Publié par CEMO Centre - Paris
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Double peine. En Syrie, depuis le séisme, les tentes sont devenues hors de prix

mercredi 01/mars/2023 - 05:41
La Reference
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Après le tremblement de terre du 6 février qui a détruit ou fragilisé des milliers de maisons dans le nord-ouest de la Syrie, les survivants se sont rués sur les tentes de fortune, dont les prix flambent à cause de la demande, raconte le site “Daraj”Partager
Oum Rachdi et ses trois enfants ont survécu au terrible séisme qui a frappé le nord de la Syrie et le sud de la Turquie le 6 février. Mais elle a perdu son mari et sa maison, ainsi qu’elle le raconte au site Daraj.
Après le tremblement de terre, elle a trouvé refuge chez son oncle, à Milis, dans la province syrienne d’Idlib, dans une maison située dans les vergers et qui n’a qu’un seul étage. Mais Oum Rachdi et ses enfants n’étaient visiblement pas les bienvenus. 
Alors, au bout de treize jours, elle se rend dans les bureaux du gouvernement qui administre cette zone rebelle échappant au contrôle du régime de Bachar El-Assad pour demander une tente. “Où voulez-vous que je vous trouve une tente ? Vous voulez que je la paie de ma poche ?” lui répond-on.
Après quatre jours passés dans un refuge, l’idée lui vient de vendre ses boucles d’oreilles pour pouvoir acheter cette tente.
“Les bijoux valaient environ 110 dollars. Je pensais que j’allais pouvoir acheter une tente et quelques produites de première nécessité mais je vivais dans un rêve. La tente la moins chère coûte 140 dollars.”
“Ça reste mieux que la mort”
Dans les zones de Syrie touchées par le séisme, explique Daraj, “nombreux sont ceux qui ont préféré quitter leur maison et s’installer dans des tentes, dans des centres d’hébergement ou près de leurs habitations endommagées, par crainte des répliques”.
Mais le prix des tentes a très vite augmenté, dès le 10 février. D’après le site, le prix d’une tente au 23 février dans le gouvernorat d’Idlib oscillait entre 170 et 230 dollars (entre 160 et 216 euros). Il s’agit bien souvent de tentes de fortune fabriquées à partir d’auvents et d’isolants fixés entre eux par des barres de fer.
D’après un forgeron de la région d’Idlib interrogé par le site, le prix du kilogramme de fer est passé de 80 centimes avant le séisme à 1,20 dollar “en raison de l’augmentation insensée de la demande”. Le tout, en sachant qu’il faut au minimum 60 kg de fer pour monter une tente, même de petite taille. Et, selon un revendeur d’auvents et d’isolants en plastique, il faut débourser environ 60 dollars pour avoir une enveloppe de tente complète, “mais ces prix changent toutes les heures en fonction de l’offre et de la demande”.
Oum Rachdi a finalement acheté une tente usée pour 100 dollars, et avec le reste de l’argent qu’elle a tiré de la vente de ses boucles d’oreilles, elle s’est procuré des couvertures pour occulter les parties déchirées du toit de cet abri de fortune qui comprend une chambre, une salle de bains, une cuisine et une chambre d’amis. Aucune intimité, “mais ça reste mieux que la mort”, dit-elle.
D’après une ONG présente sur place, le séisme a rendu plus de 14 000 maisons inhabitables dans le Nord-Ouest syrien, auxquelles s’ajoutent près de 11 000 habitations fortement endommagées. Environ 80 % de la population vit en dehors de sa maison.
Le dernier bilan fait était d’au moins 50 000 morts en Turquie et en Syrie.

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