L’Iran accepte de rebrancher les caméras de surveillance sur plusieurs sites nucléaires
dimanche 26/mars/2023 - 02:48
Le nombre de visites à l’usine souterraine de Fordo, où ont été récemment détectées des particules enrichies à un niveau proche du seuil de la bombe atomique, va être relevé de 50 %, a déclaré, samedi, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Mariano Grossi, de retour de Téhéran.
Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi, a salué, samedi 4 mars, des « discussions constructives » avec l’Iran. L’Iran a accepté de rebrancher les caméras de surveillance sur plusieurs sites nucléaires et d’augmenter le rythme des inspections, a déclaré, samedi à l’aéroport de Vienne, le directeur général de l’AIEA. Rafael Mariano Grossi revenait d’une visite de deux jours à Téhéran, où il a eu des entretiens au plus haut niveau, dont un avec le président iranien, Ebrahim Raïssi.
Cela devrait être mis en place « très bientôt », à l’issue d’une réunion technique, a-t-il précisé, alors que le communiqué publié conjointement avec l’Organisation de l’énergie atomique de l’Iran (OEAI) reste vague.
Par ailleurs, le nombre de visites de l’instance onusienne à l’usine souterraine de Fordo, où ont été récemment détectées des particules enrichies à un niveau de 83,7 %, proche du seuil de la bombe atomique, va être relevé de 50 %.
La République islamique avait fortement limité les inspections et débranché des caméras de surveillance l’an dernier, plongeant l’AIEA dans le flou, dans un contexte de détérioration des relations entre l’Iran et les puissances occidentales.
Un accord moribond depuis 2018
« Nous avons stoppé l’hémorragie d’informations » dont dispose l’AIEA, a estimé M. Grossi. Ces derniers mois, faute de surveillance suffisante, l’agence avait dit ne plus être en mesure de garantir le caractère pacifique du programme nucléaire iranien.
« C’est très, très important », « en particulier dans la perspective de ranimer l’accord » conclu en 2015 à Vienne entre Téhéran et les grandes puissances pour limiter les activités nucléaires de l’Iran, en échange d’une levée des sanctions internationales contre le pays.
Cet accord (en anglais Joint Comprehensive Plan of Action, JCPoA) était moribond depuis le retrait des Etats-Unis, décidé en 2018 par leur président d’alors, Donald Trump, et parce que la République islamique s’est dans la foulée progressivement affranchie de ses engagements. Des négociations avaient repris en avril 2021 à Vienne entre Téhéran et les Etats parties (Chine, Russie, Royaume-Uni, France, Allemagne et Union européenne), avec la participation indirecte des Etats-Unis, mais elles sont bloquées depuis août 2022.
Le stock total d’uranium enrichi de l’Iran s’élevait ainsi à 3 760,8 kilos à la date du 12 février (contre 3 673,7 kilos en octobre), soit plus de dix-huit fois la limite autorisée par le JCPoA, d’après les calculs de l’AIEA.
M. Grossi doit ensuite en présenter les résultats lors d’un conseil des gouverneurs de l’AIEA, prévu la semaine prochaine. Selon les avancées obtenues, Washington, Londres, Berlin et Paris décideront de soumettre ou non une proposition de résolution blâmant Téhéran pour les récentes évolutions de son programme nucléaire.