Boris Johnson explique que Vladimir Poutine l’a « menacé » avant le début de la guerre en Ukraine, le Kremlin dément
mardi 31/janvier/2023 - 03:44
L’ancien chef du gouvernement britannique décrit dans un documentaire son « très long » et « extraordinaire » appel avec le président russe, au début de février 2022.
Boris Johnson révèle dans un documentaire de la BBC diffusé lundi 30 janvier comment Vladimir Poutine l’a « en quelque sorte menacé » avant l’invasion de l’Ukraine. L’ex-premier ministre britannique revient, dans ce film en trois parties, sur son entretien téléphonique avec le président russe en février 2022, alors qu’il rentrait d’une visite surprise à Kiev.
A cette époque, M. Poutine continuait à soutenir qu’il n’avait aucune intention d’envahir son voisin, malgré l’afflux de militaires russes dans les régions frontalières. M. Jonhson explique l’avoir averti des dures sanctions que prendraient les Occidentaux s’il s’engageait dans cette voie.
« Il m’a dit : “Boris, vous dites que l’Ukraine ne va pas rejoindre l’OTAN de sitôt. Qu’est-ce que vous entendez par : pas de sitôt ?” », rapporte l’ancien chef du gouvernement britannique. « Eh bien, elle ne va pas rejoindre l’OTAN dans un avenir proche, vous le savez parfaitement », poursuit l’ex-dirigeant britannique, soutien de la première heure des Ukrainiens.
« Un missile, ça prendrait une minute »
« A un moment donné, il m’a en quelque sorte menacé et a dit : “Boris, je ne veux pas vous faire de mal, mais, avec un missile, ça prendrait une minute” », poursuit M. Johnson. « Je pense que, d’après le ton très détendu qu’il prenait, le détachement qu’il semblait avoir, il se jouait de mes tentatives de l’amener à négocier », ajoute-t-il.
Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a démenti lundi les propos prêtés à Vladimir Poutine : « Ce qu’a dit monsieur Johnson, c’est un mensonge. C’est soit un mensonge délibéré, mais alors dans quel but ? Soit c’est un mensonge involontaire, dans la mesure où il n’a pas compris ce que lui disait le président Poutine. » Il ajoute : « Il n’y a eu aucune menace aux missiles. En parlant des enjeux pour la sécurité de la Russie, le président Poutine avait noté que, en cas d’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN – et la possibilité de déploiement de missiles de l’Alliance ou de missiles américains à nos frontières –, cela signifierait qu’un missile pourrait atteindre Moscou en quelques minutes. Si ce passage a été mal interprété, alors c’est une situation très embarrassante », a-t-il poursuivi.
Dimanche 22 janvier, plus de quatre mois après avoir quitté Downing Street, l’ancien premier ministre britannique était réapparu, à la surprise générale, en terres ukrainiennes. Après avoir visité les villes de Borodianka et de Boutcha, lourdement touchées par les combats, il avait pris la direction de Kiev, où l’attendait Volodymyr Zelensky.
Dans le documentaire, le président ukrainien décrit, quant à lui, comment il en est venu à enrager contre l’attitude des Occidentaux à l’époque : « Si vous savez que demain la Russie va envahir l’Ukraine, pourquoi donc est-ce que vous ne me donnez pas aujourd’hui de quoi l’arrêter ? Si vous ne pouvez pas, alors arrêtez-la vous-mêmes. »