En Afghanistan, un haut responsable taliban tué dans un attentat
samedi 18/mars/2023 - 08:12
Mohammad Dawood Muzammil, le gouverneur taliban de la province afghane de Balkh, a été tué dans l’explosion de son bureau le 9 mars, a déclaré le porte-parole de la police de la province. Il est l’un des plus hauts responsables talibans à être ainsi assassiné depuis qu’ils sont revenus au pouvoir, en août 2021.
« Deux personnes, dont Mohammad Dawood Muzammil, ont été tuées dans une explosion ce matin à 9 heures. Il s’agit d’un attentat-suicide. Nous n’avons pas d’informations sur la manière dont le kamikaze a atteint le bureau du gouverneur », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Asif Waziri, porte-parole de la police de Balkh.
Ce haut responsable taliban était connu pour sa lutte contre les djihadistes du groupe Etat islamique (EI). Sa mort survient au lendemain de sa rencontre avec de hauts responsables gouvernementaux venus dans la province de Balkh pour discuter d’un important projet d’irrigation dans le nord de l’Afghanistan, selon un communiqué du gouvernement. Mohammad Dawood Muzammil avait été initialement nommé gouverneur de la province orientale de Nangarhar après la prise de pouvoir par les talibans. A Nangarhar, il a mené la lutte contre l’EI, avant d’être nommé gouverneur de Balkh l’année dernière.
Le gouverneur a été tué « par les ennemis de l’islam », a pour sa part tweeté le porte-parole du gouvernement, Zabihullah Mujahid. Les journalistes n’ont pas été autorisés à prendre des images, a rapporté un correspondant de l’AFP depuis le site de l’explosion, où ont été déployées des forces de sécurité.
L’EI lutte pour un « califat » mondial, tandis que les talibans souhaitent l’indépendance de l’Afghanistan
Le retour des talibans au pouvoir a mis fin à deux décennies de guerre contre les forces de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et les Etats-Unis, entraînant une réduction significative de la violence. Mais la situation s’est détériorée depuis l’année dernière, l’EI ayant revendiqué plusieurs attaques meurtrières, le plus grand défi sécuritaire pour le gouvernement.
Le 11 janvier, un attentat-suicide devant l’entrée du ministère des affaires étrangères à Kaboul, revendiqué par l’EI, a fait 10 morts et 53 blessés, selon la dernière estimation effectuée par la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua). Moins d’un mois plus tôt, le 12 décembre, un attentat également revendiqué par l’EI avait été perpétré par des hommes armés, dont certains avaient été tués, contre un hôtel de la capitale afghane abritant des hommes d’affaires chinois. Cinq citoyens chinois avaient été blessés au cours de cet attentat. Certains clients avaient sauté par les fenêtres de l’établissement pour échapper à l’incendie qui s’était déclaré au cours de l’attaque.
En septembre, un influent imam protaliban exerçant dans l’une des plus grandes mosquées d’Hérat, dans l’ouest du pays, Mujib ur Rahman Ansari, avait été tué dans une énorme explosion, dans laquelle avaient également péri 17 autres personnes. Au début d’août, un autre dignitaire religieux taliban et son frère avaient été tués dans un attentat-suicide dans une école coranique de Kaboul, revendiqué par l’EI. Ce religieux, Rahimullah Haqqani, était notamment connu pour ses réquisitoires violents à l’encontre de l’EI.
L’Etat islamique au Khorassan (EI-K), branche régionale de l’EI, a multiplié les attaques contre des étrangers, des minorités religieuses et des institutions gouvernementales. L’EI et les talibans partagent une idéologie islamiste sunnite austère, mais le premier lutte pour l’établissement d’un « califat » mondial, tandis que les seconds souhaitent diriger un Afghanistan indépendant.