Peine capitale. En Iran, la pendaison, arme favorite du régime pour se maintenir au pouvoir
vendredi 14/avril/2023 - 07:25
Plus de 582 pendaisons ont eu lieu en Iran en 2022, un chiffre en hausse de 75 % par rapport à 2021 et un record depuis sept ans, selon deux organisations de défense des droits humains. Et plus de la moitié des condamnations à mort ont été exécutées après le début des manifestations en septembre dernier. Selon les militants, le régime iranien utilise la peine capitale afin d’“instiller la peur” et de “maintenir son pouvoir”.
Courrier international
PagLe chiffre d’au moins 582 exécutions en 2022 est le plus élevé en Iran depuis 2015 – année durant laquelle 972 exécutions avaient été recensées – et en hausse de 75 % sur un an, 333 exécutions ayant eu lieu en 2021, indique le média d’opposition IranWire, citant un rapport détaillé publié par l’ONG basée en Norvège Iran Human Rights (IHR) et Ensemble contre la peine de mort (ECPM), installée à Paris.
En 2022, 44 % des exécutions étaient liées à des affaires de drogue, contre 49 % pour des affaires de meurtre. Par ailleurs, au moins trois mineurs et 16 femmes figuraient parmi les personnes exécutées, souvent par pendaison.
Les membres de la minorité baloutche, principalement sunnite et vivant dans la province pauvre du Baloutchistan, représentent 30 % des exécutions alors qu’ils comptent pour seulement 2 à 6 % de la population nationale.
“Semer la terreur”
La peine capitale contre 15 personnes, dont deux manifestants du mouvement de contestation secouant le pays depuis septembre, a été appliquée pour des accusations d’atteinte à la sécurité.
“La République islamique utilise la peine de mort comme un moyen d’instiller la peur afin de maintenir son pouvoir”, explique à IranWire le directeur d’IHR, Mahmoud Amiri Moghadam.
Selon le rapport, plus de la moitié des condamnations à mort ont été exécutées après le début des manifestations. “Afin de semer la terreur au sein de la population, le gouvernement a multiplié les exécutions de personnes accusées de crimes de droit commun”, souligne M. Amiri Moghadam.
Selon le dernier bilan fourni début avril par IHR, au moins 537 personnes ont été tuées par les forces de sécurité iraniennes lors de la répression du mouvement de contestation, tandis que des dizaines de milliers ont été interpellées, selon les autorités.