«Le régime est devenu encore plus féroce» : en Iran, le moindre contact avec l'étranger peut être réprimandé
Depuis 42 jours, les Iraniennes descendent
dans la rue au péril de leur vie pour dénoncer la mort en détention de Mahsa
Amini, arrêtée et emprisonnée pour un port du voile non conforme. Les
religieux tentent par tous les moyens de faire taire la contestation. La
moindre prise de parole, le moindre contact avec l'étranger peut entraîner une
lourde peine de prison.
L'Iran peut-il basculer dans la révolution ? Cela fait
plus d’un mois que les manifestations iraniennes se poursuivent, plus d’un mois
que Mahsa Amini, une jeune femme kurde de 22 ans, a été arrêtée par la
police des mœurs pour infraction au code vestimentaire strict de la
République islamique qui oblige notamment les femmes à porter le voile. Ce
soulèvement a reçu le renfort des hommes, souvent des étudiants, pour réclamer
davantage de liberté. De quoi faire vaciller le pouvoir qui tremble sur sa
base mais reste soutenu par l'armée. Dans ces conditions, les religieux
répriment brutalement la moindre prise de parole, la moindre interview avec un
média étranger.
Le simple envoi d'un
sms vers l'étranger peut entraîner une peine de prison
Le simple envoi d'un message vers l'étranger évoquant le
mouvement de protestation ou le partage sur les réseaux sociaux de vidéo de
manifestation, peut valoir à un habitant d'être accusé de rébellion ou de
trahison aux yeux de la loi iranienne comme l'explique la sociologue Mahnaz
Shirali. "Aujourd'hui, on sait que le régime est devenu encore plus
féroce. Et quand il arrête les jeunes qui arrivent à dépasser la censure et à
poster à l'extérieur du pays, ils encourent de longues années de prison avec de
la torture à l'intérieur de prison", affirme-t-elle au micro d'Europe 1.
L'Iran aurait recours à
des techniques d'espionnage
Ces sanctions, inscrites dans le code pénal islamique
iranien, peuvent aller jusqu'à la peine de mort. Pour traquer ces
tentatives de communications vers l'étranger, le pouvoir en place aurait
recours à des techniques d'espionnage, selon le sociologue Fharad KhosroKavar :
"Il dispose de logiciels d'origine chinoise et russe qui identifient les
mots. Il suffit que vous disiez un mot, noté dans leur lexique, pour que
l'enregistrement se déclenche."
Une politique de la censure utilisée par les
gouvernements iraniens depuis l'arrivée d'Internet dans le pays il y a une
quinzaine d'années.