GUERRE EN UKRAINE: L'ARMÉE RUSSE ASSURE POURSUIVRE SON CESSEZ-LE-FEU "MALGRÉ DES TIRS D'ARTILLERIE" DE KIEV
samedi 07/janvier/2023 - 06:10
Une trêve russe, décrétée par Vladimir Poutine, devait débuter vendredi et se poursuivre ce samedi pour le Noël orthodoxe. Des tirs des deux côtés du front ont cependant été constatés, ce qui nie la Russie.
L'armée russe assure ce samedi, comme la veille, qu'elle a l'intention de continuer d'observer jusqu'à la fin de la journée le cessez-le-feu unilatéral décrété par Vladimir Poutine à l'occasion du Noël orthodoxe, malgré des tirs d'artillerie ukrainiens.
"Malgré les tirs d'artillerie des forces armées ukrainiennes sur les zones peuplées et les positions russes, l'application du régime de cessez-le-feu annoncé sera poursuivie par les troupes russes jusqu'à minuit (selon l'heure russe, soit 22 heures, heure française ndlr)", a indiqué le ministère russe de la Défense dans son rapport quotidien.
La Russie a affirmé avoir repoussé des attaques ou répondu à des tirs ukrainiens dans plusieurs endroits du front, infligeant des pertes à son adversaire.
Deux morts à Bakhmout, selon la justice ukrainienne
Des journalistes présents à Tchassiv Iar, dans l'est de l'Ukraine, ont constaté des bombardements soutenus tout au long de la matinée.
À Bakhmout, l'épicentre des combats situé plus au nord, des journalistes de l'AFP avaient déjà entendu vendredi des duels d'artillerie des deux côtés du front, dans les heures qui ont suivi l'instauration du cessez-le-feu unilatéral par la Russie. Ces tirs étaient toutefois d'intensité moindre par rapport aux journées précédentes.
Selon le Parquet ukrainien, deux personnes ont été tuées et 13 blessées à Bakhmout au cours de la journée de vendredi, dans une ville en grande partie détruite par les combats et où les deux camps sont confrontés à de grandes pertes.
D'après les autorités ukrainiennes, les troupes russes ont aussi bombardé la région de Kherson (sud) vendredi, tuant un secouriste et blessant sept autres personnes.
Poutine seul au Kremlin
Les deux pays, en guerre depuis février 2022, célébraient samedi la fête du Noël orthodoxe, confession majoritaire en Russie comme en Ukraine. Le 7 janvier du calendrier civil (grégorien) correspond au 25 décembre de l'ancien calendrier julien que l'Eglise orthodoxe continue de suivre.
Du côté russe, Vladimir Poutine a assisté seul à un office religieux dans une église du Kremlin vendredi à minuit, dérogeant à son habitude d'assister à la liturgie en public, en province ou en périphérie de Moscou.
Dans un message diffusé samedi par le Kremlin, il a adressé ses félicitations aux chrétiens orthodoxes. Les organisations ecclésiastiques "soutiennent nos soldats" qui combattent en Ukraine, a déclaré le président russe.
Côté ukrainien, des centaines de fidèles ont assisté samedi à une liturgie historique dans le célèbre monastère de la laure des Grottes de Kiev, autrefois sous la juridiction du patriarcat de Moscou mais passé en décembre dans le giron de l'Eglise ukrainienne indépendante. L'office était dirigé pour la première fois par le métropolite Epiphany, le chef de cette Eglise qui a rompu avec le patriarcat de Moscou.
Un "acte de propagande" pour Kiev
Le président russe avait pourtant décrété jeudi une trêve de 36 heures "sur toute la ligne de contact entre les parties en Ukraine" aux hommes de l'armée de Moscou. Une première depuis le début du conflit en février dernier.
Ce cessez-le-feu devait permettre officiellement aux Ukrainiens de confession orthodoxe de se rendre à l'église pour célébrer Noël, traditionnellement fêté le 7 janvier dans cette confession.
L'Ukraine a cependant mis en doute la sincérité de l'initiative russe, y voyant un "acte de propagande". Il s'agit d'une "excuse dans le but d'au moins arrêter l'avancée de nos troupes dans le Donbass", a avancé le président Volodymyr Zelensky.
Un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, a une nouvelle fois rejeté samedi cette trêve russe, qualifiée de "fake". "La Russie a envahi et a tué des Ukrainiens pendant 11 mois, s'indignant: 'Mais pourquoi resistez-vous donc?'. La Russie annonce unilatéralement un vrai-faux 'cessez-le-feu' sur toute la ligne de front, mais continue de geindre 'Pourquoi l'Ukraine ne soutient pas notre fausse proposition?'", a-t-il écrit en anglais sur Twitter.
Paris y a vu pour sa part une "tentative grossière de la part de la Russie de masquer sa responsabilité, alors qu'elle continue de multiplier les exactions et de bombarder sans relâche l'ensemble du territoire ukrainien".