Face à la Russie, l’atout de la résilience de l’économie européenne
vendredi 27/janvier/2023 - 07:48
Certes, ces prochains mois, l’économie de l’UE devra faire face à des vents contraires, avec une inflation élevée et des prix énergétiques qui pourraient repartir à la hausse. Mais il faut se féliciter que les Vingt-Sept aient réussi à contenir les effets de la guerre sur son économie.
Près d’un an après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, au-delà de la tournure que prennent les combats, un autre enjeu pèse sur l’issue du conflit : celui de la résilience de l’économie européenne face aux conséquences de la guerre. De la capacité à absorber ce choc dépendent deux choses : la solidité du soutien que les Vingt-Sept apportent à Kiev et l’acceptabilité des efforts qui sont demandés à leurs citoyens. Or, depuis quelques semaines, les sombres perspectives sur la conjoncture européenne commencent à se dissiper.
L’Allemagne table désormais sur une légère croissance au premier trimestre, alors qu’il y a encore quelques semaines la plupart des économistes misaient sur une récession. L’inflation se calme, les difficultés d’approvisionnement se résorbent, et l’industrie a su s’adapter à la crise énergétique. Le « bouclier » de 200 milliards d’euros brandi par le gouvernement d’Olaf Scholz pour protéger les entreprises allemandes paraît aujourd’hui largement surdimensionné.
Après une phase délicate de flambée des prix du gaz, entraînant dans son sillage celle des prix de l’électricité, l’Europe a su se sevrer en un temps record des énergies fossiles russes. La douceur de l’hiver, l’efficacité des mesures de sobriété et la diversification des approvisionnements ont permis de calmer la spéculation et d’éloigner les menaces de pénurie. En ce début d’année 2023, les cours du gaz naturel et de l’électricité sont même inférieurs à ceux constatés juste avant l’éclatement du conflit.
Chômage au plus bas
L’emploi tient également le choc. La zone euro compte trois millions d’emplois de plus qu’avant la pandémie de Covid-19, et le chômage est au plus bas. La France ne fait pas exception. Malgré le ralentissement de la croissance, les faillites d’entreprises restent contenues, et le taux de chômage, en baisse de 10 % sur l’ensemble de 2022, est revenu à son niveau de 2011. Quant à la croissance, elle s’annonce plus molle, mais il n’y aura ni recul du PIB ni explosion du chômage, même si le pouvoir d’achat des Français est sous tension.
Ces bonnes nouvelles viennent contredire le récit nourri par la propagande russe et repris à leur compte par certains partis d’opposition en France. Les sanctions occidentales et le soutien à l’Ukraine devaient précipiter la récession de l’économie européenne. La pression exercée par le mécontentement des opinions publiques finirait par faire voler en éclats l’unité des Européens face à l’agression russe. Le scénario ne s’est pas produit et chaque jour apporte la preuve que le prix à payer pour défendre nos intérêts n’a rien d’exorbitant et que la détermination des Vingt-Sept n’est pas près de vaciller.
Certes, ces prochains mois, l’économie européenne devra encore faire face à des vents contraires, avec une inflation élevée et des prix énergétiques qui pourraient repartir à la hausse dès que la Chine aura tourné la page du Covid. Mais, en attendant, il faut se féliciter que l’Union européenne (UE) ait réussi à contenir les effets de la guerre sur son économie.
Si la Russie n’a pas pu éviter la récession en 2022, elle fait également mieux que prévu. Cela pourrait ne pas durer, car les effets des sanctions décidées par les Occidentaux sont graduels et cumulatifs. Plus le temps passe, plus leur impact s’intensifiera. La guerre en Ukraine ne se joue pas seulement sur la capacité des Européens à soutenir l’effort de guerre ukrainien, elle dépend aussi du rapport de force sur le plan économique entre l’UE et la Russie. La première qui craquera perdra une bataille importante.