Afghanistan : seconde exécution publique depuis la prise du pouvoir par les talibans
mardi 20/juin/2023 - 03:08
« Il a été exécuté en public dans la ville de Sultan Ghazi Baba, dans le centre de la province de Laghman, de manière à ce qu’il souffre et que (sa mort) serve de leçon aux autres », ont écrit des responsables provinciaux dans un communiqué. Le texte nomme l’homme exécuté comme « Ajmal, fils de Naseem » et indique qu’il avait été condamné pour le meurtre de cinq personnes.
Un responsable du service provincial de communication et de la culture a indiqué à l’AFP qu’environ 2 000 personnes avaient assisté à l’exécution - dont des parents de ses victimes - et que celle-ci avait été menée en conformité avec la loi islamique. Une première exécution publique avait eu lieu en décembre dans la province de Farah (ouest).
Les exécutions publiques étaient courantes sous le premier régime des talibans, entre 1996 et 2001. Les condamnés étaient le plus souvent tués par balle ou par lapidation, selon les crimes reprochés.
Le communiqué nomme l’homme exécuté mardi comme « Ajmal, fils de Naseem » et indique qu’il avait été condamné pour le meurtre de cinq personnes.
En novembre, le chef suprême du pays, Hibatullah Akhundzada, avait ordonné aux juges d’appliquer tous les aspects de la charia, notamment les exécutions publiques pour meurtre en vertu du principe de « qisas » ou loi du talion, mais aussi les châtiments corporels (lapidation, flagellation, amputation de membres).
« J’ai vu le criminel être exécuté pour qisas, après que la famille des victimes ne lui a pas pardonné », a déclaré à l’AFP un témoin de l’exécution, qui a requis l’anonymat. « Il a été abattu de six balles, si j’ai bien compté. Je n’ai pas pu voir s’il était mort ou non, mais il a ensuite été transporté par une ambulance », a-t-il ajouté.
« Bien que les gens puissent voir »
La sentence a été exécutée par un bourreau qui a tiré sur le condamné avec un fusil d’assaut kalachnikov et non par un parent des victimes comme le permet le « qisas », selon un responsable provincial. Lors de l’exécution de décembre, le père de la victime avait lui-même abattu le meurtrier de son fils.
« Pour de tels crimes, il est bien que les gens puissent voir et gardent en eux la peur au moment de commettre des actes aussi inhumains », a estimé le même témoin ayant parlé à l’AFP. « Il y avait beaucoup de peur, d’émotions. Nous ne sommes pas habitués à de telles choses », a-t-il ajouté.
Dans le cas d’Ajmal, toutes les possibilités d’appel avaient été épuisées et la décision finale d’exécuter la sentence a été prise par le chef suprême en personne, a précisé dans un communiqué la Cour suprême.
Hibatullah Akhundzada s’est « extraordinairement documenté « sur ce dossier, qui « a été discuté avec les érudits lors d’un grand rassemblement », a expliqué l’instance.
« A la fin, l’ordre de qisas pour le meurtrier a été approuvé et ordre a été donné de l’appliquer », a-t-elle ajouté.
Ajmal avait tué cinq personnes « en deux phases », a indiqué la Cour. Il avait abattu quatre personnes dans une maison de la province de Laghman, avant de tuer un autre homme ailleurs. La date des meurtres n’a pas été précisée.
A leur retour au pouvoir, les talibans avaient promis de se montrer plus souples dans l’application de la charia, mais ils sont largement revenus à l’interprétation austère de l’islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir.