Publié par CEMO Centre - Paris
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En Afghanistan, les études supérieures interdites aux femmes, la communauté internationale « choquée »

dimanche 25/décembre/2022 - 03:05
La Reference
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A leur retour au pouvoir, les talibans avaient promis de se montrer plus souples, notamment en ce qui concerne la scolarisation des filles, mais ils sont largement revenus à leur interprétation ultrarigoriste de l’islam.
Au lendemain de la décision des autorités d’interdire les études supérieures aux jeunes femmes, déjà privées d’enseignement secondaire, des centaines d’étudiantes ont été empêchées, mercredi 21 décembre, d’entrer dans les campus universitaires d’Afghanistan par des gardes armés.
Depuis l’accession au pouvoir des fondamentalistes islamistes, les femmes voient leur liberté de plus en plus restreinte malgré les condamnations internationales. Mardi, les autorités talibanes ont annoncé que les universités afghanes étaient désormais interdites aux filles dans une lettre adressée à toutes les universités gouvernementales et privées du pays.
Le porte-parole du ministère, Zibullah Hashimi, qui a tweeté la lettre, a également confirmé la mesure pour une durée indéterminée. Aucune explication n’a été fournie pour le moment pour justifier cette décision. Les universités sont fermées en raison des vacances d’hiver et devraient rouvrir leurs portes en mars.
Après la prise de contrôle du pays par les talibans, en août 2021, les universités ont été contraintes d’adopter de nouvelles règles, notamment pour séparer filles et garçons pendant les heures de classe. La gent féminine était autorisée à recevoir des cours, mais seulement s’ils étaient enseignés par des femmes ou des hommes âgés.
Cette nouvelle interdiction survient moins de trois mois après que des milliers de filles et de femmes ont passé les examens d’entrée à l’université dans tout le pays. Nombre d’entre elles aspiraient à choisir entre des carrières d’ingénieur ou de médecin, bien que privées d’accès aux écoles secondaires.
Multiplication des mesures liberticides
A leur retour au pouvoir après vingt ans de guerre avec les Américains et les forces de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), les talibans avaient promis de se montrer plus souples, mais ils sont revenus à l’interprétation ultrarigoriste de l’islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir, de 1996 à 2001. Depuis seize mois, les mesures liberticides se sont multipliées, en particulier à l’encontre des femmes, qui ont été progressivement écartées de la vie publique et exclues des collèges et des lycées.
Dans une volte-face inattendue, le 23 mars, les talibans avaient refermé les écoles secondaires quelques heures à peine après leur réouverture annoncée de longue date. Divers membres du pouvoir avaient déclaré qu’il n’y avait pas assez d’enseignants ou d’argent, mais aussi que les écoles rouvriraient une fois qu’un programme d’enseignement islamique aurait été élaboré.
En plus d’être privées d’étudier, les femmes sont également bannies de la plupart des emplois publics ou payées une misère pour rester à la maison. Elles n’ont pas le droit non plus de voyager sans être accompagnées d’un parent masculin et doivent se couvrir d’une burqa ou d’un hijab lorsqu’elles sortent de chez elles. En novembre, les talibans leur ont également interdit d’entrer dans les parcs, jardins, salles de sport et bains publics. Les manifestations de femmes sont devenues risquées. De nombreuses manifestantes ont été arrêtées et les journalistes sont de plus en plus empêchés de couvrir ces rassemblements.
Une décision « profondément choquante », selon Paris
La communauté internationale a lié la reconnaissance du régime taliban et l’aide humanitaire ainsi que financière, dont l’Afghanistan a absolument besoin, au respect par les talibans des droits humains, en particulier ceux des femmes à être éduquées et à travailler.
Le ministère des affaires étrangères français a condamné mercredi « avec la plus grande fermeté » cette décision jugée « profondément choquante ». La ministre des affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock, a déclaré mercredi que les talibans avaient « décidé de détruire l’avenir de leur propre pays », et annoncé qu’elle allait demander au G7 de se saisir de cette question.
Mardi, les Etats-Unis ont condamné dans les « termes les plus fermes » une décision « barbare » qui aura des « conséquences significatives pour les talibans », a prévenu le porte-parole du département d’Etat américain, Ned Price. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’est, quant à lui, dit « profondément alarmé ». « Le refus de l’éducation non seulement viole l’égalité des droits pour les femmes et les filles, mais aura un impact dévastateur sur l’avenir du pays », assure son porte-parole, Stéphane Dujarric, dans un communiqué.
De son côté, le Pakistan est « déçu » par la décision de son voisin. Son ministre des affaires étrangères, Bilawal Bhutto Zardari, a cependant affirmé que la meilleure approche, « malgré de nombreux revers en matière d’éducation des femmes et d’autres choses, passe par Kaboul et par le gouvernement provisoire ».

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