Maroc - Algérie : Rabat renouvelle sa main tendue
Rabat
regrette que son invitation à créer un "mécanisme de dialogue" avec
Alger soit restée lettre morte. Le ministre marocain des Affaires étrangères,
Nasser Bourita, demande une "réaction officielle" à cette offre.
Le Maroc, qui avait offert début novembre à l'Algérie de "dépasser
les différends" entre les deux pays en créant un
"mécanisme de dialogue", a "regretté" lundi que son
invitation soit restée sans réponse et appelé à une "réaction
officielle".
Le chef
de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, s'est entretenu à ce sujet lundi
avec l'ambassadeur d'Algérie à Rabat, "après plusieurs démarches,
formelles et informelles, entreprises vainement, dix jours durant, afin
d'établir un contact avec les autorités algériennes à un niveau
ministériel", selon un communiqué du ministère marocain des Affaires
étrangères.
Au
cours de cette entrevue, Nasser Bourita a "réitéré le souhait du royaume
de connatre la réaction officielle des autorités algériennes à l'initiative
d'établissement d'un mécanisme politique de dialogue et de concertation avec
l'Algérie", selon ce communiqué.
Sans
répondre directement à la proposition marocaine, Alger avait formellement
demandé la réunion rapide du Conseil des ministres des Affaires étrangères des
cinq pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA), en vue de relancer l'organisation
régionale, paralysée par les différends entre Alger et Rabat. Créée
en 1989 mais aujourd'hui moribonde, l'UMA regroupe le Maroc, l'Algérie, la
Tunisie, la Libye et la Mauritanie.
Rabat a
dit lundi avoir "pris note" de cette demande en assurant ne pas avoir
"d'objection de principe quant à la tenue d'une réunion du Conseil des
ministres des Affaires étrangères" de l'UMA.
Mais la
proposition algérienne, sans rapport avec l'offre d'origine "purement
bilatérale", s'inscrit "dans le cadre de la relance de la
construction régionale", selon le chef de la diplomatie marocaine.
C'est
dans un discours télévisé prononcé le 6 novembre que le roi
Mohammed VI avait proposé un nouveau "mécanisme politique conjoint de
dialogue et de concertation" pour relancer des relations qui
"échappent à la normalité, créant, de fait, une situation
inacceptable".
La
frontière entre les deux pays est fermée depuis 1994, et la dernière
rencontre entre leurs chefs d'État remonte à 2005. Les rapports entre les
deux poids lourds du Maghreb sont plombés depuis 40 ans par la question du
Sahara occidental, ancienne colonie espagnole revendiquée par Rabat – qui en
contrôle la majeure partie – et par le Polisario, soutenu par l'Algérie, qui
réclame un référendum d'autodétermination.
Bloquées
depuis 2012, des discussions doivent débuter les 5 et 6 décembre
à Genève sous l'égide des Nations unies et réunir le Maroc, le Front Polisario,
l'Algérie et la Mauritanie.