Xi Jinping obtient un troisième mandat à la tête de la Chine
Xi Jinping a obtenu,
dimanche 23 octobre, un troisième mandat à la tête de la Chine, selon l'agence officielle, à
l'issue d'un congrès qui lui a permis de renforcer son pouvoir sur le Parti communiste. Xi Jinping a été
reconduit pour cinq ans comme secrétaire général du parti, lors d'un vote à
huis clos, et devrait donc être officiellement confirmé à la présidence du pays
en mars 2023. Le dirigeant a « également été nommé président de la
Commission militaire centrale », a indiqué l'agence de presse officielle
Chine nouvelle.
« Je souhaite remercier sincèrement l'ensemble du
Parti pour la confiance qu'il a placée en nous », l'équipe dirigeante,
a-t-il déclaré à la presse. Xi Jinping a
promis de « travailler dur dans l'accomplissement des tâches ».
« La Chine ne peut pas se développer sans le monde, et le monde a aussi
besoin de la Chine », a insisté Xi Jinping, saluant les « deux
miracles » réalisés dans le pays : « un développement économique
rapide et une stabilité sociale sur le long terme ».
Le président chinois Xi Jinping, reconduit dimanche a
placé plusieurs de ses alliés au sein du Comité permanent, le groupe de sept
hommes au sommet du pouvoir en Chine. Li Qiang, chef du parti à Shanghai, Ding
Xuexiang, secrétaire particulier de Xi Jinping et Li Xi, chef du parti dans la
province du Guangdong (Sud), font partie des nouveaux membres de ce comité,
selon les images diffusées à la télévision d'État depuis le Palais du peuple à
Pékin.
Les
femmes disparaissent du Bureau politique
Le Bureau politique, instance de décision du Parti
communiste chinois (PCC), ne compte aucune femme pour la première fois en
25 ans, selon sa nouvelle composition dévoilée dimanche. Sun Chunlan,
l'unique femme qui faisait partie de ce groupe de 25 personnes, a
pris sa retraite et aucun des nouveaux membres n'est une femme. Le nouveau
Bureau politique compte cette fois 24 membres.
Samedi, la nouvelle composition du Comité central,
sorte de parlement du parti avec 205 membres, avait montré la
présence de seulement 11 femmes. « Les femmes continuent d'être
fortement sous-représentées au sommet de la politique chinoise », note
dimanche la lettre d'information spécialisée Neican China.
Elle note que le pourcentage de femmes au nouveau
Comité central a même reculé, passant de 5,4 % à 4,9 %. « Pour
mémoire, les femmes représentent 48,8 % de la population chinoise et
29,4 % des membres du Parti communiste », souligne la publication.
Félicitations
de Moscou et de la Corée du Nord
Le président russe, Vladimir Poutine, a
adressé dimanche ses « félicitations les plus chaleureuses » à son
homologue chinois. « Je serai ravi de poursuivre notre dialogue
constructif et notre travail commun étroit visant à renforcer les relations de
partenariat global et de coopération stratégique entre nos États », a
souligné le président russe, cité dans un communiqué du Kremlin, en souhaitant
au dirigeant chinois de « nouveaux succès (…), une santé robuste et
la prospérité ».
Le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, a envoyé
dimanche ses « chaleureuses félicitations », souhaitant un
« plus bel avenir » aux relations bilatérales, rapporte l'agence
officielle KCNA. « Je construirai, avec vous, un plus bel avenir aux
relations » entre la Corée du Nord et la Chine « pour satisfaire les
exigences de notre époque », a-t-il déclaré dans ce communiqué publié par
l'agence d'État de Pyongyang.
Une
économie chinoise en fort ralentissement
En une décennie à la tête du pays, Xi Jinping a réussi
le pari de faire de la Chine la deuxième
économie mondiale, dotée d'une des armées les plus puissantes au
monde. Malgré une concentration presque totale des pouvoirs, Xi Jinping devra
faire face à une économie en fort ralentissement, notamment en raison de sa
politique « zéro Covid », une rivalité exacerbée avec les États-Unis
et des critiques
internationales sur les droits humains.
Le XXᵉ congrès du parti s'est clôturé samedi après une
semaine de délibérations à huis clos, avec le renouvellement de 65 % des membres
du Comité central, sorte de parlement interne au parti, selon des calculs de
l'Agence France-Presse. Au cours de leur première réunion dimanche matin,
les 205 membres de ce parlement – dont 11 femmes seulement
– ont désigné les 25 représentants du Bureau politique, l'instance de
décision du PCC, ainsi que son comité permanent. Cet organe tout-puissant
détient la réalité du pouvoir en Chine.
« Ce sera
une victoire presque totale pour Xi Jinping » qui pourra placer une
majorité de ses soutiens, pronostique Willy Lam, spécialiste du PCC à
l'Université chinoise de Hongkong. « Il y aura une domination anormalement
asymétrique d'une seule faction : celle de Xi Jinping », indique
l'expert à l'AFP.
Loin de son apparence homogène, le PCC est divisé en
interne et plusieurs courants rivaux cohabitent, estiment des sinologues.
Jusqu'à présent, des compromis existaient pour la répartition des postes, Xi
Jinping en est un illustre exemple. À défaut de s'entendre sur leur candidat
respectif, les différentes factions du PCC avaient finalement placé au pouvoir
un candidat de consensus en 2012. Mais Xi Jinping avait ensuite surpris tout le
monde en éliminant ses rivaux pour concentrer peu à peu tous les pouvoirs à la
tête du PCC et de la Chine, tout en menant une répression sévère contre toute
dissidence.
Un
troisième mandat présidentiel en mars 2023
En obtenant un troisième mandat comme secrétaire
général du PCC, Xi Jinping s'assure d'un troisième mandat présidentiel en mars
prochain. Pour se maintenir au pouvoir, l'homme fort de Pékin a obtenu
en 2018 d'amender la Constitution qui limitait ce poste à deux mandats
et à une durée totale de 10 ans. Chef du Parti, chef des armées, chef de
l'État… Le dirigeant a plaidé pour la continuité de ses politiques lors du
discours d'ouverture du congrès.
Le Parti communiste chinois a de son côté réaffirmé samedi
le « rôle central » de Xi Jinping. Seul incident marquant
durant une cérémonie de clôture pourtant très chorégraphiée, l'ancien président
Hu Jintao a été escorté vers la sortie samedi, ont constaté des
journalistes de l'AFP. Visiblement contre son gré, l'homme de 79 ans, qui
a présidé la Chine de 2003 à 2013, a été incité par des employés à se
lever de son siège, situé à côté de Xi Jinping.