Publié par CEMO Centre - Paris
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Problématique du concept d’Etat : Une étude comparée entre les organisations "Les Frères musulmans", "Al-Qaïda" et "Daech"

jeudi 22/novembre/2018 - 04:02
La Reference
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Par Sally Youssef

 

Introduction

Le concept d’Etat constitue une problématique chez les spécialistes et les penseurs des sciences politiques : Les définitions varient et les classements sont diverses. Cependant, il y a un accord général concernant les caractéristiques spécifiques de sa forme et de ses fonctions. 

L’Etat est défini (en sciences politiques) avec ses piliers où, on trouve le peuple, les frontières, le pouvoir, le territoire et la reconnaissance internationale. Comme Lorsqu’on parle d'Etat en sciences politiques, cela signifie l’Etat civil moderne qui a une constitution et une loi qui le régit et par laquelle le pouvoir  politique exerce ses missions et ses fonctions.

Dans cette étude, on tente de mettre l’accent sur la problématique du concept d’Etat dans la pensée des Frères musulmans et chez les deux organisations terroristes d’Al-Qaida et de Daech, tout en lisant les fondements intellectuels de l'Etat de chacune d'elles à cet égard.

Ici, la question principale posée est : Quel est le concept d'Etat dans la pensée des Frères musulmans, de Daech et d’Al-Qaida ?

L’importance de l’étude scientifique de la définition du concept d’Etat ne réside pas seulement dans la pensée et les littératures des trois organisations mais aussi dans les fondements intellectuels sur lesquels repose l'État chez chacune d’elles en plus de la surveillance des mécanismes utilisés par chaque organisation et cela afin de réaliser le concept d’Etat, chacune selon sa méthodologie.

 

Premièrement : Concept et caractéristiques de l’Etat dans la pensée des Frères musulmans         

La vision de la confrérie en ce qui concerne la société, les régimes de gouvernance et les systèmes de l’Etat, part de sa foi absolue que l’Islam est à la fois religion et Etat, car à cet égard, l’Islam fournit à la nation en essor tout ce dont elle a besoin de systèmes, de règles, d'émotions et de sentiments. En outre, la confrérie considère le Saint Coran comme l'élément qui détermine et dirige les transactions communautaires, y compris la politique selon les constantes légales. 

La confrérie pense également que l’Islam a établi toutes les normes et les règles nécessaires afin de faciliter la vie des citoyens et, par conséquent, s’oppose au droit positif.

Selon le concept de la confrérie, l’Islam représente « un système complet qui aborde tous les aspects de la vie : A cet égard, il est l’Etat et la patrie, le gouvernement et la nation, les éthiques et la force, la clémence et la justice. Il est également la culture, la science et la loi. Il est le moyen, la fortune, le gain et la richesse, le Jihad et la prédication, l'armée et l'idée. Comme, il représente la sincère foi et le vrai culte ».

L'organisation des Frères musulmans croit que l’Islam ne connaît pas le sacerdoce et qu'aucune classe ne monopolise la religion ou contrôle les consciences, pouvant ainsi fermer la porte de Dieu aux gens sauf à travers sa voie à elle, et que les musulmans n'ont pas besoin de médiation entre eux et leur Seigneur. Cela est contraire à ce que son fondateur, Hassan Al-Banna, a déclaré estimant que sa  Daawa (prédication) était la meilleure Daawa que l'humanité ait jamais connue, et que les membres de la confrérie - contrairement aux autres - méritaient d'administrer les nations.

Le concept de la confrérie à propos de l’islam contredit la nature des Etats civils modernes basés sur le principe de citoyenneté et la séparation entre la religion et le système gouvernemental comme moyen de créer l'harmonie et la cohésion sociales. Cette contradiction est confirmée par les déclarations de l'ancien leader des Frères musulmans, Mohamed Mahdi Akef, lorsqu’il a déclaré : « Tant pis pour l’Egypte et pour tout le monde en Egypte… La nationalité est l’Islam et je souhaite que les Musulmans de Malaisie nous gouvernent ».

 

 

Concept d’Etat dans la pensée d’Hassan Al Banna 

 

Al Banna considère le Califat islamique comme un «rite islamique dont tous les musulmans devraient envisager la restauration, mais avant le retour du califat, il faut procéder à beaucoup de choses qui consistent à construire l'individu musulman puis la famille musulmane et par conséquent une société saine sera construite, ensuite un Etat sain, puis le Califat islamique et de cette manière, la confrérie devient le maître du monde ». 

Cependant, les Frères musulmans  ont modifié leur discours politique après le Printemps arabe (2011) suite au rejet populaire du concept d'Etat religieux selon leur vision,  qui contredit les visions nationales en Egypte depuis la proclamation de la République dans les années 1950 du siècle dernier. 

A cet égard, la confrérie cherche à vaincre le rejet public en promouvant l'idée d'un «Etat civil à référence islamique » et cela sans se rendre compte de la contradiction entre les deux concepts: L'État civil dépend dans son établissement des fondements qui sont différents de ceux reconnus par l'État religieux: le premier reconnaît la laïcité comme un mécanisme d'harmonie sociétale et de rejet des différences, tandis que le second adopte l'identité religieuse comme moyen de promotion sociale, y compris les fonctions.

On a vu cette contradiction durant le règne des Frères musulmans en Egypte, qui a duré un an à partir de la mi-2012, le travail institutionnel du gouvernement a également connu un déclin et cela en faveur des comités organisationnels et administratifs de la confrérie, qui adoptent une politique de gouvernance collective. Ce qui signifie que la confrérie a pratiqué une fraude électorale en poussant l'un de ses candidats à la Présidence de la République, pour ensuite  procéder à gouverner à sa place.

On trouve également que la confrérie a tenté de reproduire son expérience interne dans l'administration avec l'Etat égyptien, et ceci à travers ses efforts sans cesse  de consacrer le pouvoir entre les mains du Président qui a détenu le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif, après la dissolution du Parlement élu en 2012. C’était un double jeu du régime en place, à l'époque, lorsqu’il a publié une Déclaration constitutionnelle appelant le Parlement dissous dont la majorité était de la confrérie, à se tenir de nouveau.

Et puisque cette décision a été rejetée, le Président s'est emparé du pouvoir législatif et exécutif, ce qui signifie que son plan a atteint son but dans les deux cas. A cause de la non prise en considération par la confrérie des aspirations populaires et cela car elle suivait la politique de «frérisation» selon ses littératures, en plaçant ses éléments dans les diverses institutions gouvernementales et c’est la raison pour laquelle le peuple s’est révolté contre les Frères musulmans le 30 juin 2013. A cet égard, la politique de la confrérie reflète son manque de  croyance en l’idée d'’Etat civil qui reconnaît l'égalité dans l'emploi comme un droit fondamental des citoyens.

Caractéristiques de l’Etat chez «la confrérie des Frères musulmans »  

L’Etat chez le groupe des Frères musulmans a trois piliers et est basé sur la pensée d’Hassan Al Banna (fondateur de la confrérie) et cela est très loin de l’application pratique en réalité. Le premier de ces piliers est la justice qui est  un fondement sur lequel, les civilisations reposent et seulement dans son cadre, les Etats civils s’établissent, l’urbanisme se développe et la stabilité des Etats se réalise. En plus, les Frères considèrent la justice en tant que fondement de la Charia qui vient afin de créer la communauté de justice entre tous les êtres humains : Les gouvernants et les gouvernés, les musulmans et les non-musulmans.

La confrérie estime que la justice ne se réalise pas sans garantir la liberté, sans assurer l’égalité et la réalisation de consultation. Avec la justice, on trouve l’équilibre entre les intérêts des individus et des groupes. En outre, la confrérie considère la justice comme l’autre face de la justice et parmi les bases de construction de la société. Selon son point de vue, l’idée d'égalité est basée sur l'unité de l'origine humaine : Tout le monde est d’Adam et Adam est de la poussière.

Quant au deuxième pilier, c'est la liberté : La confrérie croit que Dieu crée l’homme libre ayant sa volonté et sa capacité à choisir tout ce qu’il veut comme  opinions et actions. En effet, la liberté représente un instinct chez l’homme. 

A cet égard, l'organisation estime que toute restriction ou violation de la liberté humaine est un défi à la volonté du Créateur, exigeant du pouvoir la protection des libertés des citoyens.

Le troisième pilier est le Jihad : Le groupe considère que le Jihad est l’une des normes de l’Etat islamique, car il n’y aura pas d’Etat sans lutte, ni de liberté sans armes  ni de sécurité nationale sans une armée forte.

Il convient de noter que l’idée de Jihad chez les Frères musulmans s'est développée avec le temps: En effet, l’idée d’Hassan Al-Banna s'intitulait : «La promotion de la vertu, de la prévention du vice et de présentation des conseils en faveur de Dieu, en faveur de son Messager, de son Livre, en faveur des Imams des musulmans et en faveur de tout le monde, tout en appelant les gens à rejoindre le chemin de Dieu avec la sagesse et les bons conseils ». Le Jihad doit être pacifique dans son essor, toutefois, avec l’évolution de la pensée du groupe et son orientation vers plus de violence, le Jihad est apparu avec son sens armé. 

De tout ce qui précède, il ressort que l’Etat dans la pensée de la confrérie des Frères est indispensable afin de réaliser les objectifs de l’Islam dans la préservation de la religion, de la raison, de soi, de l’honneur et de l'argent, et d’accomplir les devoirs collectifs que les individus ne peuvent accomplir et que l'Etat est un Etat de prédication ou de message.

   

Deuxièmement : Concept et caractéristiques de l’Etat chez Al-Qaïda 

 

L’organisation d’Al-Qaïda suit, et cela selon ses littératures essentielles, une approche spécifique qui est l’approche islamique basée sur le Coran et la Sunna en tant que deux sources principales de la législation et de la gouvernance ainsi que sur les autres sources approuvées par la nation telles que : Le consensus, la mesure, les intérêts mutuels et l’appréciation. On peut dire qu’Al-Qaïda est salafiste de pensée, de naissance, de direction et d'approche.

Par conséquent, le concept sain de l’Etat dans la pensée d’Al-Qaïda c’est atteindre l’Etat du Califat tout en utilisant le Jihad en tant qu’un mécanisme principal pour réaliser son objectif en plus d’autres moyens y compris le travail de prédication afin d’adapter la société à la gouvernance de Charia. C’est pour cette raison que le Jihad est sacré dans la méthodologie d’Al-Qaïda. Il est supérieur à tous les actes et tous les cultes et l’organisation le considère comme la voie la plus courte pour s'approcher de Dieu, valant mieux que toutes les prières surérogatoires qu’on peut faire. 

Les objectifs du Jihad chez Al-Qaïda sont l’application de l’Islam et de ses règles, l'approfondissement des liens entre les participants, le renforcement des aspects physiques des individus, le travail afin de répondre aux besoins de la société et l’anticipation du stade d'autonomisation.   

Selon le concept d’Al-Qaïda, tout musulman doit participer au Jihad et cela afin que l’Islam  retrouve la place qu’il mérite. A cet égard, la lutte d’Al-Qaïda vise les infidèles (qui ne lui appartiennent pas), il a également accusé les régimes arabes et islamiques d'impiété, et ce parce qu'ils ne suivent pas l'approche correcte de l'islam, c’est-à-dire, qu'ils tendent vers l’occident.          

Troisièmement: Le concept d'Etat chez Daech

 Daech a déclaré la création de ce qu’il a appelé “l’Etat islamique” en 2014 en désignant Abou Bakr Al-Baghdadi comme le calife des musulmans. Daech est considéré comme une organisation armée terroriste qui adopte la pensée salafiste djihadiste (takfiriste) et dont les organisateurs visent le retour de ce qu’ils appellent " le Califat islamique et l’application de la Charia.       

Selon Daech, l’Etat islamique est celui qui est basé sur le Califat islamique et l'application de la Charia. La seule différence de pensée entre Al-Qaïda et Daech réside dans le concept d'ennemi proche et d’ennemi lointain, c’est-à-dire l’ordre des priorités de chacun d’eux : Al-Qaïda prône le ciblage des intérêts des Etats-Unis d'Amérique  (déclaration de guerre sur l’alliance des juifs et des chrétiens, comme il est venu dans la déclaration d’Al-Qaïda en 1998) d’une manière générale. Ainsi on voit que le plus grand ennemi d'Al-Qaïda devient les États-Unis d'Amérique, tandis que Daech préfère cibler l'ennemi interne avant l’ennemi externe.              

2- Les mécanismes utilisés par chaque organisation:

Premièrement : Les mécanismes utilisés par « les Frères musulmans »

Le groupe des Frères musulmans tente d'utiliser de nombreux mécanismes afin de réaliser sa vision en ce qui concerne la forme de l’Etat.

On va présenter la présence des Frères en Egypte comme un cas des mécanismes utilisés par le groupe afin d’atteindre ses objectifs :

Le groupe des Frères musulmans essaie d’utiliser la politique afin de réaliser ses objectifs. Il n’était pas en harmonie avec le régime du Président Nasser. Après l’arrivée du Président Anouar Sadate au pouvoir, une percée a eu lieu dans la relation du groupe avec les dirigeants politiques à cette époque. Une alliance s’est nouée entre lui et les dirigeants politiques afin de battre les gauchistes et le groupe a voulu exploiter cette alliance pour reconstruire l'organisation et obtenir la reconnaissance officielle du celui-ci.                  

Au début de l’époque de Hosni Moubarak, le groupe s’est placé dans les rangs  de l’opposition. Il a tenté d’obtenir la reconnaissance officielle de l’Etat afin d’intégrer les institutions étatiques. Il a participé aux premières élections législatives de 1984 en alliance avec le Parti d’El Wafd. Il a également participé aux élections de 1987. La même année, les parlementaires ont choisi Moubarak comme candidat à un second mandat, et ce afin d’éviter l’affrontement avec la tête du régime dans le cadre de leur recherche de la légitimité juridique pour leur action politique. Il est aussi clair que le groupe a oscillé dans la pratique de l'action politique entre partisans et opposants du régime. A cet égard, on trouve que la confrérie a insisté à exercer l'approche politique sous le régime et l'Etat jusqu'à la révolution du 25 janvier. Par ailleurs, les Frères musulmans ont participé à des tournants historiques avant et après la révolution en accédant au pouvoir en Egypte, en Tunisie, au Maroc, au Soudan et en Libye, ils ont tenté de mettre en œuvre leurs plans, mais n'ont pas réussi du tout.                 

Les Frères ont utilisé le Jihad en tant qu’instrument afin de réaliser leurs buts tout en le considérant comme la voie du changement et de la réforme: On estime dans la pensée du groupe que le Jihad est également utilisé contre l'occupation et le colonialisme, ou même contre des régimes qui ne gouvernent pas avec ce qui est imposé par Dieu.

Il y a trois variables qui définissent la position du groupe par rapport au Jihad, à savoir : Le premier est l’oscillation du groupe entre le stade d’Hassan Al-Banna et le stade de Sayyed Qoutb. Le deuxième est la fluctuation entre le concept d'Etat (au sens politique) et le concept mondial (en tant qu’une organisation mondiale qui se compose de divers peuples). 

Et le troisième est la structure qui joue le plus grand rôle dans l’orientation des changements des contenus du Jihad.           

Deuxièmement : Les mécanismes d’Al-Qaïda afin de réaliser le concept d'Etat  

Les mouvements djihadistes mondiaux se sont étendus et se sont répandus au monde entier et récemment leur présence en Syrie, en Tunisie et en Libye s'est intensifiée. Ce qui a conduit à la violence, au crime et à la propagation du terrorisme dans la région. Cependant, l’organisation d’Al-Qaïda a prédit la concentration des mouvements djihadistes depuis 2012. C’est pourquoi, elle a formulé une stratégique pour elle-même de 2000 à 2020 constituée de 6 étapes, à savoir:       

La première: « Le réveil » (2000-2003). Cette étape ayant comme objectif de provoquer les États-Unis d'Amérique afin de déclarer la guerre contre l’Islam. Ce qui mène donc au réveil des musulmans.      

La deuxième: « L'ouverture des yeux » (2003-2006). Pour cette étape Al-Qaïda espérait se transformer d’une organisation en un mouvement plus large et étendre ses bases dans certains pays arabes, prenant l'Irak comme centre du Jihad, afin de préparer les cadres aux futurs champs de bataille.  

La troisième : La renaissance et la fermeté des pas" (2007-2010). Cette étape vise à se concentrer davantage sur les pays du Moyen-Orient et la Syrie en particulier.  

La quatrième: “La récupération de la pleine forme et la possession du pouvoir qui est capable de faire le changement » (2010-2013). Etape où l’organisation d’Al-Qaïda prédisait la chute de tous les régimes arabes qu'il considère comme tyrans. 

La cinquième: «La proclamation de l'Etat» (2013 - 2016) dans l'espoir d'établir l'Etat du Califat.

La sixième: «L’affrontement global » (2016-2020). Au cours de cette période, l’organisation d’Al-Qaïda anticipe le déclenchement d’une guerre à grande échelle contre ceux qu'ils considèrent comme des «infidèles», menant ainsi au succès de l’Etat du Califat.     

Les documents et les littératures d’Al-Qaïda ont révélé que sa vision du projet de Califat islamique consiste à lutter contre l'ennemi lointain tout en considérant que le retour du califat commence par l'épuisement des forces américaines afin d’atteindre le stade d'effondrement, puis débute le combat contre les régimes locaux, l’organisation estimant que ces régimes ne vont chuter qu’avec la chute de l'Amérique.     

Al-Qaïda, représenté par le leader de l’organisation, Ayman Al-Zawahiri, a reconnu sa demande d'éléments djihadistes afin d’établir un émirat islamique au Yémen tout en continuant à affaiblir l'Amérique, à travailler à son épuisement de façon permanente et à renverser les dirigeants qui abandonnent la Charia. 

Troisièmement: Les mécanismes de Daech en établissant son Etat 

Contrairement à Al-Qaïda de manière totale, le concept d'Etat chez Daech dans sa vision du projet de Califat islamique repose sur la théorie de lutte contre l'ennemi proche. Cela est dû à la naissance de l'organisation en Irak, où l’ennemi lointain est représenté par les forces d'occupation américaines, et l'ennemi proche, représenté par les autorités politiques irakiennes.

Depuis sa création, l’organisation a connu trois étapes, à savoir : 

La première : Etape de l’action au sein de l’Irak.

La deuxième : Etape de l’expansion en Syrie.

Et finalement : L'extension aléatoire de l 'organisation à toute la zone géographique du Moyen-Orient.

Au cours de ces étapes, la relation entre les deux organisations, Al-Qaïda et Daech,  a oscillé de la dépendance totale dans la première étape, au conflit dans la deuxième étape, jusqu'à ce que la relation atteigne l'état de rébellion et de désobéissance totale dans la troisième étape.      

Selon certains journaux, l'organisation - la pire et la plus brutale et radicale de l'histoire des groupes extrémistes - a un plan quinquennal afin d’établir un Etat de Califat islamique qui s'étend au-delà des frontières du monde islamique tout en planifiant à établir un Etat islamique qui comprend la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, une grande partie de l'Asie occidentale et des parties de l'Europe.   

En plus, Daech planifie de s’emparer des Balkans, il veut imposer son hégémonie sur la Grèce, la Roumanie, la Bulgarie et un certain nombre de pays d'Europe de l'Est jusqu’à l'Autriche.     

De tout ce qui précède, il est clair que la violence est un cadre intellectuel commun entre les trois organisations. Toutes les trois organisations l’utilisent comme moyen en vue de réaliser leur fin religieuse représentée par l’établissement de l’Etat du  Califat.

Quant aux Frères musulmans, le groupe a pris la voie de la violence afin de parvenir à l'acquisition de la société et de l'État tout en utilisant de nombreuses méthodes afin de réaliser cela, commençant par la prédication et la polarisation et se terminant par la violence, l'exclusion et l'extrémisme religieux. La confrérie accorde une grande importance à l’individu en le considérant comme le principal pilier au sein de la société, à travers lequel, elle peut guider le processus de réforme morale comme elle le souhaite.

Ce qui reflète l’ampleur de son racisme et met l’accent sur le fait que la violence est plus évidente dans l'esprit de Sayyed Qoutb qu'elle ne l'était.        

Cela s’applique aussi à Daech, et cela car l’organisation utilise la violence en tant qu’un moyen afin de consolider les racines de son Etat tout en considérant le combat comm un instrument afin de stabiliser les piliers de sa gouvernance. 

On peut faire face à l’idée de violence et cela à travers le soutien au rôle des institutions de la société civile qui présentent des idées qui luttent contre les autres extrémistes et le soutien au rôle des institutions religieuses afin de révéler la vérité de ces idées extrémistes en clarifiant qu'elles n'ont aucun rapport avec la religion en plus de la bonne compréhension de la religion en montrant qu'elle n'appelle pas à la violence. A cet égard, les médias doivent jouer un rôle central dans la description et la définition des événements.      

Quant à l’affrontement dynamique par l’Etat du concept des trois organisations, il réside dans l’aspect sécuritaire. On peut dire qu’il existe une relation inverse entre la sécurité et la présence des organisations extrémistes. Cela est très clair dans l’affrontement du terrorisme par l’Egypte. Avec la force sécuritaire suivie par l’Egypte, le terrorisme commence à faiblir. Au début, l'Égypte faisait face à des coups violents, mais avec la préparation d'un plan global de lutte contre le terrorisme, celui-ci a nettement diminué et l'État continue actuellement à renforcer ses forces afin d'y faire face .     

Pour que les régimes politiques combattent le terrorisme, ils doivent développer la société, la véritable cause de l'extrémisme et de la violence est la frustration, c’est pour cela, plus de développement mène à un niveau réduit de l'extrémisme.

 Conclusion

Après l'analyse du concept d’Etat par l'étude chez chacune des trois organisations, il nous est clair qu’il est identique chez les trois organisations : On a le groupe des Frères musulmans qui considère que l’Etat est celui du Califat, mais en raison de ses pratiques politiques et de sa bonne compréhension des exigences des peuples, il peut utiliser les phrases vagues et les termes flexibles pour donner l'impression qu’ils reflètent sa bonne compréhension des exigences de la réalité. Donc, il peut contrôler les esprits et les utiliser plus tard afin de réaliser ses objectifs. C’est pourquoi, il utilise le terme "Etat civil moderne" avec une référence islamique en décrivant le concept. Mais cela est tout à fait contraire à la pensée des deux autres organisations, Al-Qaïda et Daech, qui n’ont pas l'aptitude de manipuler les termes, parce qu'elles n'exerçaient pas d'action politique. Ainsi on voit bien que les trois organisations ne croient pas aux frontières de l'Etat et cela malgré la définition courante de l’Etat en sciences politiques consistant en des frontières terrestres, aériennes et maritimes.

On remarque également que les trois organisations utilisent le concept de nation et non pas de peuple : Ces organisations ne croient pas au peuple, et ce même si le peuple est considéré comme le composant principal de l'Etat.  À cet égard, où le peuple se trouve, l’Etat devient l’identité de la patrie et le peuple une réalité concrète. Toutefois, les trois organisations utilisent toujours le terme nation (selon elles, la nation islamique porte les mêmes idées) et de ce fait, il devient l’identité du croyant et le concept de nation ne se limite pas à une notion spécifique. Sur ce point, les Frères musulmans pensent qu’ils sont un groupe unifié par une culture commune et répandue dans de nombreux pays, essayant toujours de devenir une réalité concrète.

Quant aux mécanismes utilisés par les trois organisations, on trouve qu’ils sont également similaires : A cet égard, l'utilisation du Jihad est un moyen d'atteindre leur fin avec une légère différence dans le concept de chaque organisation en ce qui concerne le Jihad et une différence du point de départ, car il y a plusieurs facteurs, déjà mentionnés, qui ont influencé l'identification de chaque organisation. Les trois organisations peuvent coopérer dans les moments de faiblesse, mais rapidement elles reviennent à l'état de conflit.

Le groupe des Frères musulmans diffère des deux autres organisations d'Al-Qaïda et de Daech vu qu’il fait recours à la politique en tant qu'instrument pour l'établissement de "son" Etat en faisant beaucoup de tentatives pour pouvoir le réaliser, mais il a fini par échouer. C’est pourquoi la confrérie fait recours à la violence comme alternative à la politique. Enfin on peut dire qu’il est prévu qu'elle continue d'utiliser la violence jusqu'à ce qu'elle disparaisse et que toutes ses cellules deviennent inactives, après quoi elle procédera au réexamen de ses idées et commencera de nouveau.                    

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