Publié par CEMO Centre - Paris
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En Iran, trois nouvelles condamnations à mort liées au mouvement de contestation

lundi 09/janvier/2023 - 09:22
La Reference
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Ces nouvelles décisions de justice portent à dix-sept le nombre de personnes condamnées à la peine capitale en lien avec les protestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini
Ils ont été reconnus coupables de « moharebeh [guerre contre Dieu, en persan] », selon l’agence de presse judiciaire iranienne Mizan Online. Saleh Mirhashemi, Majid Kazemi et Saïd Yaghoubi sont accusés d’être impliqués dans la mort de trois membres des forces de l’ordre, lors de manifestations dans la province centrale d’Ispahan, le 16 novembre 2022. Lundi, ils ont été condamnés à mort en première instance, a annoncé la justice iranienne.
Dans le même procès, deux autres personnes ont été condamnées à des peines de prison. Parmi elles, le footballeur Amir Nasr-Azadani, 26 ans, qui évolue dans un club local, a été condamné à vingt-six ans de prison cumulés. Mais selon la loi, il devrait purger la plus longue des sentences qui est de seize ans. Toutes les condamnations annoncées lundi peuvent faire l’objet d’un appel devant la Cour suprême.
Les nouvelles condamnations portent à dix-sept le nombre de personnes condamnées à la peine capitale en lien avec les protestations déclenchées en Iran par la mort de Mahsa Amini, selon un décompte établi par l’Agence France-Presse à partir d’annonces officielles.
Mahsa Amini est morte le 16 septembre 2022, trois jours après son arrestation par la police des mœurs pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique imposant notamment le port du voile en public pour les femmes.
 « Sans aucun doute, ces actions sont de la trahison »
Les autorités iraniennes qualifient généralement les protestations d’« émeutes » encouragées par des pays et organisations hostiles à l’Iran. Elles affirment que des centaines de personnes, dont des membres des forces de sécurité, ont été tuées pendant les protestations et des milliers arrêtées. Lundi, le Guide suprême d’Iran, Ali Khamenei, a souligné qu’il y avait « sans aucun doute des problèmes économiques » dans le pays. « Mais ces problèmes peuvent-ils être résolus en brûlant des poubelles et en provoquant des émeutes dans la rue ? » Et d’ajouter :
« Sans aucun doute, ces actions sont de la trahison, et les institutions responsables traitent la trahison avec sérieux et de manière juste. »
L’Europe condamne ces exécutions
Parmi les dix-sept personnes condamnées à mort depuis le début de la protestation, quatre ont été exécutées, et deux ont vu leur peine confirmée par la Cour suprême. Les autres attendent de nouveaux procès ou peuvent faire appel. Les deux dernières exécutions, annoncées samedi, ont déclenché une protestation internationale : deux hommes reconnus coupables d’avoir tué un paramilitaire lors des manifestations ont été pendus.
La ministre des affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock, a annoncé lundi avoir convoqué « de nouveau » l’ambassadeur iranien à Berlin pour protester contre ces exécutions. La cheffe de la diplomatie a prévenu qu’elle entendait « clairement indiquer que la répression brutale, l’oppression et la terreur contre la population, et les deux récentes exécutions ne resteront pas sans conséquence ».
D’autres pays européens, tels que la France, le Danemark, la Belgique, les Pays-Bas et la Norvège ont annoncé des décisions similaires. Samedi, la ministre des affaires étrangères norvégienne, Anniken Huitfeldt, avait réagi sur Twitter en affirmant que « la Norvège condamne fermement l’exécution par l’Iran des manifestants Mohammad Mehdi Karami et Seyed Mohammad Hosseini ».
« Nous appelons l’Iran à cesser de réprimer les droits humains. La Norvège exhorte l’Iran à répondre aux manifestations avec des réformes significatives et à cesser immédiatement les exécutions. »
A Paris, le ministère des affaires étrangères a jugé que « les condamnations à mort et les exécutions (…), qui s’ajoutent aux nombreuses autres violations graves et inacceptables des droits et libertés fondamentales commises par les autorités iraniennes, ne peuvent tenir lieu de réponse aux aspirations légitimes de liberté du peuple iranien ». Il a annoncé lundi qu’il allait convoquer le chargé d’affaires iranien à Paris « pour lui signifier » sa « plus ferme condamnation » des exécutions et de la répression actuelle en Iran. 
Lundi, le pape François a, lui, appelé à la fin de la peine capitale dans le monde, y compris en Iran. « La peine de mort ne peut être employée pour une prétendue justice d’Etat, car elle ne constitue pas un moyen de dissuasion ni ne rend justice aux victimes, mais ne fait qu’alimenter la soif de vengeance », a-t-il dit. Selon Amnesty International, l’Iran est le pays qui exécute le plus de condamnés à mort, hormis la Chine.

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