Iran : Téhéran dévoile le missile hypersonique Fattah, imprévisible et maniable
vendredi 09/juin/2023 - 04:58
Tout beau tout neuf. Les autorités iraniennes présentaient au monde entier leur premier missile balistique hypersonique conçu localement. Fabriqué par la Force aérospatiale des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique, il a été nommé Fattah, « victorieux », en langue arabe. Il a été présenté sur une estrade au cours d’une cérémonie organisée en présence du président Ebrahim Raïssi et de responsables militaires, dont le chef des Gardiens, le général Hossein Salami, selon la télévision d’Etat et l’agence Irna.
« Nous devrions remercier Dieu pour cette grande réalisation », car « elle rendra le pays plus fort », a déclaré Ebrahim Raïssi dans son discours. Ce missile va renforcer « le pouvoir de dissuasion » de l’Iran, ce « qui apporte la sécurité et une paix stable aux pays de la région », a-t-il ajouté.
Vitesse, portée et maniabilité
Selon Irna, la portée du missile Fattah est de 1.400 km et sa vitesse avant d’atteindre la cible est comprise entre 13 à 15 fois la vitesse du son. Les missiles hypersoniques volent à basse altitude dans l’atmosphère et sont manœuvrables, ce qui rend leur trajectoire difficilement prévisible et leur interception difficile. Téhéran affirme que cet engin peut passer à travers les systèmes de défense aériens de n’importe quel pays de la région.
C’est « un missile unique au monde », a félicité le général Hadjizadeh, commandant de la Force aérospatiale de l’armée des Gardiens de la révolution, cité par Irna. « Il n’y a pas d’arme antimissile contre Fattah en raison de sa technologie. Le missile Fattah ne peut être détruit par aucun missile en raison de sa manœuvre dans différentes directions et dans diverses altitudes », a-t-il ajouté.
Le développement du missile Fattah va renforcer l’arsenal militaire de l’Iran et, par conséquent, les inquiétudes de nombreux pays, en premier lieu les Etats-Unis et Israël, ce dernier craignant que son territoire puisse être atteint par les armes iraniennes.
Un contexte particulier pour l’Iran
L’Iran avait annoncé en novembre la fabrication de ce missile, suscitant l’inquiétude de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) concernant le programme nucléaire iranien. Toutefois, le chef de l’AIEA, Rafael Grossi, avait indiqué que cette annonce ne « devrait pas avoir d’influence » sur les négociations autour du programme nucléaire de l’Iran. Ces discussions sont au point mort depuis l’été 2022.
Le dévoilement du nouveau missile intervient alors que l’Iran cherche à normaliser ses relations avec les pays arabes, notamment l’Arabie saoudite où il doit rouvrir son ambassade mardi à Riyad après sept ans de discorde entre les deux pays.
Des informations de presse font en outre état de contacts indirects entre l’Iran et les Etats-Unis pour ranimer l’accord connu sous l’acronyme JCPOA, limitant les activités atomiques de l’Iran en échange d’une levée des sanctions internationales. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a répété lundi que l’administration Biden considérait l’Iran comme la principale menace pour Israël et qu’il ne lui serait jamais permis d’obtenir l’arme nucléaire.