Problématique du concept d’Etat : Une étude comparée entre les organisations "Les Frères musulmans", "Al-Qaïda" et "Daech"
Par Sally Youssef
Introduction
Le concept d’Etat constitue une
problématique chez les spécialistes et les penseurs des sciences politiques :
Les définitions varient et les classements sont diverses. Cependant, il y a un
accord général concernant les caractéristiques spécifiques de sa forme et de
ses fonctions.
L’Etat est défini (en sciences
politiques) avec ses piliers où, on trouve le peuple, les frontières, le
pouvoir, le territoire et la reconnaissance internationale. Comme Lorsqu’on
parle d'Etat en sciences politiques, cela signifie l’Etat civil moderne qui a
une constitution et une loi qui le régit et par laquelle le pouvoir
politique exerce ses missions et ses fonctions.
Dans cette étude, on tente de
mettre l’accent sur la problématique du concept d’Etat dans la pensée des
Frères musulmans et chez les deux organisations terroristes d’Al-Qaida et de
Daech, tout en lisant les fondements intellectuels de l'Etat de chacune d'elles
à cet égard.
Ici, la question principale posée
est : Quel est le concept d'Etat dans la pensée des Frères musulmans, de Daech
et d’Al-Qaida ?
L’importance de l’étude
scientifique de la définition du concept d’Etat ne réside pas seulement dans la
pensée et les littératures des trois organisations mais aussi dans les
fondements intellectuels sur lesquels repose l'État chez chacune d’elles en
plus de la surveillance des mécanismes utilisés par chaque organisation et cela
afin de réaliser le concept d’Etat, chacune selon sa méthodologie.
Premièrement : Concept et
caractéristiques de l’Etat dans la pensée des Frères musulmans
La vision de la confrérie en ce
qui concerne la société, les régimes de gouvernance et les systèmes de l’Etat,
part de sa foi absolue que l’Islam est à la fois religion et Etat, car à cet
égard, l’Islam fournit à la nation en essor tout ce dont elle a besoin de
systèmes, de règles, d'émotions et de sentiments. En outre, la confrérie
considère le Saint Coran comme l'élément qui détermine et dirige les
transactions communautaires, y compris la politique selon les constantes
légales.
La confrérie pense également que
l’Islam a établi toutes les normes et les règles nécessaires afin de faciliter
la vie des citoyens et, par conséquent, s’oppose au droit positif.
Selon le concept de la confrérie,
l’Islam représente « un système complet qui aborde tous les aspects de la vie :
A cet égard, il est l’Etat et la patrie, le gouvernement et la nation, les
éthiques et la force, la clémence et la justice. Il est également la culture,
la science et la loi. Il est le moyen, la fortune, le gain et la richesse, le
Jihad et la prédication, l'armée et l'idée. Comme, il représente la sincère foi
et le vrai culte ».
L'organisation des Frères
musulmans croit que l’Islam ne connaît pas le sacerdoce et qu'aucune classe ne
monopolise la religion ou contrôle les consciences, pouvant ainsi fermer la
porte de Dieu aux gens sauf à travers sa voie à elle, et que les musulmans
n'ont pas besoin de médiation entre eux et leur Seigneur. Cela est contraire à
ce que son fondateur, Hassan Al-Banna, a déclaré estimant que sa Daawa
(prédication) était la meilleure Daawa que l'humanité ait jamais connue, et que
les membres de la confrérie - contrairement aux autres - méritaient
d'administrer les nations.
Le concept de la confrérie à
propos de l’islam contredit la nature des Etats civils modernes basés sur le
principe de citoyenneté et la séparation entre la religion et le système
gouvernemental comme moyen de créer l'harmonie et la cohésion sociales. Cette
contradiction est confirmée par les déclarations de l'ancien leader des Frères
musulmans, Mohamed Mahdi Akef, lorsqu’il a déclaré : « Tant pis pour l’Egypte
et pour tout le monde en Egypte… La nationalité est l’Islam et je souhaite que
les Musulmans de Malaisie nous gouvernent ».
Concept d’Etat dans la pensée
d’Hassan Al Banna
Al Banna considère le Califat
islamique comme un «rite islamique dont tous les musulmans devraient envisager
la restauration, mais avant le retour du califat, il faut procéder à beaucoup
de choses qui consistent à construire l'individu musulman puis la famille
musulmane et par conséquent une société saine sera construite, ensuite un Etat
sain, puis le Califat islamique et de cette manière, la confrérie devient le
maître du monde ».
Cependant, les Frères
musulmans ont modifié leur discours politique après le Printemps arabe
(2011) suite au rejet populaire du concept d'Etat religieux selon leur
vision, qui contredit les visions nationales en Egypte depuis la
proclamation de la République dans les années 1950 du siècle dernier.
A cet égard, la confrérie cherche
à vaincre le rejet public en promouvant l'idée d'un «Etat civil à référence
islamique » et cela sans se rendre compte de la contradiction entre les deux
concepts: L'État civil dépend dans son établissement des fondements qui sont
différents de ceux reconnus par l'État religieux: le premier reconnaît la
laïcité comme un mécanisme d'harmonie sociétale et de rejet des différences,
tandis que le second adopte l'identité religieuse comme moyen de promotion
sociale, y compris les fonctions.
On a vu cette contradiction
durant le règne des Frères musulmans en Egypte, qui a duré un an à partir de la
mi-2012, le travail institutionnel du gouvernement a également connu un déclin
et cela en faveur des comités organisationnels et administratifs de la
confrérie, qui adoptent une politique de gouvernance collective. Ce qui
signifie que la confrérie a pratiqué une fraude électorale en poussant l'un de
ses candidats à la Présidence de la République, pour ensuite procéder à
gouverner à sa place.
On trouve également que la
confrérie a tenté de reproduire son expérience interne dans l'administration
avec l'Etat égyptien, et ceci à travers ses efforts sans cesse de
consacrer le pouvoir entre les mains du Président qui a détenu le pouvoir
législatif et le pouvoir exécutif, après la dissolution du Parlement élu en
2012. C’était un double jeu du régime en place, à l'époque, lorsqu’il a publié
une Déclaration constitutionnelle appelant le Parlement dissous dont la
majorité était de la confrérie, à se tenir de nouveau.
Et puisque cette décision a été
rejetée, le Président s'est emparé du pouvoir législatif et exécutif, ce qui
signifie que son plan a atteint son but dans les deux cas. A cause de la non
prise en considération par la confrérie des aspirations populaires et cela car
elle suivait la politique de «frérisation» selon ses littératures, en plaçant
ses éléments dans les diverses institutions gouvernementales et c’est la raison
pour laquelle le peuple s’est révolté contre les Frères musulmans le 30 juin
2013. A cet égard, la politique de la confrérie reflète son manque de
croyance en l’idée d'’Etat civil qui reconnaît l'égalité dans l'emploi comme un
droit fondamental des citoyens.
Caractéristiques de l’Etat chez
«la confrérie des Frères musulmans »
L’Etat chez le groupe des Frères
musulmans a trois piliers et est basé sur la pensée d’Hassan Al Banna
(fondateur de la confrérie) et cela est très loin de l’application pratique en
réalité. Le premier de ces piliers est la justice qui est un fondement
sur lequel, les civilisations reposent et seulement dans son cadre, les Etats
civils s’établissent, l’urbanisme se développe et la stabilité des Etats se
réalise. En plus, les Frères considèrent la justice en tant que fondement de la
Charia qui vient afin de créer la communauté de justice entre tous les êtres
humains : Les gouvernants et les gouvernés, les musulmans et les non-musulmans.
La confrérie estime que la
justice ne se réalise pas sans garantir la liberté, sans assurer l’égalité et
la réalisation de consultation. Avec la justice, on trouve l’équilibre entre
les intérêts des individus et des groupes. En outre, la confrérie considère la
justice comme l’autre face de la justice et parmi les bases de construction de
la société. Selon son point de vue, l’idée d'égalité est basée sur l'unité de
l'origine humaine : Tout le monde est d’Adam et Adam est de la poussière.
Quant au deuxième pilier, c'est
la liberté : La confrérie croit que Dieu crée l’homme libre ayant sa volonté et
sa capacité à choisir tout ce qu’il veut comme opinions et actions. En
effet, la liberté représente un instinct chez l’homme.
A cet égard, l'organisation
estime que toute restriction ou violation de la liberté humaine est un défi à
la volonté du Créateur, exigeant du pouvoir la protection des libertés des
citoyens.
Le troisième pilier est le Jihad
: Le groupe considère que le Jihad est l’une des normes de l’Etat islamique,
car il n’y aura pas d’Etat sans lutte, ni de liberté sans armes ni de
sécurité nationale sans une armée forte.
Il convient de noter que l’idée
de Jihad chez les Frères musulmans s'est développée avec le temps: En effet,
l’idée d’Hassan Al-Banna s'intitulait : «La promotion de la vertu, de la
prévention du vice et de présentation des conseils en faveur de Dieu, en faveur
de son Messager, de son Livre, en faveur des Imams des musulmans et en faveur
de tout le monde, tout en appelant les gens à rejoindre le chemin de Dieu avec
la sagesse et les bons conseils ». Le Jihad doit être pacifique dans son essor,
toutefois, avec l’évolution de la pensée du groupe et son orientation vers plus
de violence, le Jihad est apparu avec son sens armé.
De tout ce qui précède, il
ressort que l’Etat dans la pensée de la confrérie des Frères est indispensable
afin de réaliser les objectifs de l’Islam dans la préservation de la religion,
de la raison, de soi, de l’honneur et de l'argent, et d’accomplir les devoirs
collectifs que les individus ne peuvent accomplir et que l'Etat est un Etat de prédication
ou de message.
Deuxièmement : Concept et
caractéristiques de l’Etat chez Al-Qaïda
L’organisation d’Al-Qaïda suit,
et cela selon ses littératures essentielles, une approche spécifique qui est
l’approche islamique basée sur le Coran et la Sunna en tant que deux sources
principales de la législation et de la gouvernance ainsi que sur les autres
sources approuvées par la nation telles que : Le consensus, la mesure, les
intérêts mutuels et l’appréciation. On peut dire qu’Al-Qaïda est salafiste de
pensée, de naissance, de direction et d'approche.
Par conséquent, le concept sain
de l’Etat dans la pensée d’Al-Qaïda c’est atteindre l’Etat du Califat tout en
utilisant le Jihad en tant qu’un mécanisme principal pour réaliser son objectif
en plus d’autres moyens y compris le travail de prédication afin d’adapter la
société à la gouvernance de Charia. C’est pour cette raison que le Jihad est
sacré dans la méthodologie d’Al-Qaïda. Il est supérieur à tous les actes et
tous les cultes et l’organisation le considère comme la voie la plus courte
pour s'approcher de Dieu, valant mieux que toutes les prières surérogatoires
qu’on peut faire.
Les objectifs du Jihad chez
Al-Qaïda sont l’application de l’Islam et de ses règles, l'approfondissement
des liens entre les participants, le renforcement des aspects physiques des
individus, le travail afin de répondre aux besoins de la société et
l’anticipation du stade d'autonomisation.
Selon le concept d’Al-Qaïda, tout
musulman doit participer au Jihad et cela afin que l’Islam retrouve la
place qu’il mérite. A cet égard, la lutte d’Al-Qaïda vise les infidèles (qui ne
lui appartiennent pas), il a également accusé les régimes arabes et islamiques
d'impiété, et ce parce qu'ils ne suivent pas l'approche correcte de l'islam,
c’est-à-dire, qu'ils tendent vers l’occident.
Troisièmement: Le concept d'Etat
chez Daech
Daech a déclaré la création
de ce qu’il a appelé “l’Etat islamique” en 2014 en désignant Abou Bakr
Al-Baghdadi comme le calife des musulmans. Daech est considéré comme une
organisation armée terroriste qui adopte la pensée salafiste djihadiste
(takfiriste) et dont les organisateurs visent le retour de ce qu’ils appellent
" le Califat islamique et l’application de la Charia.
Selon Daech, l’Etat islamique est
celui qui est basé sur le Califat islamique et l'application de la Charia. La
seule différence de pensée entre Al-Qaïda et Daech réside dans le concept
d'ennemi proche et d’ennemi lointain, c’est-à-dire l’ordre des priorités de
chacun d’eux : Al-Qaïda prône le ciblage des intérêts des Etats-Unis d'Amérique
(déclaration de guerre sur l’alliance des juifs et des chrétiens, comme
il est venu dans la déclaration d’Al-Qaïda en 1998) d’une manière générale.
Ainsi on voit que le plus grand ennemi d'Al-Qaïda devient les États-Unis
d'Amérique, tandis que Daech préfère cibler l'ennemi interne avant l’ennemi
externe.
2- Les mécanismes utilisés par
chaque organisation:
Premièrement : Les mécanismes
utilisés par « les Frères musulmans »
Le groupe des Frères musulmans
tente d'utiliser de nombreux mécanismes afin de réaliser sa vision en ce qui
concerne la forme de l’Etat.
On va présenter la présence des
Frères en Egypte comme un cas des mécanismes utilisés par le groupe afin
d’atteindre ses objectifs :
Le groupe des Frères musulmans
essaie d’utiliser la politique afin de réaliser ses objectifs. Il n’était pas
en harmonie avec le régime du Président Nasser. Après l’arrivée du Président
Anouar Sadate au pouvoir, une percée a eu lieu dans la relation du groupe avec
les dirigeants politiques à cette époque. Une alliance s’est nouée entre lui et
les dirigeants politiques afin de battre les gauchistes et le groupe a voulu
exploiter cette alliance pour reconstruire l'organisation et obtenir la
reconnaissance officielle du celui-ci.
Au début de l’époque de Hosni
Moubarak, le groupe s’est placé dans les rangs de l’opposition. Il a
tenté d’obtenir la reconnaissance officielle de l’Etat afin d’intégrer les
institutions étatiques. Il a participé aux premières élections législatives de
1984 en alliance avec le Parti d’El Wafd. Il a également participé aux
élections de 1987. La même année, les parlementaires ont choisi Moubarak comme
candidat à un second mandat, et ce afin d’éviter l’affrontement avec la tête du
régime dans le cadre de leur recherche de la légitimité juridique pour leur
action politique. Il est aussi clair que le groupe a oscillé dans la pratique
de l'action politique entre partisans et opposants du régime. A cet égard, on
trouve que la confrérie a insisté à exercer l'approche politique sous le régime
et l'Etat jusqu'à la révolution du 25 janvier. Par ailleurs, les Frères
musulmans ont participé à des tournants historiques avant et après la
révolution en accédant au pouvoir en Egypte, en Tunisie, au Maroc, au Soudan et
en Libye, ils ont tenté de mettre en œuvre leurs plans, mais n'ont pas réussi
du tout.
Les Frères ont utilisé le Jihad
en tant qu’instrument afin de réaliser leurs buts tout en le considérant comme
la voie du changement et de la réforme: On estime dans la pensée du groupe que
le Jihad est également utilisé contre l'occupation et le colonialisme, ou même
contre des régimes qui ne gouvernent pas avec ce qui est imposé par Dieu.
Il y a trois variables qui
définissent la position du groupe par rapport au Jihad, à savoir : Le premier
est l’oscillation du groupe entre le stade d’Hassan Al-Banna et le stade de
Sayyed Qoutb. Le deuxième est la fluctuation entre le concept d'Etat (au sens
politique) et le concept mondial (en tant qu’une organisation mondiale qui se
compose de divers peuples).
Et le troisième est la structure
qui joue le plus grand rôle dans l’orientation des changements des contenus du
Jihad.
Deuxièmement : Les mécanismes
d’Al-Qaïda afin de réaliser le concept d'Etat
Les mouvements djihadistes
mondiaux se sont étendus et se sont répandus au monde entier et récemment leur
présence en Syrie, en Tunisie et en Libye s'est intensifiée. Ce qui a conduit à
la violence, au crime et à la propagation du terrorisme dans la région.
Cependant, l’organisation d’Al-Qaïda a prédit la concentration des mouvements
djihadistes depuis 2012. C’est pourquoi, elle a formulé une stratégique pour
elle-même de 2000 à 2020 constituée de 6 étapes, à savoir:
La première: « Le réveil »
(2000-2003). Cette étape ayant comme objectif de provoquer les États-Unis
d'Amérique afin de déclarer la guerre contre l’Islam. Ce qui mène donc au
réveil des musulmans.
La deuxième: « L'ouverture des
yeux » (2003-2006). Pour cette étape Al-Qaïda espérait se transformer d’une
organisation en un mouvement plus large et étendre ses bases dans certains pays
arabes, prenant l'Irak comme centre du Jihad, afin de préparer les cadres aux
futurs champs de bataille.
La troisième : La renaissance et
la fermeté des pas" (2007-2010). Cette étape vise à se concentrer
davantage sur les pays du Moyen-Orient et la Syrie en particulier.
La quatrième: “La récupération de
la pleine forme et la possession du pouvoir qui est capable de faire le
changement » (2010-2013). Etape où l’organisation d’Al-Qaïda prédisait la chute
de tous les régimes arabes qu'il considère comme tyrans.
La cinquième: «La proclamation de
l'Etat» (2013 - 2016) dans l'espoir d'établir l'Etat du Califat.
La sixième: «L’affrontement
global » (2016-2020). Au cours de cette période, l’organisation d’Al-Qaïda
anticipe le déclenchement d’une guerre à grande échelle contre ceux qu'ils
considèrent comme des «infidèles», menant ainsi au succès de l’Etat du Califat.
Les documents et les littératures
d’Al-Qaïda ont révélé que sa vision du projet de Califat islamique consiste à
lutter contre l'ennemi lointain tout en considérant que le retour du califat
commence par l'épuisement des forces américaines afin d’atteindre le stade
d'effondrement, puis débute le combat contre les régimes locaux, l’organisation
estimant que ces régimes ne vont chuter qu’avec la chute de l'Amérique.
Al-Qaïda, représenté par le
leader de l’organisation, Ayman Al-Zawahiri, a reconnu sa demande d'éléments
djihadistes afin d’établir un émirat islamique au Yémen tout en continuant à
affaiblir l'Amérique, à travailler à son épuisement de façon permanente et à
renverser les dirigeants qui abandonnent la Charia.
Troisièmement: Les mécanismes de
Daech en établissant son Etat
Contrairement à Al-Qaïda de
manière totale, le concept d'Etat chez Daech dans sa vision du projet de
Califat islamique repose sur la théorie de lutte contre l'ennemi proche. Cela
est dû à la naissance de l'organisation en Irak, où l’ennemi lointain est
représenté par les forces d'occupation américaines, et l'ennemi proche,
représenté par les autorités politiques irakiennes.
Depuis sa création,
l’organisation a connu trois étapes, à savoir :
La première : Etape de l’action
au sein de l’Irak.
La deuxième : Etape de
l’expansion en Syrie.
Et finalement : L'extension
aléatoire de l 'organisation à toute la zone géographique du Moyen-Orient.
Au cours de ces étapes, la relation
entre les deux organisations, Al-Qaïda et Daech, a oscillé de la
dépendance totale dans la première étape, au conflit dans la deuxième étape,
jusqu'à ce que la relation atteigne l'état de rébellion et de désobéissance
totale dans la troisième étape.
Selon certains journaux,
l'organisation - la pire et la plus brutale et radicale de l'histoire des
groupes extrémistes - a un plan quinquennal afin d’établir un Etat de Califat
islamique qui s'étend au-delà des frontières du monde islamique tout en
planifiant à établir un Etat islamique qui comprend la région du Moyen-Orient
et de l'Afrique du Nord, une grande partie de l'Asie occidentale et des parties
de l'Europe.
En plus, Daech planifie de
s’emparer des Balkans, il veut imposer son hégémonie sur la Grèce, la Roumanie,
la Bulgarie et un certain nombre de pays d'Europe de l'Est jusqu’à l'Autriche.
De tout ce qui précède, il est
clair que la violence est un cadre intellectuel commun entre les trois
organisations. Toutes les trois organisations l’utilisent comme moyen en vue de
réaliser leur fin religieuse représentée par l’établissement de l’Etat du
Califat.
Quant aux Frères musulmans, le
groupe a pris la voie de la violence afin de parvenir à l'acquisition de la
société et de l'État tout en utilisant de nombreuses méthodes afin de réaliser
cela, commençant par la prédication et la polarisation et se terminant par la
violence, l'exclusion et l'extrémisme religieux. La confrérie accorde une
grande importance à l’individu en le considérant comme le principal pilier au
sein de la société, à travers lequel, elle peut guider le processus de réforme
morale comme elle le souhaite.
Ce qui reflète l’ampleur de son
racisme et met l’accent sur le fait que la violence est plus évidente dans
l'esprit de Sayyed Qoutb qu'elle ne l'était.
Cela s’applique aussi à Daech, et
cela car l’organisation utilise la violence en tant qu’un moyen afin de
consolider les racines de son Etat tout en considérant le combat comm un
instrument afin de stabiliser les piliers de sa gouvernance.
On peut faire face à l’idée de
violence et cela à travers le soutien au rôle des institutions de la société
civile qui présentent des idées qui luttent contre les autres extrémistes et le
soutien au rôle des institutions religieuses afin de révéler la vérité de ces
idées extrémistes en clarifiant qu'elles n'ont aucun rapport avec la religion
en plus de la bonne compréhension de la religion en montrant qu'elle n'appelle
pas à la violence. A cet égard, les médias doivent jouer un rôle central dans
la description et la définition des événements.
Quant à l’affrontement dynamique
par l’Etat du concept des trois organisations, il réside dans l’aspect
sécuritaire. On peut dire qu’il existe une relation inverse entre la sécurité
et la présence des organisations extrémistes. Cela est très clair dans
l’affrontement du terrorisme par l’Egypte. Avec la force sécuritaire suivie par
l’Egypte, le terrorisme commence à faiblir. Au début, l'Égypte faisait face à
des coups violents, mais avec la préparation d'un plan global de lutte contre
le terrorisme, celui-ci a nettement diminué et l'État continue actuellement à
renforcer ses forces afin d'y faire face .
Pour que les régimes politiques
combattent le terrorisme, ils doivent développer la société, la véritable cause
de l'extrémisme et de la violence est la frustration, c’est pour cela, plus de
développement mène à un niveau réduit de l'extrémisme.
Conclusion
Après l'analyse du concept d’Etat
par l'étude chez chacune des trois organisations, il nous est clair qu’il est
identique chez les trois organisations : On a le groupe des Frères musulmans
qui considère que l’Etat est celui du Califat, mais en raison de ses pratiques
politiques et de sa bonne compréhension des exigences des peuples, il peut
utiliser les phrases vagues et les termes flexibles pour donner l'impression
qu’ils reflètent sa bonne compréhension des exigences de la réalité. Donc, il
peut contrôler les esprits et les utiliser plus tard afin de réaliser ses
objectifs. C’est pourquoi, il utilise le terme "Etat civil moderne"
avec une référence islamique en décrivant le concept. Mais cela est tout à fait
contraire à la pensée des deux autres organisations, Al-Qaïda et Daech, qui
n’ont pas l'aptitude de manipuler les termes, parce qu'elles n'exerçaient pas
d'action politique. Ainsi on voit bien que les trois organisations ne croient
pas aux frontières de l'Etat et cela malgré la définition courante de l’Etat en
sciences politiques consistant en des frontières terrestres, aériennes et
maritimes.
On remarque également que les
trois organisations utilisent le concept de nation et non pas de peuple : Ces
organisations ne croient pas au peuple, et ce même si le peuple est considéré
comme le composant principal de l'Etat. À cet égard, où le peuple se
trouve, l’Etat devient l’identité de la patrie et le peuple une réalité
concrète. Toutefois, les trois organisations utilisent toujours le terme nation
(selon elles, la nation islamique porte les mêmes idées) et de ce fait, il
devient l’identité du croyant et le concept de nation ne se limite pas à une
notion spécifique. Sur ce point, les Frères musulmans pensent qu’ils sont un
groupe unifié par une culture commune et répandue dans de nombreux pays,
essayant toujours de devenir une réalité concrète.
Quant aux mécanismes utilisés par
les trois organisations, on trouve qu’ils sont également similaires : A cet
égard, l'utilisation du Jihad est un moyen d'atteindre leur fin avec une légère
différence dans le concept de chaque organisation en ce qui concerne le Jihad
et une différence du point de départ, car il y a plusieurs facteurs, déjà
mentionnés, qui ont influencé l'identification de chaque organisation. Les
trois organisations peuvent coopérer dans les moments de faiblesse, mais
rapidement elles reviennent à l'état de conflit.
Le groupe des Frères musulmans
diffère des deux autres organisations d'Al-Qaïda et de Daech vu qu’il fait
recours à la politique en tant qu'instrument pour l'établissement de
"son" Etat en faisant beaucoup de tentatives pour pouvoir le
réaliser, mais il a fini par échouer. C’est pourquoi la confrérie fait recours
à la violence comme alternative à la politique. Enfin on peut dire qu’il est
prévu qu'elle continue d'utiliser la violence jusqu'à ce qu'elle disparaisse et
que toutes ses cellules deviennent inactives, après quoi elle procédera au
réexamen de ses idées et commencera de nouveau.