Publié par CEMO Centre - Paris
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Intelligence artificielle: le gouvernement dégaine son plan

jeudi 29/novembre/2018 - 01:51
La Reference
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La ministre de la recherche Frédérique Vidal et le secrétaire d'Etat au Numérique Mounir Mahjoubi ont détaillé à Toulouse comment l'Etat va consacrer 665 millions d'euros à la recherche dans cette discipline d'ici à 2022.

C’est le jour J pour le plan français sur l’intelligence artificielle. Le gouvernement détaille ce mercredi sa stratégie nationale de recherche en IA, qui prévoit au total un effort budgétaire de 665 millions d’euros jusqu’en 2022 : 60% de cette somme proviendra de fonds ministériels, le reste étant financé par le programme d'investissements d'avenir (PIA). Conjointement en charge du dossier, les ministres de l’Enseignement supérieur et de la recherche Frédérique Vidal et le secrétaire d’Etat au Numérique Mounir Mahjoubi ont présenté à Toulouse les grandes orientations de ce plan très largement inspiré des propositions du rapport présenté au printemps dernier par le député et mathématicien Cédric Villani.

L’Etat va consacrer 100 millions d’euros aux «3IA», des centres interdisciplinaires appelés à devenir les vaisseaux amiraux de la recherche française en intelligence artificielle. Quatre pôles régionaux regroupant écoles, universités, centres de recherche publics et privés ainsi que des grandes entreprises et des start-up ont été retenus pour bénéficier de ce label «3IA» : Paris avec son projet «Prairie», Toulouse («Aniti»), Grenoble («MIAI@Grenoble-Alpes») et Nice («3IA Côte d’Azur»). Les champs d’activité de ces 3IA concernent la santé, présente dans les quatre projets, l’environnement (Grenoble, Paris et Toulouse), les transports (Paris et Toulouse), le développement des territoires (Nice) et enfin l’énergie (Grenoble).

Objectif 500 doctorats par an

Officiellement, ils ne sont encore que candidats et toute la question est de savoir comment seront répartis entre eux l’argent public que le gouvernement va consacrer à ces nouveaux superpôles de recherche à vocation internationale. Au total et en incluant les apports du secteur privé, environ 300 millions d’euros seront investis dans leurs actions allant de programmes d’enseignement et de recherche à des approches plus grand public afin de sensibiliser les étudiants et les citoyens en général aux enjeux de l’IA. Le chiffre de 50 «labcoms», un terme désignant des laboratoires associant universités et entreprises est également avancé pour un montant d’argent public de 60 millions d’euros.

Autre annonce attendue, l’exécutif va augmenter les financements de doctorants en intelligence artificielle, avec l’objectif à terme, de doubler leur nombre en permettant aux chercheurs de consacrer jusqu’à 50% à des activités en entreprise contre 20% précédemment. «Nous avons à peu près 250 doctorats en IA soutenus par an, l’objectif est de passer à 500», indique Frédérique Vidal. Le gouvernement prévoit aussi la création de 200 chaires qui pourront accueillir des candidats français comme étrangers. Le budget alloué aux chaires et aux doctorats doit s’élever environ à 70 millions d’euros.

Du côté des infrastructures, le plan prévoit également une enveloppe de 115 millions d’euros pour investir dans les superordinateurs, dont la puissance de calcul est nécessaire pour que les chercheurs puissent mener à bien leurs recherches. D’une puissance supérieure à 10 pétaflops (soit 10 millions de milliards d’opérations par seconde), un supercalculateur réservé à l’IA doit être opérationnel d’ici à 2020 sur le plateau de Saclay dans l'Institut du développement et des ressources en informatique scientifique (Idris) du CNRS.

Rivaliser avec la Chine et les Etats-Unis

Le plan comprend enfin 115 millions pour les coopérations, notamment avec l’Allemagne qui présentera prochainement son plan IA, et 100 millions d’euros pour les «Grands défis» autour de programmes de recherche ciblés. Ces projets de rupture seront financés par le Fonds pour l’innovation et l’industrie (FII), doté à terme de 10 milliards d’euros issus des cessions d’actifs publics dans Engie, la Française des jeux et Aéroports de Paris qui vont être privatisés. Les deux premiers défis sélectionnés portent sur l’amélioration des diagnostics médicaux grâce à l’IA et la certification de ses algorithmes.

«L’ambition de la France est claire, il s’agit de faire en sorte, avec l’Allemagne que l’Union européenne soit capable de rivaliser avec la Chine et les Etats-Unis en matière d’intelligence artificielle», explique-t-on au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Si la France est l’un des pays en pointe dans la recherche en IA grâce notamment à son école mathématique – selon une récente enquête de l’Institut Roland-Berger, elle concentre 21% des laboratoires européens dans cette discipline, soit la première place de l’UE sur ce critère –, elle est à ce jour devancée en nombre de start-up par la Grande-Bretagne. Au total en incluant les apports privés en financements et en nature, autour d’un milliard d’euros doit être dépensé dans la recherche dans ce domaine d’ici 2022. Si les comparaisons internationales sont difficiles dans ce domaine, on estime cependant que la Chine, qui forme avec les Etats-Unis un duopole des superpuissances de l’IA, en dépense au moins autant chaque année. Récemment, une étude pointait le réveil européen dans ce secteur mais déplorait la «fragmentation» de stratégies nationales trop éparpillées pour permettre à l’Europe de rivaliser dans ce domaine.

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