Publié par CEMO Centre - Paris
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Kurdes tués à Paris : le suspect a reconnu en garde à vue une « haine des étrangers devenue pathologique »

samedi 24/décembre/2022 - 02:59
La Reference
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William M., 69 ans, hospitalisé en infirmerie psychiatrique, a dit qu’il s’était d’abord rendu à Saint-Denis pour tuer des « étrangers non européens », vendredi matin, avant Copier le lien
William M., l’homme soupçonné d’avoir tué trois Kurdes et d’avoir blessé trois autres personnes à Paris vendredi, a affirmé lors de sa garde à vue éprouver une « haine des étrangers devenue complètement pathologique », a rapporté le parquet de Paris dans un communiqué, dimanche 25 décembre. Le suspect, un Français de 69 ans se décrivant « dépressif » et « suicidaire », a également précisé qu’il avait « toujours eu envie d’assassiner des migrants, des étrangers », « avant de [s]e suicider », depuis un cambriolage subi en 2016, qui selon lui a été le déclencheur de sa haine raciste.
Par ailleurs, il a déclaré aux enquêteurs que, le matin de l’attaque, il s’était d’abord rendu à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) muni de son arme « pour commettre des meurtres sur des personnes étrangères », selon le parquet. Il a finalement renoncé à ce projet « compte tenu du peu de monde présent et en raison de sa tenue vestimentaire l’empêchant de recharger son arme facilement ». Un peu plus tard, il s’est finalement rendu à pied rue d’Enghien, dans le 10e arrondissement de Paris. Le suspect a reconnu qu’il savait que ce quartier abritait le centre culturel kurde Ahmet-Kaya, devant lequel il a ouvert le feu.
Affirmant en vouloir « à tous les migrants », il a encore expliqué s’en être pris à des victimes qu’il ne connaissait pas, précisant en vouloir aux Kurdes pour avoir « constitué des prisonniers lors de leur combat contre [l’organisation Etat islamique (EI)] au lieu de les tuer ».
Il a déclaré que son seul regret était de ne pas avoir pu se suicider, ajoutant s’être toujours dit que, s’il se suicidait un jour, il « emporterait des ennemis dans la tombe », précisant que par « ennemis » il entendait « tous les étrangers non européens ».
Hospitalisé en psychiatrie samedi
La garde à vue de William M. a été levée samedi, pour des raisons de santé, a annoncé le parquet de la capitale. Il a été hospitalisé à l’infirmerie psychiatrique de la Préfecture de police. « Le médecin qui a examiné le mis en cause ce jour en fin d’après-midi a déclaré que l’état de santé de l’intéressé n’était pas compatible avec la mesure de garde à vue », a souligné le parquet. « La mesure de garde à vue a donc été levée, dans l’attente de sa présentation devant un juge d’instruction lorsque son état de santé le permettra », a-t-il ajouté.
Plus tôt dans la journée, le parquet avait annoncé que le mobile raciste avait été ajouté à l’enquête. Les investigations portent désormais sur des faits d’assassinats, de tentatives d’assassinat, de violences avec arme et d’infractions à la législation sur les armes à caractère raciste. S’appuyant sur les premiers éléments de l’enquête et les déclarations du sexagénaire, le parquet a considéré que les faits avaient été commis « en raison de l’appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, des victimes à une prétendue race, ethnie, nation ou religion déterminée ». « L’ajout de cette circonstance ne modifie pas la peine maximale encourue, qui demeure la réclusion criminelle à perpétuité », a précisé le parquet.
William M. est connu de la justice pour trois affaires. Il avait été condamné une première fois, en 2017, à six mois de prison avec sursis pour détention d’armes prohibée. En juin 2022, il a de nouveau été condamné, à douze mois de prison, pour des faits de violences avec arme commis en 2016, condamnation dont il a fait appel.
Libéré de détention provisoire le 12 décembre
Il a surtout été mis en examen pour des faits de violence avec arme à caractère raciste qui font écho à cette tuerie. Le 8 décembre 2021, il est soupçonné de s’être rendu avec un sabre dans un camp occupé par des migrants, situé dans le 12e arrondissement de Paris. L’homme, qui n’a pas encore été jugé pour ces faits, aurait alors blessé deux personnes à coups de sabre et dégradé six tentes, avant d’être blessé par les victimes, qui tentaient de le désarmer.
Après un an en détention provisoire, il a été remis en liberté le 12 décembre, comme l’exige la loi, et placé sous contrôle judiciaire, selon la procureure de Paris, Laure Beccuau.
Trois personnes, une femme et deux hommes, ont été tuées vendredi, un homme a été sérieusement blessé et deux autres moins grièvement, selon un dernier bilan.
D’après Agit Polat, porte-parole du CDKF, la femme est Emine Kara, responsable du Mouvement des femmes kurdes de France. Elle avait combattu et milité durant trente ans dans les quatre parties du Kurdistan : en Turquie, en Irak, en Syrie et en Iran. Selon Berivan Firat, une autre porte-parole du CDKF, Emine Kara avait pris part au combat contre l’organisation Etat islamique (EI), les armes à la main, durant la reconquête de Rakka par les forces kurdes appuyées par la coalition internationale. Elle avait depuis demandé l’asile politique en France et s’était vu refuser le statut de réfugiée par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), décision dont elle avait fait appel.
Les deux hommes sont Mir Perwer, un chanteur kurde réfugié politique en France, et Abdulrahman Kizil, un vieil habitué du centre culturel Ahmet-Kaya.

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