Publié par CEMO Centre - Paris
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mardi 06/décembre/2022 - 10:58
La Reference
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Selon des experts de l’ONU, le groupe djihadiste État islamique aurait fait usage d’armes chimiques à l’époque de son « califat », entre 2014 et 2019.
Les révélations sur les méthodes employées par l'État islamique (El) en Irak durant son califat autoproclamé ne sont probablement qu'à leurs débuts. Et pourtant, des experts de l'Organisation des Nations unies (ONU) assurent déjà que l'EI « a fabriqué et produit des roquettes et mortiers chimiques, des munitions chimiques pour lance-roquettes, des têtes de missile chimiques et des dispositifs explosifs de circonstance », entre 2014 et 2019, en Irak. Les membres de l'Unitad, l'équipe d'enquêteurs chargée de concourir à amener l'EI à répondre de ses crimes, affirment avoir recueilli des « preuves testimoniales, numériques et documentaires » allant dans ce sens.
L'enquête s'intéressait notamment « au financement, à l'approvisionnement et à la logistique de (l'EI) et ses liens avec les éléments de commandement, à mieux comprendre quels étaient les sites présumés de fabrication, de production et d'utilisation d'armes en Irak, à obtenir un complément d'informations sur les agents fabriqués […] et les vecteurs employés ». Les experts se sont en particulier concentrés sur une attaque perpétrée contre Taza Khormatu le 8 mars 2016. Ils assurent avoir recueilli « une importante quantité d'éléments de preuve », y compris « des états de paie et des éléments de la correspondance » du groupe djihadiste.
L'équipe « a examiné des preuves d'indemnisation de familles pour le « martyre » de leurs membres tués alors qu'ils manipulaient des armes chimiques […] et des registres des formations dispensées […] à des agents de haut rang sur l'utilisation de substances chimiques comme armes, notamment des engins à dispersion chimique ». Parmi les produits utilisés figuraient « le phosphure d'aluminium, le chlore, la bactérie Clostridium botulinum, le cyanure, la nicotine, la ricine et le sulfate de thallium. »
 «Services monétaires »
Le rapport souligne « les complications médicales dont souffrent actuellement les résidents de Taza Khormatu, maladies chroniques, cancers et troubles de la reproduction, notamment ». Il revient aussi sur d'autres crimes majeurs et en particulier sur des violences sexuelles de masse, la persécution de la communauté chrétienne d'Irak et d'autres communautés, ainsi que la destruction du patrimoine culturel et religieux.
Par ailleurs, évoquant le financement de l'EI, l'Unitad « a considérablement étoffé sa base d'éléments de preuve contre ceux qui, dans les réseaux commerciaux de services monétaires, ont fourni un soutien logistique à (l'EI) et tiré profit de ses campagnes de violence ». Selon elle, « des liens fonctionnels ont été établis entre les réseaux de Mossoul et Bagdad et les réseaux régionaux plus importants du Moyen-Orient et de la région du Golfe ». Des éléments « démontrent une association étroite » entre les chefs de l'EI « et certaines entreprises de services monétaires, qui se sont rendues complices de systèmes d'extorsion de fonds à la population locale, dans lesquels elles assuraient la gestion et le transfert des richesses pillées ».
Le groupe a aussi commencé à examiner « la prise de contrôle et l'exploitation » du pétrole irakien.
Les djihadistes avaient établi en juin 2014 un « califat » dans une vaste région à cheval sur l'Irak et la Syrie. Une coalition internationale, dirigée par les États-Unis, avait combattu l'organisation jusqu'à ce que les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, s'emparent en mars 2019 de l'ultime bastion de l'EI, Baghouz (est de la Syrie), signant la fin du « califat ».

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