Casimir Legrand Directeur de la politique, des stratégies et de la diplomatie climatique du Groupe C40 (Cities Climate Leadership Group), qui aide les maires et les villes à participer aux discussions

Quelle est l’importance du Sommet sur le changementclimatique de cette année?
L’importance du sommet réside dans le fait que l’annéedernière, avec la COP26 à Glasgow, de nombreuxobjectifs et engagements ont été annoncés, tandis qu’avecla COP27, on va passer à l’exécution. Donc, il ne s’agitpas de prendre de nouveaux engagements, mais de définirla façon de les exécuter, pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
Comment voyez-vous l’organisation égyptienne des activités de ce sommet?
La présidence égyptienne d’une manière générale fait du bon travail pour unifier les initiatives. Moi, je travaille à C40 Cities, qui est un réseau mondial de maires qui tentent de prendre les mesures urgentes dont on a besoinpour rester dans l’objectif de 1,5 degrés, et du point de vue de la ville, la présidence égyptienne a commencé à comprendre le rôle crucial que jouent les villes, car ce ne sont pas de simples observateurs des réunions du gouvernement national, mais la clé de la solution. Ce sontles acteurs principaux dont nous avons besoin pour exécuter les mesures urgentes nécessaires pour éviterl’effondrement climatique. C’est pourquoi nous sommesfiers qu’ils aient lancé deux initiatives pour la première fois sous la présidence égyptienne. La première est la Souplesse urbaine durable de la génération à venir(SURGe), qui permettra d’aider les villes à lancer la financement dont elles ont besoin pour aller de l’avantplus rapidement; et pour la première fois, la présidence de la Conférence des parties réunit aussi les ministres des villes dans la première réunion ministérielle liée à l’urbanisation qui se tiendra à la fin de la semaineprochaine. Tandis que le programme de travail de la villea acquis de l’importance dans le processus de la conférence des parties au cours des années, et c’est la première fois que la présidence reconnaît la voix de la ville et son programme de travail.
Quelles sont les solutions proposées pour résoudre le problème du changement climatique?
Nous avons besoin de mesures de transition dans ungroupe complet de secteurs, et les villes sont pionnièresdans ces activités, des transports jusqu’à l’énergie propreen passant par les modifications des constructions. La chose principale qu’il nous incombe de faire est de se débarrasser des combustibles fossiles, et de se tournervers l’énergie propre du fait de la possibilité de créer de nouvelles fonctions vertes et des bienfaits pour la santé et la qualité de l’air, et empêcher les décès prématurés dus à la pollution de l’air. C’est pourquoi nous avons réellementbesoin d’investissements énormes pour s’assurer que le champ de ces mesures dans tous ces secteurs et dansd’autres comme les solutions fondées sur la nature a étéélargi, en permettant aux villes d’aller de l’avant plus rapidement.
La transition vers un environnement vert et la mise enplace du développement durable exigent des mécanismesgarantissant le succès et la continuité. A votre avis, quelssont les facteurs dont on a besoin sur ce dossier?
Je pense qu’on a besoin d’un changement des mentalités, et de circonstances favorables pour garantir que les techniques nous permettent d’envisager un avenir plus vert, et de passer aussi de la pandémie du Covid-19 à un nouvel état naturel, durable et équitable, sans oublierpersonne. Nous avons vraiment besoin d’un changementdans la façon de penser, pour nous débarrasser des combustibles fossiles, et trouver les solutions permettant à davantage de sociétés de prospérer.
Ce sommet a été appelé “le sommet de l’exécution”. Voyons-nous des décisions obligeant les grands pays industriels à soutenir le financement du changementclimatique?
On constate un progrès à certains niveaux. Je pense, par exemple, que la question du financement des dommageset pertes a été officiellement inscrite dans le programmede travail de la conférence des parties. Je pense qu’au lieu de discussions sur la tenue de discussions futures, on commence vraiment à déterminer comment il nous estpossible de réaliser ces priorités. Il y a eu certainesdéclarations positives concernant l’adaptation et le financement de l’adaptation, et je sais que c’est l’une des priorités de la présidence égyptienne de la conférence des parties, mais nous avons vraiment besoin de voirdavantage de mesures de la part des pays avancés pour garantir cette perte, et que le financement des dommagesdébouche sur un mécanisme et une décision permettant de parvenir à un résultat qui garantisse, même si la détermination des moyens de mise en oeuvre n’a pas eulieu, que le financement est disponible pour les pays endéveloppement qui en ont besoin de façon urgente.
Quel est votre dernier message aux participants?
Je remercie tout le monde d’être présent, et d’avoirprésenté toutes les mesures et partenariats à cetteconférence des parties, et de ne pas avoir cessé de faire pression sur les chefs de gouvernements. C’est comme çaque devrait être l’exécution de la COP. Nous avonsvraiment besoin de voir davantage de mesures et de discussions centrées sur la façon de réaliser les objectifsde l’Accord de Paris. C’est le début de la discussion, par exemple sur le financement des dommages et pertes, qui continuera avec les conférences des parties à venir. Maisdans cette conférence des parties, et dans chaque COP, nous avons vraiment besoin de nous assurer que nous continuons à faire pression pour garantir que nous soyonssur le bon chemin pour arriver au zéro émission au plus tard à la moitié du siècle. C’est la seule façon de ne pas dépasser les 1,5 degrés. Tout le monde doit coopérer, etmanifester la façon d’exécuter cela concrètement, pour éviter l’effondrement climatique.
Comment les conflits internationaux comme la guerre enUkraine et la crise de l’alimentation peuvent-ils influersur l’action climatique internationale?
Les conflits internationaux influent de fait sur le climat, car ils peuvent montrer que ces problèmes sont plus urgents, ce qui conduira à diminuer l’importance du climat dans le programme de travail. Mais il faut se rappeler aussi que nombre de ces conflits peuvent aussis’aggraver à cause du changement climatique. Si voussouffrez de la sécheresse qui empêche les cultures, le problème va s’aggraver dans l’avenir. Bien qu’on puissetrouver un avantage potentiel au fait que les évolutionsgéopolitiques conduiront à une moindre importance duclimat dans le programme de travail, il est important de garantir qu’il reste inscrit à l’ordre du jour. Le climat resteune priorité, si ce n’est pas la plus urgente de ce siècle, car il va influer sur les conflits géopolitiques et les relations sécuritaires entre les pays. Et cela peut toucher la sécuritaire en eau. C’est pourquoi conférer une nature sécuritaire au climat en tant que problème existentiel estle seul moyen de progresser pour s’assurer que nous comprenons comment il est possible que le climat soit unepartie du problème de l’aggravation de ces conflitsinternationaux, mais l’action climatique est aussi la solution pour permettre de prévenir ces conflits.