilan a été confirmé par un responsable des autorités médicales des rebelles.
« Des femmes et des enfants figurent parmi les personnes décédées », et une cinquantaine de blessés sont dans un état grave, a affirmé une source sécuritaire, qui a requis l’anonymat car elle n’est pas autorisée à parler aux médias.
Ce mouvement de foule, qui intervient à quelques jours de la fête musulmane de l’Aïd-el-Fitr marquant la fin du ramadan, a eu lieu dans une école du quartier de la vieille ville, où des centaines de personnes s’étaient rassemblées pour recevoir une aide de 5 000 riyals (18 euros), distribuée par un commerçant. Cette somme représente l’équivalent d’un repas pour une famille, dans l’un des pays les pauvres du monde arabe, confronté de surcroît à une inflation galopante.
Englouti par la foule
« Les gens se sont bousculés, les uns sur les autres, et ma tête a cogné un mur », raconte à l’AFP Alaa Saïd, un résident de Sanaa de 28 ans qui figure parmi les blessés légers. « J’étais parmi ceux qui étaient au bout d’une foule immense et on a entendu des cris venir de devant », confie Nabil Ahmed, un autre rescapé âgé de 23 ans.
Une vidéo diffusée par la chaîne de télévision des rebelles, Al-Masirah TV, montre des corps entassés et des personnes grimpant les unes sur les autres pour tenter de se frayer un chemin. Certains essayent de repousser les mains de leur visage pour pouvoir respirer, le reste de leur corps étant complètement englouti par la foule dense tandis que des combattants armés en tenue militaire tentent de les pousser dans la direction opposée. Dans une autre vidéo, des corps gisent sur le sol, dans la panique générale.
Certains témoins affirment que des coups de feu ont provoqué le mouvement de foule, ce qui n’a pas pu être vérifié de manière indépendante par l’AFP.
Sur place, les journalistes n’ont pas eu accès au lieu de l’accident, bouclé par les services de sécurité des rebelles. Des vêtements déchirés et des chaussures écrasées jonchent encore les rues étroites des alentours.
Le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule Arabique, est dévasté depuis 2014 par un conflit qui oppose les houthistes, des rebelles soutenus par l’Iran, aux forces progouvernementales appuyées par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite.
Trois commerçants interpellés
La guerre a fait des centaines de milliers de morts et provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde. Les efforts visant à mettre fin au conflit se sont intensifiés ces dernières semaines, sur fond de réchauffement des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran.
L’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, s’est dit « profondément attristé par la tragique bousculade ». Ce « drame » rappelle « l’urgence de mettre fin (…) à la crise humanitaire (…) en réglant le conflit », a, de son côté, réagi le ministère français des affaires étrangères. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont aussi exprimé leurs condoléances.
Les autorités de Sanaa ont attribué la catastrophe à « l’excès de monde » présent dans la rue étroite menant à l’école. « Quand les portes ont ouvert, la foule s’est précipitée dans les escaliers menant à la cour d’école », a écrit sur Twitter Mohammed Ali Al-Houthi, haut responsable des rebelles houthistes.
Ces derniers ont annoncé l’ouverture d’une enquête. « Trois commerçants ont été interpellés », a précisé un responsable sécuritaire à Sanaa. Selon un témoin interrogé par les houthistes, les citoyens avaient « été informés il y a près d’une semaine que de l’argent serait distribué sans condition ».
Cette bousculade vient s’ajouter à un contexte d’épidémies, de manque d’eau potable et de faim aiguë, avec plus des trois quarts de la population dépendant d’une aide internationale qui ne cesse pourtant de diminuer. Dans les zones contrôlées par les rebelles, dont la capitale, de nombreux fonctionnaires n’ont pas été payés depuis des mois.

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