Publié par CEMO Centre - Paris
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Les talibans interdisent aux Afghanes de travailler pour l’ONU

vendredi 14/avril/2023 - 07:18
La Reference
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Les femmes ne pouvaient déjà plus, depuis décembre 2022, être employées par des associations humanitaires, mais jusqu’à aujourd’hui, les employées des Nations unies étaient épargnées par ces mesures. 
Une décision « inconcevable » qui risque d’entraver les opérations humanitaires : l’ONU a dénoncé, mardi 4 avril, l’interdiction faite aux Afghanes, par les talibans, de travailler pour les Nations unies.
La mission des Nations unies en Afghanistan (Manua) avait annoncé plus tôt dans la journée que ses employées afghanes, jusqu’ici épargnées par ces mesures restrictives, avaient été empêchées de travailler dans la province de Nangarhar, dans l’est du pays.
« La Manua a entendu parler d’un ordre des autorités qui interdisent de facto aux employées nationales de l’ONU de travailler » et « on nous a dit par différents canaux que l’interdiction s’applique à tout le pays », a déclaré à la presse Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
Notant qu’aucun ordre écrit n’avait été reçu pour le moment, il a précisé que des responsables de l’ONU devaient rencontrer les autorités mercredi à Kaboul pour tenter d’obtenir de la « clarté ».
Au total 3 900 personnes travaillent pour l’ONU en Afghanistan dont 3 300 nationaux, selon les chiffres de l’ONU. Environ 600 femmes font partie de ces employés, dont environ 400 Afghanes.
« Pour le secrétaire général, une telle interdiction serait inacceptable et franchement inconcevable », a insisté Stéphane Dujarric, dénonçant une tendance à « saper les capacités des organisations humanitaires d’aider ceux qui en ont le plus besoin ». « De façon évidente, étant donné la société et la culture, nous avons besoin des femmes pour distribuer l’aide humanitaire aux femmes », a souligné le porte-parole.
Même si l’ONU analyse pour l’instant l’impact sur ses opérations, « il est très difficile d’imaginer comment distribuer de l’aide humanitaire sans notre personnel féminin », a-t-il martelé, soulignant que 23 millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont concernés par l’aide humanitaire.
Contacté par l’Agence France-Presse, après le tweet de la Manua concernant la province de Nangarhar, le porte-parole du gouvernement, Zabihullah Mujahid avait dit se renseigner sur ce qui s’était passé.
Trois millions d’enfants menacés de malnutrition
L’Afghanistan est en proie à l’une des pires crises humanitaires de la planète : plus de la moitié de ses 38 millions d’habitants est confrontée à une insécurité alimentaire aiguë et trois millions d’enfants sont menacés de malnutrition. Or, dans la société afghane, profondément conservatrice et patriarcale, il n’est pas permis à une femme de parler à un homme qui n’est pas un proche parent. Une femme ne peut donc entrer en contact qu’avec une distributrice d’aide.
Le 24 décembre 2022, le ministère afghan de l’économie avait annoncé que les 1 260 ONG exerçant dans le pays avaient désormais interdiction de travailler avec des femmes afghanes, en raison de « graves plaintes » quant au non-respect du port du hijab, qui doit couvrir entièrement le corps et le visage. L’ONU n’était toutefois pas concernée.
La cheffe de la Manua, Rosa Otounbaïeva, avait néanmoins fait part de ses inquiétudes lors d’un discours prononcé devant le Conseil de sécurité des Nations unies le 8 mars, Journée internationale des femmes. « Nous craignons que le personnel féminin national travaillant pour les Nations unies soit également interdit », avait-elle déclaré.
Au lendemain de l’interdiction, plusieurs ONG avaient annoncé qu’elles suspendaient leurs activités, avant de reprendre mi-janvier avec l’appui de leur personnel féminin dans quelques secteurs bénéficiant d’exemptions comme la santé et la nutrition.
Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans sont revenus à l’interprétation austère de l’islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir (1996-2001) et ont multiplié les mesures liberticides à l’encontre des femmes.

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