Publié par CEMO Centre - Paris
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En Iran, une répression toujours impuissante

lundi 05/décembre/2022 - 02:09
La Reference
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L’annonce très ambiguë de la suppression de la police des mœurs, responsable de la mort de Mahsa Amini, semble trahir le désarroi du régime, face à une colère populaire qu’il a été incapable d’anticiper.
Ajouter à vos sélections Trop peu, trop tard ? Il n’est pas rare qu’un régime impopulaire déstabilisé par une révolte qu’il ne parvient pas à réduire au silence se résigne à une concession qui aurait été considérée comme majeure au moment de son déclenchement, mais qui ne l’est plus guère, alors qu’une répression aussi aveugle qu’impuissante s’est entre-temps abattue.
L’avenir dira si l’annonce très ambiguë de la suppression de la police des mœurs par le régime iranien, le 3 décembre, devra être rangée dans cette catégorie. C’est en effet aux mains de cette police créée en 2005 qu’une jeune Iranienne, dont le nom est devenu tragiquement célèbre, Mahsa Amini, est morte le 16 septembre, après son arrestation pour un foulard porté d’une manière jugée inappropriée, dans les rues de Téhéran.
A vrai dire, tout semble le corroborer. La forme tout d’abord. L’annonce de cette suppression a été faite de manière détournée par le procureur général du régime iranien sans que cette décision soit confirmée ensuite par la moindre déclaration officielle. Cette incertitude semble trahir un désarroi au plus haut niveau du régime, face à une épreuve qu’il s’est manifestement montré incapable de concevoir, à force d’aveuglements.
Sur le fond, l’annonce interroge tout autant. La disparition de cette police des mœurs, même si elle pourrait être considérée comme une défaite incontestable de ceux qui au sein du régime, à commencer par le président ultraconservateur, Ebrahim Raïssi, entendent non seulement décider mais également contrôler comment les femmes iraniennes doivent se vêtir, n’a jamais figuré en tête des mots d’ordre scandés depuis plus de trois mois.
Cette mort absurde s’est révélée être celle de trop pour un pays soumis depuis des décennies à la férule impitoyable d’une République islamique dont l’objectif prioritaire est devenu le maintien au pouvoir, coûte que coûte, du clan dirigé par le Guide Ali Khamenei. Le slogan auquel s’identifient les protestataires et qui a débordé au-delà des frontières de l’Iran, « Femmes, vie, liberté », est le reflet d’une exigence de changements structurels, considérés jusqu’à présent comme incompatibles avec les fondements de la République islamique. Cette dernière avait imposé dès son instauration, en 1979, l’obligation du port du voile, codifiée par la loi en 1984, au grand dam des Iraniennes.

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