Publié par CEMO Centre - Paris
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Guerre en Ukraine : un message politique adressé à la Russie

jeudi 26/janvier/2023 - 03:48
La Reference
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En s’accordant sur la livraison de chars lourds, les alliés de Kiev ont de nouveau fait la preuve de leur capacité à dépasser leurs différences et leurs hésitations. Cette escalade dans l’aide n’est que la conséquence de celle choisie par Vladimir Poutine sur le terrain.
En prenant l’engagement le 25 janvier de livrer des chars lourds à l’Ukraine, les Européens et des Etats-Unis ont incontestablement franchi un nouveau seuil dans l’aide militaire apportée à Kiev. Laborieusement obtenu, du fait principalement des réticences initiales de Berlin, qui ont contraint Washington à apporter une couverture diplomatique et militaire, cet engagement constitue tout d’abord un message politique adressé à la Russie.
Avant même que les Leopard de conception allemande, les seuls disponibles en quantité suffisante sur le sol européen pour faire la différence, et que les Abrams américains n’apportent leur puissance sur le terrain, ce qui prendra encore de longs mois, cette décision témoigne une nouvelle fois du mauvais calcul de Vladimir Poutine, enfermé dans son obsession du déclin et de la pusillanimité supposés de l’Occident. Les alliés de Kiev ont de nouveau fait la preuve de leur capacité à dépasser leurs différences et leurs hésitations pour parvenir à un accord. La lassitude sur laquelle a inconsidérément misé le maître du Kremlin se trouve encore une fois démentie.
Alors que les forces ukrainiennes sont sur la défensive dans le Donbass et que plane la menace d’une nouvelle offensive russe, portée par une mobilisation massive et par une stratégie de saturation qui transforme les soldats jetés dans le brasier en chair à canon, doter l’armée ukrainienne des chars lourds les plus performants sur le marché devrait permettre à cette dernière de faire front tout en préservant ses hommes.
Improbables négociations
Ce nouvel atout pourrait également aider Kiev à reprendre le cours des contre-offensives de l’automne 2022, désastreuses pour Moscou, pour parvenir au résultat espéré par tous : la libération de la plus grande partie possible des territoires conquis militairement par la Russie dans les premiers jours d’une inacceptable agression. Il s’agit là des seuls buts de guerre légitimes auxquels les alliés occidentaux peuvent souscrire.
Certes, aucun de ces derniers, à commencer par l’Allemagne, ne pouvait sans doute anticiper au matin du 24 février 2022, alors que le sort de l’Ukraine ne tenait qu’à un fil, qu’il en viendrait à livrer à Kiev des armements parmi les plus sophistiqués disponibles dans ses arsenaux. Ces alliés peuvent-ils faire autrement ?
Les voix qui mettent en garde, de bonne foi, contre un risque d’engrenage et d’embrasement, n’ont d’autre option à proposer que celle d’improbables négociations. Rien dans la rhétorique maximaliste de Vladimir Poutine, qui agite sans cesse le fantasme d’un conflit de civilisations, rien dans la stratégie russe de crimes de guerre désormais standardisés, ne confère pourtant à cette alternative le moindre début de fondement.
L’escalade dans l’aide n’est que la conséquence de celle choisie par le Kremlin sur le terrain. Contrairement à ce que ce dernier assène, elle ne fait pas des alliés de Kiev des belligérants, et ces derniers se tiennent du bon côté du droit, en aidant un pays en situation de légitime défense.
Les échecs essuyés par la Russie en Ukraine n’ont pas modifié en profondeur le déséquilibre objectif des forces en présence. Ne pas aider l’Ukraine avec toute la puissance exigée par cette guerre d’usure menée à un train d’enfer, c’est faire le choix de la défaite inéluctable de Kiev. L’envoi de chars Leopard et Abrams dit qu’aucun des alliés occidentaux des Ukrainiens n’est prêt à s’y résigner.

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