L'ambassadeur d'Ukraine en France n'exclut pas une "frappe nucléaire tactique russe sur Kherson"
Il n'exclut pas "la possibilité d’une frappe nucléaire tactique sur Kherson". Dans un entretien accordé au Parisien et publié ce samedi, l'ambassadeur d'Ukraine en France, Vadym Omelchenko, est revenu sur la stratégie militaire russe, mise à mal par la contre-offensive de l'armée ukrainienne.
Alors que la Russie perd du terrain, notamment dans le Sud et l'Est, le Kremlin a opté pour des frappes sur des infrastructures énergétiques ukrainiennes, à l'approche de l'hiver. "Ce n'est pas une nouvelle stratégie pour la Russie", remarque l'ambassadeur, qui rappelle les méthodes russes employées en Syrie, et notamment à Alep. "Ils ont détruit les infrastructures, bombardé les hôpitaux pour faire fuir les habitants et prendre le contrôle de villes vides", a-t-il fustigé, rappelant que le nouveau commandant des troupes russes, Sergueï Sourovikine, les avaient déjà dirigées en Syrie, souligne BFMTV.
Pour Vadym Omelchenko, cette stratégie de la Russie est la conséquence directe de l'avancée ukrainienne, qui a "encerclé" les troupes russes, qui perdent "un bataillon chaque jour".
En réaction, l'opérateur Ukrenergo a annoncé ce samedi que les Ukrainiens ont déjà volontairement réduit leur consommation d'électricité de 5% jusqu'à 20% en moyennecertains jours et dans certaines régions. "Tout le monde a réagi positivement aux appels du gouvernement à faire des économies d’énergie. Les coupures d’électricité par vagues commencent et sont acceptées sereinement", commente le diplomate.
Ce dernier n'exclut toutefois pas une réponse forte de Moscou, et notamment "une frappe nucléaire tactique sur Kherson", première ville importante à avoir été prise par les forces russes au début de leur offensive lancée le 24 février. L'occasion pour Vadym Omelchenko de revenir sur les propos d'Emmanuel Macron, qui avait exclut toute intervention de la France en cas d'une frappe nucléaire sur l'Ukraine: "La France a toujours fait preuve de prudence dans sa formulation, pour éviter l’escalade par les mots". "Ce qui compte pour nous, ce ne sont pas les paroles mais les actes. La position de la France nous satisfait: une position de partenaire à part entière", juge-t-il.
Autre crainte pour Kiev: la "destruction" du barrage de Kakhovka, aménagé sur le Dniepr, à une soixantaine de kilomètres de Kherson à vol d'oiseau, "pour inonder les territoires". Jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait accusé les forces russes d'avoir "miné le barrage et les unités de la centrale hydroélectrique de Kakhovka".
Les négociations au point mort
Quid des négociations? Si, selon Vadym Omelchenko, l'Ukraine "se mettra à la table des négociations une fois remplies un certain nombre de conditions", les choses ont changé depuis l'époque des pourparlers engagés par la Turquie, fin mars.
"Depuis, il y a eu Boutcha, il y a eu Marioupol, les destructions à Tchernihiv, à Kharkiv, la découverte des fosses communes et le pseudo-référendum dans les territoires occupés. Comment peut-on maintenant se mettre à la table des négociations?", s'interroge le diplomate.
"On ne doit plus se contenter du retrait des Russes jusqu’aux lignes du 24 février, nous voyons notre capacité à avancer jusqu’aux frontières de l’Ukraine reconnues en 1991", conclut-il.