Israël poursuit sa ligne dure en interdisant les drapeaux palestiniens dans les lieux publics
dimanche 15/janvier/2023 - 08:19
Le drapeau rouge, vert et blanc ne peut plus flotter dans l’espace public israélien. C’est le dernier ordre du nouveau ministre de la sécurité nationale israélien concernant le drapeau palestinien. Dans le cadre de la dernière mesure de répression prise par le nouveau gouvernement dur du pays, Itamar Ben Gvir a annoncé sur Twitter, dimanche 8 janvier, qu’il ordonnait « à la police israélienne de faire respecter l’interdiction de faire flotter tout drapeau de l’OLP [l’Organisation de libération de la Palestine], qui montre une identification avec une organisation terroriste dans la sphère publique, et de mettre fin à toute incitation contre l’Etat d’Israël ».
Le drapeau palestinien est très symbolique dans le conflit israélo-palestinien. Israël considérait autrefois le drapeau palestinien comme celui d’un groupe armé apparenté au Hamas palestinien ou au Hezbollah chiite libanais, mais après la signature des accords d’Oslo, en 1993, le drapeau a été reconnu comme celui de l’Autorité palestinienne (AP), créée pour administrer la bande de Gaza et certaines parties de la Cisjordanie occupée. Israël s’oppose à toute activité officielle de l’AP à Jérusalem-Est, et la police a, par le passé, dispersé des événements qu’elle pensait liés à l’AP.
En mai 2022, la police anti-émeute israélienne a frappé les porteurs de cercueil lors des funérailles de la journaliste d’Al-Jazira Shireen Abu Akleh, les faisant presque lâcher le cercueil. La police a arraché des drapeaux palestiniens des mains des personnes et a tiré des grenades assourdissantes pour disperser la foule.
« Mesure anti-israélienne extrême »
L’ordre d’Itamar Ben Gvir d’interdire le drapeau palestinien dans les lieux publics fait suite à une série d’autres mesures punitives contre les Palestiniens, depuis son entrée en fonctions, le 29 décembre 2022. Le nouveau gouvernement a annoncé vendredi agir en représailles à une demande palestinienne – qu’il qualifie de « mesure anti-israélienne extrême ». Israël entend faire « payer le prix » à l’AP de sa récente démarche pour faire examiner à l’Organisation des Nations unies (ONU) la question de l’occupation israélienne des territoires palestiniens.
Le nouveau gouvernement israélien, considéré comme le plus à droite de l’histoire du pays, a retenu près de 40 millions de dollars de recettes fiscales palestiniennes et a déclaré qu’il transférerait l’argent aux victimes d’attaques de militants palestiniens, a privé des responsables palestiniens de privilèges et a même interrompu une réunion de parents palestiniens discutant de l’éducation de leurs enfants, en affirmant qu’elle était illégalement financée par l’AP.
« Ces mesures constituent une nouvelle guerre contre le peuple palestinien (…) et contre la survie de l’Autorité nationale » palestinienne, s’est indigné lundi le premier ministre palestinien, Mohammad Shtayyeh, avant la réunion hebdomadaire du gouvernement. « Elles ont pour seul but de pousser l’Autorité au bord d’un gouffre financier et institutionnel », a-t-il estimé, assurant que cette politique se conclurait par un « échec ».
« La seule responsable de son déclin est l’Autorité palestinienne elle-même, qui a choisi d’encourager le terrorisme et le meurtre d’Israéliens. Nous ne l’accepterons pas », a pour sa part affirmé dimanche le nouveau ministre des finances israélien, Bezalel Smotrich.
Itamar Ben Gvir, connu pour sa rhétorique anti-arabe, a suscité la semaine dernière une large condamnation internationale lorsqu’il a visité l’esplanade des Mosquées, lieu saint le plus sensible de Jérusalem.