Iran : malgré le climat de terreur, la colère des manifestants est inarrêtable
mardi 20/décembre/2022 - 08:34
La cruauté croissante des autorités prouve qu’elles ne savent plus comment faire taire les protestataires qui continuent à se mobiliser partout dans le pays.
Regardez bien ces visages : parmi eux pourrait se trouver celui de votre fils ou de votre frère, un jeune homme ordinaire rêvant de choses ordinaires et se retrouvant pris dans un maelström qui le dépasse. Imaginez encore : votre fils ou votre frère, qui rêve d’un avenir plus ouvert, de liberté, d’amours au grand jour et de voyages comme tous les garçons de son âge, se rend un matin à la fac ou à son travail, vous ne savez même plus si vous lui avez dit au revoir ce matin-là et vous apprenez quelques heures plus tard qu’il a été jeté en prison, qu’il est condamné à mort pour avoir simplement manifesté sa colère contre un régime de plus en plus sectaire et oppressif, et qu’il peut être pendu d’une seconde à l’autre, son corps jeté dans un fossé comme celui d’un animal sauvage.
Voilà ce que vivent ou plutôt subissent aujourd’hui les Iraniens et les Iraniennes. Les images et vidéos qui nous parviennent depuis quelques jours de Téhéran sont insoutenables de cruauté : cette mère qui apprend que son fils a été pendu dans la nuit et qui se met à hurler de chagrin dans la rue ou ce condamné à mort dont on filme les dernières paroles : «Ne lisez pas le Coran, ne priez pas, écoutez de la musique.» Face à l’insurrection de sa population, partie à la mi-septembre de la révolte des femmes contre le port du voile, le régime iranien a choisi la guerre psychologique. La terreur. Il pense qu’une pendaison publique, comme aux temps les plus reculés, va dissuader femmes et hommes de descendre dans la rue. Mais c’est le contraire qui se produit. La colère de la population est si forte et elle vient de si loin qu’elle semble inarrêtable, gagnant les zones les plus reculées d’Iran et jusqu’à la sœur du Guide suprême. La cruauté croissante des autorités iraniennes prouve qu’elles ne savent plus comment faire taire les protestataires, comment protéger leur pouvoir et leurs prébendes. Il peut paraître facile de soutenir cette jeunesse quand on vit soi-même en démocratie mais ne rien dire serait pire. Le monde entier doit crier sa colère, et tous les moyens de pression doivent être exercés sur Téhéran pour que cesse cette monstrueuse mascarade.