COP 15 : comment la Chine a œuvré pour parvenir à un accord historique sur la biodiversité
mercredi 21/décembre/2022 - 12:54
Alors que les travaux de préparation du cadre mondial peinent à avancer, négociateurs et observateurs pointent le silence et le manque d’accompagnement politique de la Chine, quasiment absente des diverses séances de pourparlers. Et comme le président chinois, Xi Jinping, n’a pas prévu de faire le déplacement à Montréal, il n’invite pas les chefs d’Etat mais seulement les ministres de l’environnement à s’y rendre, privant la COP15 d’un élan politique et symbolique fort.
« La présidence chinoise est extrêmement impliquée »
Lors de l’ouverture de la conférence, le 7 décembre, les discussions s’annoncent encore très compliquées. Mais, peu à peu, les choses s’accélèrent. Le tandem formé par le ministre de l’environnement chinois, Huang Runqiu, et son homologue canadien, Steven Guilbeault semble fonctionner. « Beaucoup de choses sont en train de se dérouler dans les coulisses sous l’impulsion à la fois de la Chine et du Canada », assure le 12 décembre la secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique, Elizabeth Maruma Mrema. « La présidence chinoise est extrêmement impliquée, confirme le même jour l’ambassadrice française pour l’environnement, Sylvie Lemmet. Elle est à l’écoute de l’ensemble des parties, elle s’engage bilatéralement avec les uns et les autres, elle teste des idées. »
Pour la Chine, qui organisait son premier grand événement international relatif à l’environnement, l’enjeu était majeur : ne pas obtenir l’adoption d’un accord à l’issue de la 15e Conférence mondiale pour la biodiversité (COP15) aurait largement entaché sa réputation. L’histoire s’est bien terminée pour Pékin. Tôt lundi 19 décembre, avec presque une journée d’avance – ce qui est particulièrement inhabituel pour ce type de rendez-vous –, les 196 membres de la Convention sur la diversité biologique des Nations unies se sont entendus sur une série de vingt-trois objectifs ambitieux pour mettre un terme à la destruction des espèces et des écosystèmes d’ici à 2030.
Le processus était pourtant mal engagé. Initialement prévue fin 2020 à Kunming, dans le sud de la Chine, la COP15 est bousculée par la pandémie de Covid-19 et doit être reportée à de multiples reprises. En juin 2021, alors que le pays est encore aux prises avec sa stratégie zéro Covid, il accepte que le rendez-vous soit officiellement déplacé à Montréal, au Canada, où se trouve le siège de la Convention sur la diversité biologique. Une situation inconfortable : non seulement Pékin va devoir présider un rendez-vous qui n’aura pas lieu sur son territoire, mais en plus les relations diplomatiques entre la Chine et le Canada sont extrêmement tendues.