En Iran, « il est devenu plus difficile de contrôler la population »
lundi 27/février/2023 - 08:20
Si les manifestations sont devenues rares dans la majorité des villes, le soulèvement, commencé en septembre 2022, a permis de desserrer l’emprise du régime sur la société. Des femmes ne craignent plus de se montrer sans voile. La détérioration rapide de l’économie et l’inflation accroissent les difficultés de la vie quotidienne.
Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci.
La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite.
Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente.
Pour toute demande d’autorisation, contactez [email protected].
En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ».
https://www.lemonde.fr/international/article/2023/02/27/en-iran-il-est-devenu-plus-difficile-de-controler-la-population_6163417_3210.html
La vidéo, tournée début février à Téhéran, a parcouru les réseaux sociaux. On y voit une femme monter sur la scène d’un amphithéâtre. Son foulard autour du cou, elle prend le microphone. « Je ne légitime pas une assemblée générale dans laquelle je ne peux pas être candidate parce que je suis sans foulard », crie cette Iranienne aux longs cheveux rassemblés en queue-de-cheval. Elle jette ensuite son foulard par terre avant de sortir de l’amphithéâtre, accompagnée par les applaudissements de l’assistance. L’Iranienne révoltée s’appelle Zeinab Kazempour, une ingénieure empêchée de se porter candidate à l’élection de l’Organisation des ingénieurs de construction de la ville de Téhéran, car elle refuse de se soumettre à la loi de la République islamique d’Iran obligeant les femmes à se couvrir tout le corps, sauf les mains et le visage.
Lire aussi : Article réservé à nos abonnés En Iran, cinq mois de révolte filmés par le peuple
Son geste audacieux dans le contexte d’un événement officiel est emblématique d’une nouvelle donne dans la société iranienne, quelques mois après la mort de Mahsa (Jina) Amini pendant sa garde à vue pour un voile « mal ajusté », en septembre 2022. Cette tragédie a plongé l’Iran dans un soulèvement sans précédent, ayant fait 527 victimes du côté des civils, selon les organisations de défense des droits humains.
Aujourd’hui, même si les manifestations sont devenues rares, de plus en plus de femmes décident, en signe de protestation et en prenant le risque, de ne plus porter le foulard. La police des mœurs, chargée d’arrêter les contrevenantes, a disparu des rues iraniennes, mais les propriétaires des véhicules dans lesquels se trouve une femme mal voilée continuent à recevoir des SMS d’avertissement de la part des autorités. « En cas de récidive, vous ferez l’objet de poursuites judiciaires », peut-on lire dans ces messages. Certains citoyens zélés ou travaillant pour le régime font appliquer cette loi liberticide dans les rues, parfois avec violence, sans être inquiétés par la suite.